L'été 2021 fut le plus frais et humide en France depuis 2014, un bon point pour la sécheresse
jeudi 2 septembre 2021L'été météorologique 2021 s'est achevé. Il fut le premier été plus arrosé que la normale en France depuis l'été 2014 mais aussi le plus frais depuis cette date. La sécheresse est absente, à l'exception des régions méditerranéennes.
L'été le frais et le plus arrosé depuis 2014
Températures : fraîcheur dominante en juillet & août
Écart à la normale des températures durant l'été 2021 en France - via infoclimat.fr
Écart à la normale des températures en été depuis 2014 - via JT TF1
En France, les températures ont été supérieures à la normale d'environ 0,5°C au cours de l'été 2021. Cet excédent s'explique notamment par le mois de juin 2021 très chaud, tandis que la fraîcheur a dominé les débats au cours des mois de juillet et d'août 2021. Il faut remonter à l'été 2014 pour retrouver un été plus frais. À l'époque, un léger déficit thermique d'environ 0,1°C avait été enregistré sur les trois mois estivaux.
Précipitations : un arrosage souvent copieux
Écart à la normale des précipitations en été depuis 2015 - via Guillaume Woznica / LCI
À échelle nationale, l'été 2021 s'est achevé avec un excédent pluviométrique notable de 23%. Il a mis fin à une série de 6 étés plus secs que la normale entre 2015 et 2020. Durant ces saisons estivales, les quantités de précipitations se situaient 10 à 20% sous la norme, tranchant avec l'été 2021. Il faut remonter à l'été 2014 pour retrouver un été plus humide que la normale. À l'époque, nous avions vécu un été exceptionnellement arrosé avec un excédent national proche de 40% !
Écart à la normale des précipitations en été 2021 (juin-juillet-août) en France - via JT TF1
Dans le détail, les plus gros excédents pluviométriques ont été enregistrés sur les deux tiers nord de la France, particulièrement du centre-ouest au nord-est et jusqu'à Rhône-Alpes. À Bordeaux, il est tombé 213 mm cet été 2021 (excédent de 29%). À Paris, il est tombé 211 mm (excédent de 30%). À Lille, on a relevé 264 mm (excédent de 36%). Le plus gros excédent revient à Strasbourg avec 77% de pluie en plus (361 mm contre 205 mm en temps normal).
On note cependant que les régions les plus méridionales ont été moins arrosées. Des déficits pluviométriques concernent les départements pyrénéens mais ils sont surtout marqués vers le Roussillon, PACA et la Corse où il est régulièrement tombé 2 à 3 fois moins de pluie que la normale.
Écart à la normale de l'indice d'humidité des sols à la fin août 2021 - via Météo France
Avec un été copieusement arrosé, l'indice d'humidité des sols est assez largement au dessus de la norme sur de nombreuses régions. C'est particulièrement le cas sur une large moitié nord avec des sols excessivement humides sur la Bretagne, la Normandie, une partie des Charentes ou encore les régions frontalières du nord. Sans surprise, les régions pyrénéennes et méditerranéennes - moins arrosées - enregistrent un déficit d'humidité des sols.
Écart à la normale de l'indice d'humidité des sols au 29 août 2021 en Méditerranée - via Météo France
Les régions méditerranéennes sont les seules à connaître un déficit important de l'humidité des sols. La sécheresse de surface est particulièrement prononcée sur le Roussillon, le sud de la Provence, la côte d'Azur et la Corse. Sur les plaines de l'île de beauté, ce manque d'eau en surface atteint localement des niveaux records, après un été beaucoup trop sec sur les deux départements corses (3 petit millimètres tombés en 3 mois au Cap Corse) !
Quelle situation à la fin des étés précédents ?
Fin d'été 2020 : très sec sur la moitié est
Écart à la normale de l'indice d'humidité des sols à la fin août 2020 - via Météo France
La situation était radicalement différente il y a 1 an. La France sortait d'un été trop peu arrosé (déficit proche de 15%) et marqué par plusieurs épisodes de chaleur caniculaire (excédent de 1,1°C sur 3 mois), ayant considérablement asséché les sols en surface. À la fin août 2020, la sécheresse restait très problématique sur une bonne moitié est de la France, du Massif Central et de la vallée du Rhône vers le quart nord-est et jusqu'au sud de la Normandie.
À l'inverse, la situation s'était déjà améliorée sensiblement sur les régions océaniques avec des sols plus humides que la normale entre la Gironde et la Bretagne.
Carte des arrêtés de restrictions d'eau en France à la mi-août 2020 - via Propluvia
Violent incendie près d'Anglet (64) le 30 juillet 2020 - via la République des Pyrénées
À la mi-août 2020, 77 départements français étaient concernés par au moins un arrêté limitant l'usage de l'eau. En surface, l'eau manquait cruellement entre les régions centrales et le nord-est, où le débit des cours d'eau était parfois très réduit. À Anglet dans le Pays Basque, un incendie important avait fait la une de l'actualité à la fin du mois de juillet 2020.
Fin d'été 2019 : sécheresse remarquable !
Écart à la normale de l'indice d'humidité des sols à la fin août 2019 - via Météo France
Troisième été le plus chaud en France depuis le début des relevés (+1,7°C à la normale), l'été 2019 avait également été marqué par un déficit pluviométrique important. À échelle nationale, environ 20% des pluies normales manquaient dans les pluviomètres. Les régions les plus touchées par ce manque d'eau furent celles du centre et du nord-est ainsi que le Languedoc et le Var où il était parfois tombé 2 à 3 fois moins de pluie qu'au cours d'un été classique !
Fin août 2019, l'indice d'humidité des sols se situait à des niveaux remarquablement bas sur la quasi-totalité de la France, atteignant des niveaux records dans plusieurs régions. Le caractère très rouge de la carte ci-dessus est particulièrement frappant et contraste avec la situation en 2021.
Carte de vigilance à la canicule les 28 juin et 25 juillet 2019 - via Météo France
La Loire partiellement asséchée à Langeais (Indre-et-Loire) le 1er août 2019 - via la Nouvelle République
Les épisodes caniculaires qui ont marqué l'été 2019 déjà très anticyclonique n'ont fait qu'accentuer la sécheresse de surface, allant même jusqu'à brûler certaines vignes dans le Languedoc le 28 juin 2019 (46°C à Vérargues) ! Le 25 juillet, il faisait 42,6°C à Paris et 41,3°C à Dunkerque ! Avec de telles chaleurs et un cruel manque de pluie, de nombreux cours d'eau voyaient leurs débits considérablement réduits. Ce fut notamment le cas de la Loire.
Fin d'été 2018 : sec au nord-est
Écart à la normale de l'indice d'humidité des sols à la fin août 2018 - via Météo France
Deuxième été le plus chaud depuis le début des relevés en France (+2°C à la normale sur 3 mois), l'été 2018 fut également moins arrosé que la normale avec un déficit de l'ordre de 10% à échelle nationale, avec néanmoins de fortes disparités. Les régions du centre, du nord et du nord-est ont enregistré des déficits pluviométriques conséquents, atteignant souvent 30 à 60% sur l'été ! À l'inverse, des excédents pluviométriques ont été enregistrés dans l'ouest, vers les Pyrénées et sur les régions méditerranéennes.
Fin août 2018, les sols restaient excessivement secs des régions centrales vers celles du nord-est, encore très affectées par la sécheresse remarquable de juillet 2018. En revanche, les sols étaient bien plus humides que la normale sur le Languedoc, PACA et la Corse en lien avec plusieurs épisodes très perturbés en août, bien loin de la situation observée en 2021 !
Carte des arrêtés de restrictions d'eau en France au 21 août 2018 - via Propluvia
Camping inondé à St-Julien-de-Peyrolas (30) suite à un épisode pluvio-orageux le 9 août 2018 - via Midi Libre
À la fin de l'été 2018, de nombreuses régions françaises étaient soumises à des restrictions d'eau, particulièrement dans le centre de la France. De plus, l'automne 2018 fut remarquablement sec et anticyclonique. Comme vu plus haut, le sud-est tirait son épingle du jeu, notamment en lien avec un épisode méditerranéen qui avait surpris entre le 7 et le 9 août 2018. Une personne avait été retrouvée noyée dans un ruisseau à proximité d'un camping de Saint-Julien-de-Peyrolas dans le Gard.
Fin d'été 2017 : très sec en Méditerranée
Écart à la normale de l'indice d'humidité des sols à la fin août 2017 - via Météo France
L'été 2017 fut chaud (+1,5°C à la normale sur 3 mois) mais contrasté en terme de pluviométrie. Il avait été marqué par une alternance de périodes calmes et de périodes pluvio-orageuses. Proches de la normale sur le tiers nord et dans le sud-ouest, les précipitations avaient été déficitaires en Bretagne, au centre-ouest et sur les régions de l'est. C'est toutefois en Méditerranée que le manque d'eau s'est particulièrement fait sentir durant cet été.
Fin août 2017, l'indice d'humidité des sols était particulièrement bas sur les régions méditerranéennes, notamment entre la Provence et la Corse. On notait aussi des déficits notables sur le nord de Rhône-Alpes. Ailleurs, ils étaient plus limités et des excédents étaient même observés ponctuellement de l'Aquitaine au bassin parisien et à la Bretagne.
Violent incendie et évacuations à Bormes-les-Mimosas (Var) le 26 juillet 2017 - photo Olivier Hertel
Excessivement sec sur les régions méditerranéennes, l'été 2017 avait notamment été marqué par une succession d'incendies en Provence et sur la côte d'Azur à la fin du mois de juillet. Un violent brasier avait notamment fait l'actualité à Bormes-les-Mimosas, forçant habitants et vacanciers à évacuer et à passer la nuit sur les plages. Au total, plus de 7.000 hectares étaient partis en fumée dans la région - une situation qui possède quelques similitudes avec 2021.
Fin d'été 2016 : plus sec que la normale
Écart à la normale de l'indice d'humidité des sols à la fin août 2016 - via Météo France
Avec un déficit pluviométrique proche de 20% à échelle nationale, l'été 2016 est à ranger dans les étés secs en France bien que les températures ne furent pas excessivement élevées (+0,6°C à la normale sur 3 mois). On note toutefois des disparités puisque les pluies ont été conformes aux normales sur les régions de l'est mais bien trop discrètes à l'ouest ainsi qu'en Méditerranée. C'est dans le centre-ouest et du Languedoc à la Corse que le manque d'eau s'est le plus fait ressentir.
Fin août 2016, l'indice d'humidité des sols était satisfaisant sur les régions du nord mais encore assez largement déficitaire sur le centre-ouest et les régions méditerranéennes. La sécheresse de surface était très prononcée sur le Roussillon, le sud de la Provence, la côte d'Azur et l'île de beauté.
Incendie à Vitrolles vu depuis Marseille (Bouches-du-Rhône) le 11 août 2016 - photo Vincent Hadjedj
Incendie à Barbaggio (Haute-Corse) le 25 août 2016 - via France 3
Le manque d'eau de l'été 2016 avait créé un terrain favorable au déclenchement d'incendies sur les régions méditerranéennes. Plusieurs brasiers ont été observés, notamment au mois d'août entre la côte d'Azur et la Corse. Un incendie avait notamment atteint les portes de Marseille, enfumant temporairement la cité phocéenne.
Fin d'été 2015 : très sec du centre au nord-est
Écart à la normale de l'indice d'humidité des sols à la fin août 2015 - via Météo France
L'été 2015 fut contrasté en France, démarrant par un temps très chaud et sec qui atteindra son apogée en juillet (+1,5°C à la normale sur 3 mois). La sécheresse s'installe alors dans plusieurs régions avec des conséquences parfois importantes. Toutefois, le mois d'août voit les conditions instables revenir, particulièrement dans l'ouest et le sud de la France où la situation s'améliore considérablement.
Fin août 2015, l'indice d'humidité des sols restait excessivement bas sur toutes les régions s'étirant du Massif Central au nord-est de la France mais aussi sur le Var et le sud de la Corse. En revanche, les sols étaient plus humides que la normale dans l'ouest ainsi que sur le Languedoc.
Carte des arrêtés de restrictions d'eau en France début août 2015 - capture JT France 2
Montpellier inondée par l'épisode pluvio-orageux du 23 août 2015
Début août 2015, le manque d'eau conduisait à des restrictions d'eau importantes sur près des trois quarts des départements français. Quelques incendies se déclenchent (comme dans la Vienne). L'ouest et le sud de la France seront ensuite balayés par des pluies et des orages violents. Un épisode pluvio-orageux important frappe le Languedoc entre le 21 et le 24 août 2015. Le 23 août, il tombe 169 mm à Montpellier où le centre-ville se retrouve inondé.
Fin d'été 2014 : des sols gorgés en eau
Écart à la normale de l'indice d'humidité des sols à la fin août 2014 - via Météo France
L'été 2014 s'est avéré très instable et frais en France (-0,1°C à la normale sur 3 mois) avec quelques similitudes avec l'été 2021. En effet, l'essentiel des séquences estivales s'est produit au mois de juin avant que des températures fraîches et une forte agitation ne s'installent. Le binôme juillet-août 2014 s'est avéré être le plus humide depuis 1960 et l'excédent pluviométrique national sur les trois mois estivaux fut d'environ 40% !
Fin août 2021, c'est sans surprise que les sols étaient particulièrement humides sur une grande partie de la France avec une sécheresse totalement absente. Le taux d'humidité des sols atteignait des niveaux remarquables sur un large quart nord-ouest, le centre-est ou encore les départements pyrénéens, débouchant sur des récoltes difficiles à cause des champs gorgés en eau et même sur des crues.
Crue estivale majeure le 4 juillet 2014 à Bidarry dans les Pyrénées-Atlantiques - photo A. Dejeans
Chutes de neige à La Rosière (Haute-Savoie) à 1850 mètres en juillet 2014 - Chronique Météo Villes
L'été 2014 est la définition parfaite d'un "été pourri" (du moins sur le binôme juillet-août), plus frais et encore bien plus arrosé que l'été que nous venons de vivre. Certaines journées furent si fraîches que la neige s'est abaissée vers 1800 mètres en plein mois de juillet dans le nord des Alpes ! De nombreux orages occasionnent des dégâts et les pluies très abondantes génèrent des crues dans plusieurs régions, notamment début juillet 2014 dans les Pyrénées-Orientales où une personne meurt emportée par les eaux.
Vous pouvez vous replonger dans les étés depuis la fin du XIXème siècle grâce à notre chronique >>>