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Réchauffement : le GIEC alarme sur les catastrophes climatiques à venir

mardi 10 août 2021

Dans son dernier rapport, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) alarme sur les conséquences dramatiques déjà visibles du réchauffement climatique et sur les projections très inquiétantes pour les décennies à venir.

 

Nos émissions ne baissent pas, au contraire !

 

Émissions de CO2 et concentration moyenne dans l'atmosphère par année depuis 1990 - via France Info

 

Alors que les scientifiques alarment depuis de nombreuses décennies déjà et que plusieurs accords sur le climat ont été trouvés au cours des dernières années, nous ne parvenons toujours pas à faire baisser nos émissions de CO2. Le graphique de gauche ci-dessus permet de voir que nos émissions annuelles continuent d'augmenter. La Chine reste de loin la plus grosse émettrice, suivie par les États-Unis puis par l'Inde. En Europe, le plus mauvais élève est l'Allemagne en raison de sa dépendance au charbon.

 

Avec des émissions annuelles toujours orientées à la hausse, c'est sans surprise que la concentration moyenne de CO2 dans l'atmosphère continue de croître dans le monde (graphique de droite). Inférieures à 355 molécules de CO2 par million de molécules d'air (ppm), la concentration moyenne est désormais de plus de 410 ppm en 2020. N'oublions pas que le CO2 met près de 100 ans à se dégrader dans l'atmosphère. Il est donc important de réduire nos émissions au plus vite pour espérer un effet bénéfique à long terme.

 

 

Concentration de méthane dans l'atmosphère depuis 1980 (en ppb) - via NOAA

 

Outre le CO2, les experts alarment également sur le rôle du méthane (CH4) dans le réchauffement. En effet, cet autre gaz à effet de serre possède un pouvoir de réchauffement 28 fois supérieur à celui du CO2 ! S'il est moins présent que le dioxyde de carbone dans l'atmosphère et qu'il se dégrade plus rapidement, ses concentrations ont été multipliées par deux depuis l'ère préindustrielle et l'augmentation de la présence de ses molécules a connu une nouvelle accélération ces dernières années.

 

Projection du réchauffement climatique d'ici 2100 selon les émissions de CO2 - via AFP

 

Ainsi, le dernier rapport du GIEC est encore plus alarmant que le précédent et revoit à la hausse ses estimations de la hausse des températures à échelle de la planète. À court terme, il est acquis que la température mondiale aura augmenté de 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle - un objectif à ne pas dépasser qui avait été fixé par les accords de Paris et qui semble d'ores et déjà illusoire.

 

D'ici le milieu du siècle, le scénario médian (émissions de CO2 plus ou moins stables) envisage une hausse de 2°C de la température globale par rapport à la fin du XIXème siècle. Le scénario pessimiste (nette hausse des émissions de CO2) envisage une hausse de 2,4°C. Quant à la fin du siècle, le scénario médian modélise une hausse de 2,7°C tandis que le scénario pessimiste modélise une hausse de 4,4°C !

 

 

Des températures de plus en plus pénibles

 

Augmentation des températures d'ici 2100 selon le scénario médian - via IPCC

 

Avec des émissions de gaz à effet de serre toujours plus importantes, les températures vont poursuivre leur augmentation dans les prochaines décennies. Le scénario médian n'a rien de rassurant puisqu'il envisage une hausse des températures proche de 3°C à échelle planétaire d'ici la fin du siècle en cours.

 

Les hautes latitudes de l'Arctique et les terres devraient se réchauffer plus rapidement que l'océan Atlantique, comme le montre la modélisation climatique ci-dessus. En France, c'est le sud qui se réchaufferait le plus vite avec une augmentation de près de 4°C d'ici 2100 tandis que celle-ci serait plutôt de 2°C en allant vers la Manche.

 

Évolution des températures à Paris et Lyon d'ici 2050 - infographies AFP

 

Durant l'été, les vagues de chaleur vont devenir de plus en plus intenses. Elles pourront également débuter plus tôt dans la saison et se prolonger plus tardivement. Ainsi, le scénario médian envisage que le nombre de nuits caniculaires (pas moins de 20°C) à Paris va atteindre une moyenne de 20 jours d'ici 2050, soit dans moins de 30 ans ! De même, le nombre de jour de gel (0°C ou moins) tomberait vers 10 à 13 jours par an seulement !

 

À la fin du siècle dernier, on comptait en moyenne 60 jours de chaleur par an à Lyon (25°C ou plus). D'ici une trentaine d'années, la moyenne devrait se situer vers 88 jours de chaleur. Plus grave, le nombre de nuits caniculaires passerait d'une moyenne de 14 par an à une moyenne de 35 selon le scénario médian et de 42 selon le scénario pessimiste ! Enfin, le nombre moyen de journées à plus de 35°C passerait de 2 à 9 jours.

 

 

Des saisons pluviométriques de plus en plus marquées

 

Évolution de la pluviométrie d'ici 2100 en hiver (décembre-février) et en été (juin-août) - via IPCC

 

En Europe, les modélisations climatiques s'attendent à une répartition des pluies de plus en plus inégales entre les saisons. En effet, la saison hivernale serait plus arrosée qu'actuellement sur la majeure partie du continent avec une augmentation de la pluviométrie de l'ordre de 10 à 20% en moyenne. En revanche, la saison estivale pourrait considérablement s'assécher sur le sud-ouest de l'Europe. La France, l'Espagne et tous les pays bordant la Méditerranée subiraient une sécheresse estivale de plus en plus récurrente.

 

Le village de Gouvès sur l'île d'Eubée (Grèce) en feu le 8 août 2021 - photo AFP

 

Ainsi, les modèles climatiques mettent en évidence une augmentation considérable du risque d'incendies sur l'ensemble des zones méditerranéennes. Les brasiers d'ampleur dramatique comme ceux qui sévissent dernièrement en Turquie et en Grèce devraient se multiplier et pourront toucher le sud de la France. Il est également probable que le risque d'incendies devienne aussi une menace pour les régions situées plus au nord, comme le nord-ouest de l'hexagone où les précipitations estivales seraient de moins en moins fréquentes.

 

À l'inverse, les inondations de la saison hivernale risquent d'être de plus en plus fréquentes si les projections misant sur des hivers de plus en plus humides se vérifient. L'explication est assez simple : plus l'air est doux et plus il peut contenir d'importantes quantités d'eau. Des hivers plus doux amèneraient des perturbations océaniques de plus en plus chargées en précipitations.

 

 

Fonte des glaces et hausse du niveau de la mer

 

Surface minimale des glaces de l'hémisphère nord depuis 1990 - via France Info

 

La fonte des glaces est l'un des éléments les plus révélateurs de l'augmentation des températures à échelle mondiale. On note depuis les années 1990 une accélération de la fonte de la banquise et des glaciers. Ainsi, la surface minimale recouverte de glace dans l'hémisphère nord est passée d'une moyenne de 6 millions de kilomètres carrés dans les années 1990 à moins de 4 millions de km2 en 2020, une baisse d'un tiers !

 

Évolution de la Mer de Glace dans les Alpes entre 1900 et 2021 - photo d'archive et Matthieu Sorel

 

Chez nous, l'exemple le plus marquant est sans doute celui de la Mer de Glace, le plus grand glacier français. Depuis le début du siècle dernier, la Mer de Glace a perdu environ 120 mètres d'épaisseur et son recul s'accélère ! Selon les dernières projections climatiques, le glacier pourrait avoir perdu 80% de sa superficie à la fin du XXIème siècle et d'autres glaciers comme celui d'Argentière risque de tout simplement disparaître d'ici 2100.

 

Le problème est double car la glace permet de réfléchir les rayons du soleil. Sa fonte accentue le réchauffement et c'est la raison pour laquelle les régions montagneuses enregistrent un réchauffement climatique plus rapide que les régions de plaine. À terme, ce sont de très nombreux glaciers dans le monde qui sont menacés de disparition.

 

Évolution du niveau global des mers et des océans depuis 1990 - via France Info

 

La fonte des glaces a une autre conséquence potentiellement dramatique : l'élévation du niveau des mers et des océans. Le rapport du GIEC témoigne d'une accélération notable de cette hausse, de l'ordre de 9 centimètres en 30 ans. Si le chiffre peut paraître faible, une augmentation de quelques centimètres suffit à ce que l'eau s'enfonce nettement plus vers les terres sur les portions les plus plates des littoraux et des îles. Les surcôtes associées aux tempêtes vont devenir de plus en plus menaçantes.

 

Projection de l'élévation du niveau de la mer d'ici 2010 selon le scénario pessimiste - via IPCC

 

Si nos émissions de gaz à effet de serre ne sont pas considérablement réduites, les modélisations s'attendent à une élévation du niveau des mers et océans de plusieurs dizaines de centimètres d'ici la fin du siècle. En France, les eaux s'élèveraient de plus de 60 centimètres, menaçant de nombreuses régions côtières situées proches du niveau de la mer : littoral du Nord, baie de Somme, côte atlantique, Camargue...

 

 

Des incertitudes sur le point de non-retour

 

Zones de permafrost dans l'hémisphère nord - infographie AFP

 

Si tous les faits que nous venons d'évoquer font désormais consensus auprès de l'immense majorité de la classe scientifique, il subsiste d'importantes variables dont nous ne connaissons pas l'évolution future. Parmi elles, on peut citer la fonte du permafrost, ces sols constamment gelés couvrant environ 25% des terres de l'hémisphère nord, au niveau des hautes latitudes.

 

Fonte du permafrost à Svalbard en Norvège - photo Jeff Navuga / Getty Images

 

On sait que le permafrost renferme des quantités très importantes de méthane, puissant gaz à effet de serre. Ce sont près de 1.500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre que ces sols gelés emprisonnent. En fonction de l'ampleur du réchauffement, des quantités plus ou moins majeures de ces gaz pourraient être libérées dans l'atmosphère et certaines modélisations suggèrent un possible emballement climatique, en raison du cercle vicieux que ces rejets pourraient engendrer.

 

L'Amazonie vers Mato Grosso au Brésil - photo Florian Plaucheur / AFP

 

Parmi les autres sources d'inquiétude, on peut notamment citer l'épuisement des forêts, principale source d'absorption du CO2. En effet, plusieurs études ont montré que certaines forêts tropicales arrivent à saturation et qu'elles absorbent beaucoup moins de CO2 que par le passé. Des scientifiques ont montré que ces forêts absorbaient environ 46 milliards de tonnes de CO2 dans les années 1990, soit 17% des émissions humaines. Durant la dernière décennie, ce chiffre a chuté vers 25 milliards de tonnes, ne représentant plus que 6% des émissions humaines qui, de leur côté, ont continué d'augmenter considérablement.

 

Ainsi, des modélisations montrent que la forêt amazonienne pourrait ne plus parvenir à stocker de CO2 dès 2035 et que d'autres forêts au travers le monde pourraient suivre durant les décennies suivantes. Avec des émissions toujours plus importantes et une absorption naturelle de plus en plus faible, le GIEC alarme sur un possible point de non-retour.

 

 

Si l'humilité est de rigueur quant au climat du futur, tous les voyants sont au rouge et ils doivent nous alerter face aux changements climatiques dont les conséquences dramatiques sont d'ores et déjà visibles aujourd'hui...

 

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