Allons-nous vers une sécheresse automnale en Méditerranée?
mercredi 4 septembre 2019Un été particulièrement sec
La sécheresse estivale produit habituellement de nombreux incendies, cette année cette sécheresse extrême mêlée au vent et à la chaleur ont engendré des incendies de taille inhabituelle. Image de notre prévisionniste Dorian DZIADULA dans le Gard le 2 août 2019.
Nous ne sommes que le 4 septembre, mais déjà les inquiétudes se lèvent en Méditerranée. Voilà plus d'un an que la pluie manque et la terrible sécheresse de 2017 nourrit les inquiétudes en cette fin d'année. En effet, cette année fut globalement particulièrement sèche sauf un ou deux mois au-dessus des normes en fonction des stations.
En 2019, 5 à 8mois sont sous les normales, et 3 à 4 mois sont enregistrés comme étant en sécheresse sévère (moins de 10mm de précipitations). Le mois d'avril fut très humide à Nice et assez humide à Marseille mais ces précipitations se sont produites sous formes d'orages, peu efficaces. Données et graphiques Infoclimat >>
Retrouvez ici nos bilans mensuels juillet >> et de juin >> le bilan du mois d'août sera publié dans les prochains jours.
Des prévisions sèches jusqu'à la mi-septembre au moins
Malheureusement, les prévisions restent pessimistes au moins pour les deux prochaines semaines. En effet, en raison d'une fraîcheur hors saison présente sur le Nord et d'un anticyclone qui stationne sur le proche Atlantique, le mistral et la tramontane font un retour précoce sur les régions méditerranéennes. Ce vent de terre est très sec et empêche toute formation nuageuse. Il remplace le vent marin habituellement plus présent à cette saison, et plus humide.
Tableau de prévisions du 4 septembre 2019 pour Marseille, nos prévisionnistes ne voient aucune précipitations toucher la ville jusqu'en fin d'échéance. En revanche, le mistral est quasi-permanent et participe à l'assèchement des dernières ressources en eau.
Seules les régions montagneuses du Var et surtout des Alpes Maritimes pourraient bénéficier d'un temps un peu plus humide. En effet, les montagnes limitent les effets du mistral. Un faible vent de mer pourrait alors alimenter quelques orages en humidité. Majoritairement orographiques, ceux-ci se montreront isolés et peu pluvieux.
Orage descendant des montagnes Cévenoles. En l'absence d'humidité maritime, les précipitations se réduisent au strict minimum, visibles ici sous la forme d'un fin rideau à proximité de la foudre. Image Baptiste MONTERROSO pour Infoclimat le 30 août 2019.
Quelle suite pour l'automne?
Les modèles de prévisions saisonnière sont d'accord sur deux points: septembre devrait être sec jusqu'à la fin et l'humidité devrait revenir en octobre. Le maintien durable d'un anticyclone près de la France limite le risque d'épisodes pluvieux notamment en Méditerranée pour le mois de septembre. Ce blocage devrait commencer à se détériorer à la fin du mois pour laisser entrer des gouttes froides en Méditerranée en octobre.
Nous observons une belle concordance entre les modèles de prévision saisonnière EFFIS (Européen) et CFS (Américain).
Le modèle EFFIS, basé sur ECMWF, montre bien l'installation d'un temps plus humide sur la Péninsule Ibérique, l'arc méditerranéen français et l'Italie du Nord/Adriatique. Ceci correspond à une circulation dépressionnaire isolée (gouttes froides) passant sous l'anticyclone actuel présent sur l'Atlantique (que l'on retrouve ici de l'Islande à la Norvège). Les précipitations excédentaires apparaissent en bleu et les précipitations déficitaires en rouge.
Nous retrouvons sur CFS cette disposition avec un décalage de l'anomalie sèche au nord et l'intrusion d'anomalies humide dans le nord de la Méditerranée.
Le bémol de cette circulation est qu'elle est favorable à des épisodes pluvieux peu mobiles et durables qui, en cette saison, sont susceptibles d'engendrer des inondations catastrophiques... L'affaire est à suivre avec attention.