Une influence océanique récurrente depuis le début de l'été

Cet été 2024 s'est démarqué des précédents en France. Depuis le début de la saison chaude, l'influence océanique se fait en effet très récurrence sur notre pays, empêchant la chaleur caniculaire de s'installer durablement.

En effet, la France et notamment l'Ouest et le Nord du pays ont été régulièrement influencés par de l'air océanique en marge de zones dépressionnaires circulant entre l'Atlantique, les îles britanniques et la Scandinavie. L'anticyclone des Açores, si problématique ces dernières années fut de ce fait repoussé plus au Sud et à l'Est de l'Europe.

Anomalies de pression sur l'Europe pour la période juin-juillet 2024 – ClimateReanalyzer

Ainsi, la chaleur et le temps sec n'ont pas véritablement réussi à s'installer durablement sur notre pays, se voyant de fait repoussés plus au Sud et à l'Est du continent, un constat particulièrement visible au niveau des anomalies de températures pour le mois de juillet 2024 sur l'Europe avec un air plus océanique concernant l'Ouest du continent dont une large partie de la France et un air chaud voire très chaud sur le Sud et l'Est.

Anomalie thermique sur le continent européen en juillet 2024 - via climatebook.gr

De ce fait, les quelques coups de chaleur sont restés très temporaires depuis le début de l'été, l'influence océanique reprenant à chaque fois le dessus sur la France au bout de seulement quelques jours avec un temps plus humide et orageux à la clef. Seule la période entre la fin du mois de juillet et la première décade d'août a vu une chaleur plus forte et durable sur notre pays avec deux pics caniculaires à la fin du mois de juillet et à la fin de la première décade d'août.

Évolution de l'indicateur thermique national sur la France du 1er juin au 22 août 2024 – Via Infoclimat.fr

La France s'est donc retrouvée durant une large partie de l'été 2024 au cœur d'un conflit entre air océanique plus humide et surtout moins chaud et air très chaud et plus sec concernant notamment les régions méditerranéens et l'Est du continent européen, une situation qui contraste avec les étés précédents où cet air chaud parvenait bien plus facilement et régulièrement jusqu'à nos contrées.

Situation dominante de l'été 2024 en Europe et comparaison aux étés favorables aux périodes caniculaires – Météo-Villes

Ce type de situation n'est pourtant pas si étonnant. La France est en effet située au carrefour de nombreux climats différents, à dominante plus océanique sur l'Ouest et le Nord du pays, plus continentale à l'Est, sans oublier bien sûr l'influence méditerranéenne en allant vers le Sud-Est du pays.

Les climats dominants sur le continent européen – Via Wikipedia

Si l'anticyclone subtropical a tendance à remonter plus franchement vers le Nord ces dernières années durant l'été, nous apportant un temps plus régulièrement sec et parfois très chaud, il est donc important de ne pas oublier que ces conflits entre air océanique venu de l'Atlantique et air chaud venu de Méditerranée sont « normaux » sur notre pays durant la période estivale.

Un conflit de masse d'air favorable à une instabilité marquée

La situation géographique de notre pays peut donc s'avérer favorable à des situations de conflits de masse d'air récurrents comme ce fut le cas cet été. Comme souvent entre le printemps et l'automne, ces conflits entre air océanique et air chaud venu de Méditerranée engendrent une instabilité récurrente sur notre pays, notamment entre le Sud-Ouest et le Nord-Est de la France, ces régions se retrouvant situées au carrefour entre ces deux masses d'air.

Situation de l'été 2024, favorable à la survenue de dégradations orageuses sur la France – Météo-Villes

Cette instabilité récurrente est d'ailleurs bien visible sur les anomalies de précipitations en Europe entre les mois de juin et juillet, se montrant plus marquée du Sud-Ouest au Nord-Est du pays où les orages se sont montrés particulièrement récurrents et parfois forts.

Anomalies de précipitations entre juin et juillet 2024 en Europe – Via ClimateReanalyzer

L'élément notable de cet été 2024 fut notamment la récurrence de ces dégradations pluvio-orageuses. Celles-ci se sont en effet succédé à un rythme effréné depuis le début du mois de juin à raison d'une par semaine ou presque avec à chaque fois des phénomènes parfois virulents à la clef.

En effet, comme évoqué précédemment, les regains de chaleur en flux de Sud/Sud-Ouest ont à chaque fois été suivis du retour d'un air plus océanique par l'Atlantique, une situation favorable au déclenchement de dégradations orageuses successives et parfois virulentes.

Des dégradations orageuses particulièrement récurrentes depuis le début du mois de juin 2024 en France – Via Infoclimat.fr

Ce type de situation est d'ailleurs encore d'actualité en cette fin de semaine. Notre pays se retrouve en effet de nouveau dans une situation de conflit de masse d'air favorable à la formation d'une nouvelle dégradation orageuse, concernant notamment les régions allant du Sud-Ouest au Nord-Est de la France, à l'instar de ce que nous connaissons de façon récurrente depuis le début de l'été.

Situation du samedi 24 août 2024 sur l'Europe – Modèle GFS via WX CHARTS

Ainsi, des orages parfois virulents sont de nouveau attendus ce samedi sur les régions citées précédemment, celles-ci se retrouvant au cœur du conflit entre air océanique débordant de l'Ouest et air chaud remontant du Sud/Sud-Ouest à l'avant.

Risque orageux pour le samedi 24 août 2024 sur la France – Météo-Villes

Par la suite, l'air océanique envahira plus franchement la France d'ici la fin du week-end, limitant ainsi l'instabilité sur notre pays. Néanmoins, un nouveau regain d'air chaud est attendu pour la semaine prochaine avec le retour de conditions plus estivales durant au moins quelques jours, avant que l'air océanique ne tente de nouveau une percée par l'Atlantique d'ici le week-end prochain, apportant donc un nouveau risque orageux marqué sur notre pays. Une situation qu'il conviendra toutefois de confirmer dans les prochains jours.

Évolution des températures à 850hPa sur l'Europe du 24 au 31 août 2024 – Modèle GFS via WX CHARTS