Retour sur les étés pourris en France par le passé
vendredi 21 juillet 2023Des étés frais et humides de moins en moins nombreux ces dernières années
L'été rime en général avec chaleur et soleil sur notre pays, pourtant il arrive que la saison estivale se montre au contraire fraîche et/ou perturbée. Si l'impression de ce mois de juillet 2023 est très mitigée sur une partie de la France, notamment sur le Nord-Ouest, d'autres périodes estivales ont déjà présenté un ressenti bien loin d'être digne de l'été avec parfois des températures moyennes situées très en dessous des normales de la période.
Anomalies thermiques durant l'été depuis 1930 par rapport aux normales 1981-2010 - via infoclimat.fr
On remarque d'ailleurs que les étés plus frais que la moyenne étaient bien plus fréquents jusqu'aux années 80 et que ce n'est que depuis cette période que les étés plus chauds sont devenus monnaie courante. Avant cette période de transition, il n'était pas rare d'observer des étés relativement frais et/ou perturbés même si il faut également prendre en compte que les étés exceptionnels s'étant succédés depuis le début des années 2000 ont engendré une hausse sensible des températures moyennes.
Ainsi, on ne décompte que 12 étés présentant une anomalie de température positive par rapport à la moyenne 1981-2010 entre 1930 et 1980. Entre 1981 et 2022, ceux-ci se comptent au nombre de 24, soit plus d'un été sur deux sur cette période. Depuis 2010, seuls 2 étés ont été plus frais que la moyenne, à savoir les étés 2014 et 2011.
Néanmoins, certaines périodes estivales se sont montrés bien plus pourries que d'autres avec des températures parfois situées très en dessous des moyennes de la période mais également avec un temps parfois bien humide et perturbé. Dans un but exhaustif, nous nous concentrerons sur les périodes estivales après l'été chaud et très sec de 1976.
Indicateur thermique et temps moyen des étés pourris en France depuis 1976 - Météo-Villes
On peut remarquer que la majorité des étés frais ou très frais ont observé des précipitations excédentaires, ce qui induit un temps perturbé/instable et une dominante majoritairement océanique. C'est notamment le cas dans les dernières décennies où la quasi totalité des étés plus frais que la moyenne ont été plus humides que la normale. Toutefois, cette règle n'est pas toujours vraie et certains été frais se sont également montrés majoritairement secs même si cette configuration semble plus rare.
Des exemples d'étés pourris depuis 1976 :
Des étés frais successifs entre 1977 et 1981 :
Après un été 1976 exceptionnellement sec mais également chaud, la France a subi une succession de périodes estivales particulièrement fraîches et parfois bien perturbées. La fraîcheur est d'ailleurs exceptionnelle durant les étés 1977 et 1978 avec une température moyenne de 17.72°C (à égalité), soit les étés les plus frais de ces 100 dernières années.
Durant l'été 1977, le flux océanique perturbé et frais domine sur la France avec une succession de perturbations concernant la majorité du pays. Les 7 et 8 juillet 1977, il tombe 100 à 200 mm dans le sud-ouest de la France, conduisant à des crues dramatiques endommageant plus de 2000 habitations et causant la mort de 25 personnes, le tout en pleine saison estivale ! A la fin du mois de juillet 1977, le thermomètre reste bloqué à 14°C à Rouen, 15°C à Paris et 18°C à Perpignan...
L'été 1977 est dominé par la pluie et la fraîcheur et le manteau à capuche remplace le t-shirt sur bon nombre de régions - Météo-Villes
L'été suivant, est moins humide mais tout aussi frais avec des températures de nouveau très en dessous des normales pour la deuxième année consécutive. Si les perturbations sont moins fréquentes que durant l'été précédent, l'air frais ne cesse de se répandre sur le pays. Au début du mois de juillet, les températures peinent à atteindre les 20°C sur de nombreuses régions et on ne dépasse parfois pas les 10°C en Champagne le 9. Le mois d'août est tout aussi frais et la neige s'invite même dans toutes les stations des Alpes au-dessus de 1500m d'altitude, surprenant de nombreux vacanciers.
La neige tombe sur les pentes de Chamrousse le 7 août 1978 - Météo-Villes
Les 3 étés suivants sont également frais et plus ou moins perturbés, notamment l'été 1980 qui est le dernier à ne pas avoir atteint une température moyenne de 18°C depuis (17.99°C). Les mois de juin et de juillet 1980 sont véritablement déprimants avec des nuages abondants, de fréquentes averses et des températures bloquées largement sous les normales sur la quasi totalité du pays. Les 20 et 21 juillet 1980, une véritable tempête automnale frappe le nord de la France avec des vents forts et d'importantes précipitations. On mesure par exemple 134km/h à Cancale, 144km/h à Granville et la station de Deauville relève 64mm en moins de 24h.
La fin du mois sera exécrable sur une large partie du pays avec même des gelées blanches observées dans les campagnes du Centre et du Nord-Est au matin du 22 juillet, on relève par exemple ce jour là des minimales de 3°C à Luxeuil, 4°C à Troyes, Nantes, Metz et Clermont-Ferrand ! Le mois d'août sera sensiblement plus estival.
Nouvelle succession d'étés globalement frais entre 1984 et 1988 :
Après quelques étés plus chaud, une nouvelle piéride d'étés frais et perturbés débute à partir de 1984, perdurant jusqu'à 1988.
L'été 1985 est le plus frais d'entre eux avec une température moyenne de 18.83°C. Le mois d'août est parfois très automnal, notamment en début de mois avec une succession de perturbations actives et des températures particulièrement basses pour la période. Le 5 août, de la neige est observée sur les Pyrénées et les côtes de la Manche subissent le passage d'une tempête digne de l'automne, provoquant une houle importante, des pluies fréquentes et de fortes rafales de vent.
Neige sur les Pyrénées et tempête sur la Manche le 5 août 1985 - Météo-Villes
Au final, un seul véritable coup de chaleur est observé durant cet été 1985 entre les 25 et 26 juillets. Sur ces deux jours, les températures dépassent fréquemment les 33°C avec une maximale de 39°C enregistrée dans le Périgord. Le reste du temps, les températures sont régulièrement sous les normales de saison, notamment durant le mois de juin et pendant la seconde partie de l'été.
Les étés 1987 et 1988 seront également majoritairement frais sur la France. En juillet 1987 le temps est épouvantable avec non seulement de la pluie, des températures dignes d’un mois d’octobre mais également une tempête sur toute la moitié nord où les vents atteignent parfois 100 km/h. L'année suivante, aucune vague de chaleur de grande ampleur n’est observée durant l’été 1988 et le mois de juillet 1988 est généralement très frais et pluvieux.
Été 2007 : Humide et frais sur de nombreuses régions
Après plusieurs étés successifs globalement chauds voire très chauds, le temps est particulièrement mauvais durant l'été 2007 sur la France. Après un mois de juin régulièrement instable une longue période de temps humide et frais débute à partir du solstice d'été. Le mois de juillet est très régulièrement perturbé et les courtes périodes de chaleur sont à chaque fois vite remplacées par un temps humide et frais. Ce type de temps se prolonge durant le mois d'août en raison de gouttes froides successives circulant sur ou à proximité du pays.
Le 8 août, l'une de ces gouttes froides engendre des pluies diluviennes sur l'Île-de-France et le Perche et apporte un ressenti très automnal. On relève en effet 35 à 60mm en 24h sur ces régions alors qu'on ne dépasse pas 17°C à Paris. Le lendemain, la neige réapparaît sur les Alpes dès 1800m d'altitude.
Le mois d'août 2007 est humide et frais du côté de Biarritz - Météo-Villes
La fin du mois est du même acabit. Entre le 20 et le 23 août, on relève 73.4mm à Orly, 56.2mm à Montsouris ou encore 45mm à Villacoublay et la neige tombe en montagne dès 2000m d'altitude. Le mois d'août est d'ailleurs particulièrement humide sur certains secteurs et Paris-Montsouris observe d'ailleurs un nouveau record de précipitations pour un mois d'août avec 158mm cumulés.
Eté 2011 : le dernier été vraiment pourri
L'été 2011 fut le dernier été vraiment pourri sur notre pays. Le mois de juillet est vraiment perturbé et parfois très automnal sur de nombreuses régions avec des températures souvent bien basses pour la période, notamment durant la seconde quinzaine. Le 17 juillet, de fortes précipitations touchent le Sud et l'Est du pays et il ne fait pas plus de 12/15°C dans les vallées des Alpes et le Lyonnais. Les conditions météo exécrables affectent toute la France sauf la Corse.
Le 19, c'est l'automne sur une large partie du pays, de fortes précipitations touchent de nombreuses régions et la fraîcheur est particulièrement marquée. On ne dépasse pas 14°C à Paris et il neige dès 1700m d'altitude sur les Alpes. Ce type de temps perdure durant les jours suivants et les professionnels du tourisme enregistrent d'importantes pertes, notamment sur le Nord-Ouest où l'été est particulièrement frais et perturbé.
Si le ressenti est moins automnal durant la première quinzaine d'août, c'est l'instabilité qui se montre récurrente et parfois forte avec une succession de violents orages entre l'Ouest et le Nord, provoquant des inondations, des dégâts dus au vent et d'importantes variations de températures en fonction des dégradations et des secteurs touchés.
Inondations suite à de violents orages en Charentes le 2 août 2011 - Météo-Villes
La fin du mois d'août sera plus chaude et même caniculaire au Sud, permettant aux températures moyennes de la saison estivale de s'élever sensiblement, ce qui n'empêchera pas le ressenti d'un été vraiment pourri, surtout sur le Nord du pays.
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