Une canicule exceptionnelle pour un mois de septembre cette année : 

La France a connu durant cette première quinzaine de septembre 2023 un épisode caniculaire particulièrement tardif et prononcé. Entre le 4 et le 10 septembre notamment, la chaleur s'est montrée généralisée à tous le pays avec un maximum d'intensité observé le 9 septembre où le seuil de forte chaleur (30°C) fut atteint ou dépassé sur 77% des stations du territoire et le seuil de très forte chaleur (35°C) sur 18% d'entre elles. Cette chaleur anormale fut engendrée par un blocage anticyclonique en oméga s'ancrant sur la France, permettant à de l'air très chaud venu d'Afrique du Nord de remonter vers notre pays en marge de deux gouttes froides entre la péninsule ibérique et la Grèce. 

Situation atmosphérique du 5 septembre 2023 - Wetterzentrale

Les valeurs ont en effet atteint des niveaux exceptionnels avec de très nombreux records de chaleur mensuels battus sur la France, certains parfois largement.

Records de chaleur observés durant la 1ère décade de septembre 2023 - Météo-Villes

Cet épisode de chaleur tardive est marquant à l'échelle de la France par son intensité et sa durée, il est en effet peu fréquent d'observer de telles températures sur une période aussi longue en fin de période estivale. Sur la moitié Nord du pays, où la chaleur fut la plus intense et la plus durable, celui-ci présente même un caractère véritablement exceptionnel.

La première décade de septembre 2023 fut la plus chaude jamais observée en France avec une anomalie de températures maximales atteignant souvent +8 à +10°C sur le Centre et le Nord du pays, jusqu'à +11°C à Préméry dans la Nièvre.

Anomalies de températures maximales sur la France du 1er au 11 septembre 2023 – Météo-France

Toutefois, d'autres vagues de chaleur ont déjà été observées sur notre pays durant cette période, certaines remontant même à plus de 100 ans. Les plus notables s'étaient déroulées en septembre 1895 et septembre 1911, mais ont-elles été plus intenses que celle que nous venons de vivre cette année ?

Septembre 1911 :

Après l'un des mois d'août les plus chauds et secs jamais observés en France, la première quinzaine de septembre conserve des allures de plein été. Une nouvelle période caniculaire concerne le pays, atteignant un maximum d'intensité entre le 6 et le 9 septembre sous l'influence d'un flux de Sud/Sud-Ouest faisant remonter de l'air particulièrement chaud de l'Afrique du Nord vers l'Ouest de l'Europe.

Réanalyse de la situation atmosphérique du 7 septembre 1911 – Via Wetterzentrale

Durant cette période, les températures atteignent des niveaux parfois records sur une large partie du pays. On relève jusqu'à 38°C à Toulouse, 36°C à Paris et même 35°C à Brest ! A Paris, les 30°C ont été dépassés quotidiennement du 2 au 9 septembre avec deux journées particulièrement chaudes où les 35°C ont été dépassés (maximale de 35,6°C le 9 septembre).

Évolution des températures du 1er au 14 septembre 2023 et 1911 à Paris – Météo-Villes

Sur la capitale, cette vague de chaleur fut donc très similaire à celle que nous avons observé durant ce mois de septembre 2023 même si la maximale de 35,6°C relevée le 9 septembre 1911 reste supérieure de 0,1°C aux 35,5°C relevé le 9 septembre 2023. Également, on peut noter que deux pics ont été observés en 1911 sur la capitale alors que les températures sont restées supérieures à 33°C durant 5 jours durant la première décade de 2023, une chaleur sensiblement plus durable et pénible donc qu'en 1911.

Du côté de Bordeaux, la chaleur fut plus forte durant la première décade du mois de septembre 1911 avec 7 jours au-dessus de 35°C entre le 1er et le 10 septembre dont une série exceptionnelle de 6 jours consécutifs entre le 4 et le 9. En 2023, le seuil des 35°C ne fut dépassé « que » 2 fois le 4 et le 9. Il est important également de noter que la maximale de 37,6°C du 8 septembre 1911 reste la température la plus élevée jamais relevée en septembre sur la ville.

Évolution des températures du 1er au 14 septembre 2023 et 1911 à Bordeaux – Météo-Villes

La vague de chaleur du début du mois de septembre 1911 fut donc plus intense que celle observée cette année sur cette région avec une chaleur exceptionnellement durable et même encore plus forte.

A l'échelle du pays, la situation de la première décade du mois de septembre 1911 présente de nombreuses similitudes avec celle que nous avons pu vivre cette année, notamment sur le Nord du pays où les maximales s'étaient avérées particulièrement élevées. Toutefois, cette vague de chaleur fut plus intense mais aussi plus durables sur certaines régions de l'Ouest et du Sud, on peut par exemple noter les 35°C relevés à Brest en 1911 alors que nous n'avons pas dépassé les 30,6°C cette année sur cette même station.

Septembre 1895 :

Le mois de septembre 1895 fut le plus chaud et sec de l'histoire des relevés météo sur notre pays. En début de mois, une vague de chaleur particulièrement marquée concerne de nombreuses régions sous l'influence d'une masse d'air chaude et anticyclonique remontant sur la France en marge d'une zone dépressionnaire sur l'Atlantique, une situation d'ailleurs similaire à celle observée cette année et en 1911.

Réanalyse de la situation atmosphérique du 8 septembre 1895 – Via Wetterzentrale

Si la chaleur et le temps sec perdurent la quasi totalité du mois sur une large partie de la France, la vague de chaleur observée entre le 2 et le 9 septembre est véritablement exceptionnelle et même inédite. Durant cette période, on atteint jusqu'à 37°C à Auxerre, 36°C à Rennes ou encore 35°C à Orléans et Bordeaux.

A Paris, la température avait atteint 35,5°C le 3 septembre avant une baisse relative puis 36,2°C le 7 septembre lors d'un nouveau pic, un record de chaleur pour septembre qui est d'ailleurs valable encore aujourd'hui plus de 120 ans plus tard.

Évolution des températures du 1er au 14 septembre 2023 et 1895 à Paris – Météo-Villes

Toutefois, il est important de noter que les mesures de températures se faisaient avec des abris ouverts qui avaient tendance à surestimer de 1 voire 2°C les températures maximales avant les années 1930. Si les conditions de mesures avaient été les mêmes qu'aujourd'hui, il est fortement probable que ce soit la maximale de 35,5°C relevée cette année qui ait établi un record mensuel fiable.

Sur le Sud de la France, la chaleur s'était montrée également particulièrement marquée durant quasiment tout le mois de septembre mais un premier pic avait également été observé durant la première décade. Sur cette période, les températures maximales avaient par exemple atteint jusqu'à 35°C le 6 septembre et la barre des 34°C avait été dépassée durant 7 des 10 premiers jours du mois.

Évolution des températures du 1er au 14 septembre 2023 et 1895 à Bordeaux – Météo-Villes

Ainsi, cette vague de chaleur s'était montrée sensiblement moins intense sur cette région par rapport à celle observée en septembre 2023. La chaleur s'est montrée sensiblement plus marquée cette année avec des maximales plus élevées mais également une chaleur un peu plus durable (si l'on excepte la journée du 5 septembre 2023). Ce mois de septembre 1895 fut toutefois exceptionnel sur le Sud-Ouest du pays, à Bordeaux justement, la moyenne des températures maximales fut de 30,0°C, soit 4,9°C au dessus des normales 1971-2000 !

A l'échelle du pays, cette vague de chaleur de la première décade de septembre 1895 fut relativement comparable à celle de septembre 2023, d'une part par son intensité mais également par sa durée. Toutefois, ce mois de septembre 1895 se démarque nettement par la durée exceptionnelle de la chaleur sur la quasi totalité du pays mais également par le temps extrêmement sec qui avait dominé, en effet, il faut remonter à octobre 1752 pour retrouver un mois aussi sec sur la France.

Températures mesurées à Paris et Bordeaux en septembre 1895 - via meteo-climat-bzh

Les vagues de chaleur observées au début du mois de septembre 1911 et 1895 présentent donc de nombreuses similitudes avec celle observée cette année. Si de nombreux records ont été battus en septembre 2023, la chaleur fut parfois plus marquée de façon plus localisée en 1911 mais aussi en 1895, parfois bien plus durable également. Néanmoins il est important de prendre en compte les méthodes de mesure de températures qui n'étaient pas exactement les mêmes qu'aujourd'hui et qui engendraient régulièrement des surchauffes.

Dans tous les cas, ce type d'épisode caniculaire tardif tant largement à se multiplier ces dernières années et la chaleur estivale en septembre semble peu à peu devenir la norme.