Année 2021 : proches des normales en France, de nouveau chaude dans le monde
vendredi 17 décembre 2021Une année 2021 contrastée en France par rapport aux précédentes :
L'année 2021 se termine bientôt et celle-ci ne fut pas, contrairement aux années précédentes, dominée par des épisodes de fortes chaleur récurrents. En effet, l'anomalie thermique nationale annuelle devrait se situer autour de +0,2°C sur notre pays, l'excédent le plus faible depuis 2013 qui fut la dernière année à s'être soldée par un déficit thermique en France.
Écart à la moyenne annuelle de référence (1981-2010) de la température moyenne agrégée en France depuis 1900 – Météo-France
Avec cet excédent restant relativement faible, l'année 2021 se place au 21ème rang des années les plus chaudes depuis 1900 alors que 2020 avait été la plus chaude en France et dans le monde devant 2018 et 2014.
Il est en effet intéressant de noter que l'année a été marquée par une variabilité mensuelle importante des températures. Si février, juin et septembre ont été très chauds, avril et mai ont cependant été plus froids, tout comme août et novembre. Au final, on ne compte "que" 5 mois plus chauds que la moyenne sur le pays contre 7 plus frais.
Ecart à la moyenne mensuelle de référence (1981-2010) de la température moyenne agrégée en France en 2021 – Météo-France
Des périodes fraîches voire froides dominantes :
C'est donc bien l'air frais voire froid qui a le plus marqué les esprits cette année. Dès le début d'année, l'enneigement était important en montagne avec par exemple plus de 50/100cm de neige de façon généralisée sur les Alpes à la fin du mois de janvier.
Webcam du Grand-Bornand (Haute-Savoie) à 1300m le mardi 26 janvier 2021 - via skaping
Si le mois de février s'était montré bien plus doux, le froid était ensuite revenu pour l'équinoxe de printemps et avait perduré durant une bonne partie des mois d'avril et mai. Un froid qui s'était d'ailleurs montré exceptionnel au début du mois d'avril avec des gelées tardives particulièrement marquées et de nombreux records de froid battus.
Braseros à Loriol-sur-Drôme dans la nuit du 8 avril 2021 pour sauver les abricotiers - photo Léo Lespets
Le mois de mai avait également été perturbé et frais sur une large partie de la France avec un printemps ne se montrant pas décidé à s'installer. Entre fraîcheur, averses et giboulées, les premières sensations de chaleur se laissaient désirer sur de nombreuses régions.
Averse de grêle sur Paris pour la réouverture des terrasses le mercredi 19 mai 2021 – Via Instagram @clemdelz
Le mois de juin avait quant à lui commencé par une vague de chaleur assez notable mais c'est bel et bien l'instabilité qui avait marqué les esprits avec une succession de virulentes dégradations orageuses sur de nombreuses régions provoquées par la circulation récurrente de gouttes froides sur l'Ouest de l'Europe. L'impression de beau temps estival fut donc très temporaire et souvent gâchée par des orages parfois violents.
Ce type de temps perturbé avait d'ailleurs perduré durant le mois de juillet avec des gouttes froides se succédant sur l'Ouest de l'Europe. L'instabilité fut particulièrement récurrente, tout comme la pluie avec des inondations en plein mois de juillet sur l'Est du pays, une situation peu fréquente en période estivale.
Juillet fut d'ailleurs le 7ème mois de juillet le plus pluvieux depuis 1959 en France avec un excédent national de +39%.
Écart à la moyenne (1981-2010) des cumuls observés sur la France en Juillet 2021 – Météo-Villes
Si août fut plus calme et temporairement assez chaud au Sud, les nuages se montraient souvent récurrents et les températures n'affichaient toujours pas des valeurs durablement estivales avec au final un déficit thermique de -0,5°C en France par rapport à la moyenne 1981-2010. La faute à un flux à dominante Est/Nord-Est peu favorable à de la chaleur marquée et durable sur le pays.
Après un mois de septembre de nouveau chaud sur une large partie de la France (excédent de +2°C !), l'air plus frais a de nouveau envahit le pays en octobre et surtout novembre avec de longues périodes anticycloniques et des flux à dominante Nord/Nord-Ouest en altitude, favorablse à une certaine fraîcheur persistante sur notre pays.
La fin du mois de novembre et le début du mois de décembre furent particulièrement perturbés mais toujours frais voire froid avec des chutes de neige très importantes en montagne et des enneigement records pour la saison dès la moyenne altitude.
Importante quantité de neige à Villarembert (Savoie) ce 8 décembre 2021 – Via Infoclimat.fr
En résumé, cette année 2021 fut marquée par un air frais voire froid particulièrement récurrent sur la France en raison de flux d'altitude peu favorables à des conditions plus chaudes contrairement à ce que nous avons pu connaître ces dernières années.
L'hiver et le printemps ont en effet été dominés tantôt par des flux océaniques frais et humide, tantôt par des flux continentaux plus sec mais frais voire froids avec parfois quelques périodes plus douces. Durant l'été, ce sont les gouttes froides qui ont dominé les débats avec des dégradations récurrentes et peu de périodes calmes et chaudes. Durant l'automne, les flux continentaux calmes et sec ont de nouveau repris le dessus.
Flux récurrents sur la France et l'Europe durant l'année 2021 - Météo-Villes
Ces situation atmosphériques n'ont donc pas été favorables à de la chaleur durable et intense comme ce que nous avons pu connaître durant la dernière décennie. Cette année figure donc comme une anomalie dans une tendance toujours plus chaude depuis le début des années 2000.
La France : une exception à l'échelle globale ?
Si le ressenti général ne fut pas particulièrement chaud sur notre territoire cette année, le constat en est tout autre dans le monde. L'année 2021 devrait en effet finir dans le top 5 des années les plus chaudes depuis le début des relevés à l'échelle du globe. En témoigne l'anomalie de température entre décembre 2020 et novembre 2021, globalement positive à quelques exceptions près.
Anomalies de températures à l'échelle du globe entre décembre 2020 et novembre 2021 (moyenne 1981-2010) - Copernicus
Cette année 2021 a en effet de nouveau vu de nombreux évènements marquants au niveau de la chaleur et ce aux quatre coins du monde.
Le Printemps fut particulièrement doux voire chaud entre le Moyen-Orient et l'Asie avec des records de chaleur mensuels battus dès le mois de février. On a par exemple pu relever 34°C à Nasiriya en Iraq (record national mensuel) le 17 février, 15.8°C à Hanbogd en Mongolie (record national mensuel), 17.3°C à Pyongyang en Corée du Nord (record national mensuel) ou encore 24.9°C à Pohang en Corée du Sud (record national mensuel) en seconde partie de mois.
Cette douceur très précoce sur une partie de l'Asie a également provoqué l'une des floraisons les plus précoces des cerisiers au Japon depuis plus de 1000 ans. Ceux-ci ont en effet fleuri atteint leur apogée le 26 mars à Kyoto, battant le précédent record du 27 mars 1409 !
Cerisiers en fleur dans le parc d’Omiya au Nord de Tokyo à la mi-mars – Via kanpai.fr
Évolution de la date de floraison des cerisiers à Kyoto depuis l'an 800 - infographie Courrier international
Nombreux ont été les records de chaleur battus à travers le monde durant cette année 2021 avec comme évènement le plus marquant l'exceptionnelle canicule de la fin juin sur l'Ouest du Canada et le Nord-Ouest des Etats-Unis où une température impressionnante de 49.6°C avait été relevée à Lytton (Canada), pulvérisant le record national absolu.
Températures maximales du mardi 29 juin 2021 sur l'ouest du Canada - via @Pat_wx sur Twitter
Quelques jours plus tard, c'est un nouveau record mondial de chaleur fiable qui avait été battu dans la Vallée de la Mort aux Etats-Unis avec jusqu'à 54.4°C relevés à Furnace Creek le 10 juillet.
Températures maximales entre le 4 et le 11 juillet à Furnace Creek (Vallée de la Mort) – NOAA
Durant la même période, la station de Stovepipe Wells (Vallée de la Mort) a également enregistré une température minimale de 42°C (record Nord-Américain) et une température moyenne quotidienne de 47.9°C (nouveau record mondial).
Le Nord de l'Amérique ne fut néanmoins pas la seule région du monde a être touchée par la chaleur puisque de très nombreux record ont été battus entre le Nord de l'Afrique et le Moyen-Orient, notamment entre la fin du printemps et le début de l'Automne.
Le contraste avec la France est encore plus marquant au niveau européen, si la France a connu un été assez frais, ce ne fut pas le cas sur le reste du continent avec là encore de nombreux records de chaleur battus.
- Record absolu continental de chaleur et record national absolu italien le 11 août: 48.8°C à Syracuse en Sicile
- Record mensuel de température minimale européenne les 2/3 août : 35.2°C à Plakias (Grèce)
- Record absolu de chaleur en Irlande le 21 juillet : 31,3 °C à Castlederg
- Record de température au-dessus de 70°N en Europe le 5 juillet : 34.3°C à Lakselv-Banak (Norvège)
- Record national absolu de chaleur en Espagne le 14 août : 47.4°C à Montoro
Notons également un nouveau record national absolu de chaleur à Cizre, Turquie le 20 juillet avec une maximale de 49.1°C !
L'été 2021 fut d'ailleurs le plus chaud jamais enregistré en Europe avec des moyennes très excédentaires sur l'Est et le Sud du continent alors que l'Ouest restait sous un air globalement assez frais. Un contraste bien visible sur l'anomalie moyenne entre juin et août sur le continent par rapport à la moyenne 1991-2020.
Anomalie de température sur l'Europe durant l'été 2021 par rapport à la moyenne 1991-2020 - Copernicus
Le ressenti de cette année 2021 du côté de la France est donc bien une exception par rapport au reste du monde où la chaleur s'est bien manifestée de façon récurrente, parfois exceptionnelle et ce tout au long de l'année.