Pluie, vent, fraîcheur, neige : un été pourri ?
jeudi 10 juillet 2014
Alors que nous arrivons au terme de la première décade de juillet, le qualificatif d'été "pourri" fleurit déjà dans les commentaires et dans les médias. Nous vous proposons quelques questions / réponses à ce sujet.
Qu'est qu'un été "pourri" ?
Il ne s'agit bien-sûr pas d'un terme météorologique mais d'une expression du langage populaire. Ainsi, difficile de définir précisément ces termes mais globalement, on parle d'été "pourri" lorsque le temps s'avère maussade et frais durant une période significative en juillet et en août.
Cette notion d'été "pourri" est-elle unanimement partagée par nos concitoyens ?
Non, il est d'ailleurs généralement difficile de mettre tout le monde d'accord lorsqu'on parle de la pluie et du beau-temps.
D'abord, tout le monde n'apprécie pas le soleil et la chaleur, une partie de la population les redoute même, notamment les urbains n'ayant pas la possibilité de s'éloigner des villes durant l'été. Une période humide et fraîche n'a jamais fait de mal à personne alors que nous savons combien la chaleur peut avoir des conséquences sanitaires et sociales catastrophiques, plus encore quand la pollution à l'ozone s'en mêle. Par ailleurs, le monde agricole a besoin de telles périodes pour l'équilibre des cultures et des élevages.
Ensuite, nous avons souvent la mémoire courte en météo. Ainsi, certains retiendront que tel été fut pourri parce qu'il a plu durant la quinzaine où ils étaient en vacances. D'autres, partis 2 semaines après, qualifieront le même été d'agréable.
Ainsi, l'été "pourri" n'existerait pas ?
L'expression est critiquable comme nous venons de le voir. Reste qu'en effet, certains étés sont plus médiocres que d'autres, voire franchement maussades, du moins sur les deux tiers Nord de la France car sur le bassin méditerranéen, un été peut être plus ou moins arrosé, mais le soleil et la chaleur gardent toujours une large part du gâteau.
Pourquoi certains étés se révèlent-ils maussades ?
Il s'agit de la résultante de ce que l'on appelle des blocages météorologiques. Ils se produisent lorsque le flux général à haute altitude n'est plus vraiment Ouest-Est mais Nord-Sud et que les dorsales et talwegs ainsi créés sont suffisamment puissants pour formerr un nouvel équilibre qui peut, dans certains cas, durer des semaines. Si l'air saharien est ainsi continuellement poussé vers la France, c'est la canicule. Si, à l'inverse, c'est l'air polaire qui prend ses aises (schéma de gauche), le temps médiocre peut s'éterniser. La situation peut même franchement se dégrader lorsque des gouttes froides se détachent de la circulation polaire et circulent vers nos latitudes aux sols chauds l'été, les fortes pluies pouvant alors provoquer des inondations durables (schéma de droite).
Ce début d'été 2014 est-il particulièrement maussade ?
Si on considère globalement l'été météorologique ayant débuté le 1er juin, non. Juin 2014 s'avère être le 5ème plus chaud sur la France depuis 1900, les températures atteignant même des sommets en première décade. Des records d'ensoleillement ont été battus. Une sécheresse de surface a gagné plusieurs régions.
Certes, Juin s'est aussi caractérisé par de violents orages (1 - 2 - 3) mais qui ne constituaient pas une anomalie climatique.
Par contre, en fixant le début de l'été au début des vacances scolaires, oui. Les dégradations orageuses se sont multipliées début juillet (1 - 2 - 3), celle des 6 et 7 juillet délimitant une de ces fameuse goutte froide qui rend les conditions si médiocres depuis.
Les conditions pluvieuses, venteuses et très fraîches depuis le 6 juillet sont-elles exceptionnelles ?
Des coups de fraîcheur plus ou moins pluvieux ne sont pas rares en juillet, on en a même vécu plusieurs sur le Nord de la France ces dernières années (2007, 2005, 2004, 2002, 2001, 2000). Mais il est vrai que les températures de ce milieu de semaine étaient vraiment basses (elles n'atteignent cependant pas les records de manière générale), les pluies très abondantes sur le Centre-Est (plus de 100 mm en 3 jours) et le vent de la partie. La neige a blanchi les sols jusque vers 1800 m localement sur les Savoie. Ainsi, nous préfèrerons qualifier cet épisode de "remarquable" au sens où de tels extrêmes ne se produisent en moyenne qu'une ou deux fois par décennie à cette époque de l'année.
Au cours des années récentes, on se souviendra que les conditions étaient pires encore vers la mi-juillet 2000 et début juillet 1996. Les archives climatologiques regorgent d'exemples plus probants encore qui sont listés dans notre ouvrage "Y'a plus de saison".
Cette situation remarquable va-t-elle durer ?
Non, car la synoptique n'est pas bloquée et évoluera progressivement au cours des jours à venir (notre bulletin). Nous retrouverions même une dorsale venu d'Afrique très chaude au Sud la semaine prochaine.
Et par la suite ?
Qui vivra verra, reste que les prévisions saisonnières ne donnent pas pour l'instant de signal fort. Ainsi, peut-être que l'été 2014 finira par contenter tout le monde.