Crues majeures de la Seine au XXe siècle : retour en images
samedi 4 juin 2016
Après plusieurs jours de pluies remarquables, la Seine est en train d'atteindre un pic de crue remarquable en cette fin de semaine sur la capitale. Avec une valeur de 6.10m au Pont d'Austerlitz, cette crue est alors la plus importante depuis 34 ans. Elle reste néanmoins en deçà de crues encore plus exceptionnelles ayant eu lieu au cours du 20e siècle. Retour sur quelques uns de ces faits marquants, par ordre d'intensité, via notamment notre chronique météo de 1850 à nos jours :
6m13 : crue de janvier 1982
Cet événement représente la dernière crue majeure de la Seine avec une côte supérieure à 6m. Après une fin d'année 1981 remarquablement humide sur les région du Nord-Est (entre 500 et 1000mm entre septembre et décembre sur la Champagne et le Morvan), les sols se voient saturés. L'amont du réseau hydrographique de la Seine subit alors une très importante réaction. L'onde de crue atteint la capitale au début de l'année 1982, avec un pic à 6m13 le 14 janvier.
Pont Alexandre III lors de la crue de 1982
6m20 : crue de janvier 1959
Cette crue est la plus importante de la seconde moitié du 20e siècle sur la capitale. Les causes sont peu ou prou identiques à la crue de 1982 : une fin d'année 1958 et un début 1959 particulièrement humides avec des cumuls dépassant parfois le double de la normale sur la moitié Est du bassin versant de la Seine (404mm à Chateau-Chinon (Nièvre), 305mm à Langres (Haute-Marne)) ou encore 265mm à Chatillon-sur-Seine (Côte-d'Or) entre décembre et janvier). La Seine entre alors progressivement en crue, et atteint des niveaux remarquables via de nouvelles pluies à la mi-janvier 1959, en plus de l'apport de la Marne (elle aussi en crue). La côte atteint la valeur de 6m20 le 19 janvier.
Reportage de l'INA sur la crue de 1959 à Paris et en banlieue
7m10 : crue de janvier 1955
La crue de janvier 1955 reste la 3e plus importante depuis le début du 20e siècle dans la capitale. Les pluies sont abondantes dès le mois de décembre 1954 du Barrois au Bassigny, au plateau de Langres ainsi que sur le Morvan, faisant réagir l'ensemble du bassin. En janvier, une succession de perturbations apportant des pluies soutenues sur des sols déjà saturés, avec cumuls avoisinant les 100mm en une semaine sur l'Ile-de-France et parfois jusqu'à 250mm sur le Morvan ne font qu'aggraver fortement la situation. L'ensemble des cours d'eau de la région atteignent une crue d'ampleur exceptionnelle, et l'onde atteint le centre de Paris le 23 janvier 1955 avec une côte relevée à 7m10.
D'autres informations et clichés sont disponibles dans notre chronique de 1955 !
7m30 : crue de janvier 1924
La crue de 1924 est la seconde plus importante depuis 1900. Les pluies sont abondantes lors de l'automne 1923. De septembre 1923 à janvier 1924, on y observe jusqu'à 750mm sur le bassin amont de l'Aube, de la Seine et de la Marne, et même jusqu'à près de 1000mm sur celui de l'Yonne, soit un excédent approchant parfois les 50% sur la période. Les précipitations abondantes qui tombent lors de la dernière décade du mois de décembre sur des sols saturés par les précédentes pluies provoquent des débordements majeurs, se propageant rapidement vers l'aval. La capitale est atteinte début janvier, avec un pic de 7.30m au pont d'Austerlitz le 10 janvier 1924.
Consultez également notre chronique de 1924 sur notre site !
8.62m = crue de janvier 1910
1910 est la crue de référence ! Cet événement ne concernera pas que la Seine, puisque la Saône, le Doubs et le Rhin connaitront également des crues historiques. Ce mois de janvier est exceptionnement pluvieux et les précipitations remarquables observées du 17 au 20 janvier sur le Morvan (plus de 120mm en 3 jours) et d'une manière générale sur l'ensemble de la moitié Sud du bassin versant de la Seine contribueront à cette crue d'ampleur quasi-inégalée. La côte atteint la valeur exceptionnelle de 8.62m le 28 janvier 1910 au pont d'Austerlitz. Le zouave du pont de l'Alma a de l'eau jusqu'au épaules, et la Tour Eiffel se retrouve les pieds dans l'eau. Le lendemain, la place de l'Opéra s'effondrera et l'on observera un affaissement de la chaussée sur l'avenue des Champs-Elysées. Au total, 20 000 immeubles seront inondés dans la capitale et plus de 30 000 seront sinistrées en banlieue. La décrue prendra au total 34 journées. Le métro totalement inondé ne reprendra du service plus de 2 mois après, le 4 avril.
7 personnes périront à Château-Landon (Loiret) suite à un glissement de terrain, et une dizaine de victimes seront également à déplorer au hameau de Lorry (Seine-et-Marne) après un effondrement une carrière de blanc d'Espagne.
De nombreux autres clichés sont disponibles dans notre chronique de 1910 !