Pas de chaleur marquée et durable en France pour le moment

Malgré la fin du printemps et le début de l'été météorologique, la chaleur estivale ne semble pas vouloir s'installer sur notre pays. Malgré une anomalie de température de +0,2°C à l'échelle du pays, le mois de mai s'est montré très mitigé sur la France, notamment durant la seconde quinzaine où les températures sont régulièrement passées sous les normales de saison sous l'influence de gouttes froides successives.

Évolution de l'indicateur thermique national en mai 2024 sur la France – Via Infoclimat.fr

C'est sur le Sud de la France que la fraîcheur fut la plus marquée ces dernières semaines avec des températures moyennes restant sous les normales de la période pour ce mois de mai 2024.

Anomalies de températures sur la France en mai 2024 – Météo-Villes

Cette fraîcheur perdure d'ailleurs pour cette première quinzaine de juin 2024 et ce malgré le début de l'été météorologique, se situant plutôt sur le Nord et surtout le Nord-Ouest de la France cette semaine mais étant de nouveau prévue de s'étendre à la totalité du pays la semaine prochaine sous l'influence d'un flux de Nord-Ouest de nouveau humide et instable.

Anomalies de températures envisagées sur l'Europe pour la semaine du 10 au 16 juin 2024 – ECMWF

La France : une exception à l'échelle mondiale ?

Même si ces dernières semaines ont présenté des températures régulièrement sous les normales sur notre pays, le constat est bien différent à l'échelle mondiale. Le mois de mai 2024 fut en effet le plus chaud jamais observé à travers le monde depuis le début des relevés météorologiques. La température moyenne mondiale a en effet atteint 15,91°C selon les données de Copernicus, soit +0,65°C au-dessus de la moyenne 1991-2020 et +0,19°C au-dessus du précédent mois de mai le plus chaud, mai 2020.

Anomalies de températures à 2m en mai 2024 à l'échelle mondiale - Karsten Haustein

L'anomalie de températures par rapport à l'ère préindustrielle a également atteint +1,52°C à l'échelle mondiale et nombreuses ont été les régions à connaître des valeurs excessivement élevées durant ce mois de mai 2024.

En Europe par exemple, l'anomalie de températures pour mai 2024 a atteint +0,88°C mais les températures moyennes furent très contrastées en fonction des régions, se montrant bien plus élevées sur l'Est, le Nord et le Sud du continent mais plus basses sur l'Ouest, dont la France. L'Ouest de la Russie a également pu vivre un mois de mai anormalement frais voire froid pour la période. 

Anomalies de températures sur l'Europe durant le mois de mai 2024 - Scott Duncan 

La Scandinavie a par exemple connu un mois particulièrement chaud pour la période avec de nombreux records de températures battus, notamment durant la seconde quinzaine. En Norvège, ce mois de mai fut le plus chaud jamais enregistré depuis le début des relevés météorologiques avec une anomalie de température exceptionnelle de +4°C par rapport à la moyenne 1991-2020, parfois plus de 7°C sur le Sud-Ouest du pays.

Anomalies de températures sur la Norvège en mai 2024 – Meteorologisk Institutt

On se souvient également du coup de chaleur intense de la fin du mois de mai sur le Sud de l'Espagne avec des températures dépassant parfois les 40°C du côté de l'Andalousie, alors qu'au même moment la France se retrouvait une nouvelle fois sous la fraîcheur sous l'influence d'une nouvelle goutte froide.

Température maximale relevée en Espagne le 30 mai 2024 – Météo-Villes

Dans le reste du monde, les records de températures ont également été nombreux durant ce mois de mai 2024. On peut par exemple noter jusqu'à près de 39°C à la fin du mois du côté de Punta Gorda dans le Sud-Ouest de la Floride, la température la plus élevée jamais relevée en mai sur ce secteur depuis le début des relevés météorologiques en 1914.

Record de température à Punta Gorda en Floride le 30 mai 2024 – Via Twitter @MattDevittWX

Ou encore les vagues de chaleur exceptionnellement intenses et successives ayant concerné les régions allant du Moyen-Orient à l'Inde durant ce mois de mai 2024 avec là encore de très nombreux records de températures, parfois historiques. Par exemple, on a pu relever jusqu'à 49,1°C du côté de New Delhi à la fin du mois de mai, la température la plus élevée jamais observée sur la capitale indienne, battant l'ancien record de 48,4°C en mai 1998.

Températures observées en Inde le 30 mai 2024 – AFP

Enfin, on peut également souligner l'exceptionnelle vague de chaleur ayant concerné le Mexique durant le mois de mai 2024 avec là encore de très nombreux records battus. On a par exemple pu relever jusqu'à 34,4°C le 24 mai à Mexico City (2240m d'altitude), un nouveau record sur le secteur, battant largement l'ancien record de 33,9°C le 9 mai 1998 qui avait d'ailleurs déjà été dépassé le 9 mai 2024. Un événement historique sur ce secteur où les températures sont relevées depuis 1877 !

Températures maximales relevées à Mexico City le 24 mai 2024 – Via Twitter @conagua_clima

Une envolée des températures depuis 1 an

Ce mois de mai 2024 fut donc le 11ème mois consécutif présentant des températures moyennes record à l'échelle mondiale depuis le début des relevés météorologiques. En effet, depuis juin 2023, les températures moyennes mensuelles ont toutes été les plus élevées jamais enregistrées.

Anomalies de températures mensuelles entre juin 2023 et mai 2024 à l'échelle mondiale – Copernicus

Ainsi, l'anomalie de température mondiale atteint, sur les 12 derniers mois, +0,75°C par rapport à la moyenne 1991-2020 sur Terre et même +1,63°C par rapport à l'ère préindustrielle (1850-1900), une anomalie inédite depuis le début des relevés météorologiques sur 12 mois glissants.

NB : Il est important de noter que la limite de +1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle doit être franchie sur une pus longue durée pour affirmer que les accords de Paris établis en 2015 n'ont pas été respectés.

Evolution des anomalies de températures mondiales par rapport à l'ère préindustrielle depuis le début du 20è siècle - Copernicus

On peut aisément remarquer la hausse vertigineuse des anomalies de températures depuis l'année dernière, hausse qui semble donc s'accélérer nettement ces derniers mois après une décennie 2010-2020 déjà exceptionnelle à ce niveau.

Ainsi, si les dernières semaines et même les derniers mois ont été relativement frais et surtout très perturbés en France, le processus du réchauffement climatique ne s'est pas arrêté à l'échelle mondiale, c'est même tout le contraire puisque les températures atteignent des niveaux jamais observés depuis maintenant un an.