Anticyclone et grisaille : un soleil aux abonnés absents !
dimanche 6 janvier 2019Depuis plus de deux semaines, nous vivons une période anticyclonique nous protégeant de toute perturbation atlantique. Mais si le temps se montre majoritairement sec, le soleil reste aux abonnés absents !
Ceci est particulièrement le cas sur ces 10 derniers jours, où l'ensoleillement dépasse rarement les 10 heures sur de nombreuses villes de la moitié Nord. En Ile-de-France, la situation est même exceptionnelle : seulement 5 petites minutes de soleil en 10 jours à Trappes (Yvelines) et 11 minutes à Paris ! Seules les régions de montagne ainsi que le pourtour Méditerranéen profitent du plein soleil (près de 75h d'ensoleillement sur la même période à Nice).
Cette grisaille persistante est bel et bien dûe à la presence des hautes pressions, qui sont omniprésentes depuis le 23 décembre sur le pays. Ces derniers jours, le baromètre affiche voire dépasse localement les 1040hPa dans le Nord-Ouest du pays.
Pression atompshérique du 23 décembre 2018 au 5 janvier 2019 - Météociel
Lors de la présence d'un anticyclone au dessus de nos têtes, l'air froid présent en altitude descend en direction du sol dans un mouvement de spirale. Cette compression de l'air au niveau du sol explique la hausse de la pression atmosphérique : c'est alors que l'on parle de « hautes pressions ».
Plus une masse d'air est chaude, plus elle peut contenir d'humidité. La mesure de l'humidité (en %) est le ratio entre la quantité de vapeur d'eau contenue dans l'air et la capacité totale que cet air peut en contenir : on parle alors d' « humidité relative ». Autrement dit, à quantité de vapeur d'eau égale, un air froid sera plus humide qu'un air chaud.
Or, via cette compression, l'air se réchauffe en descendant. Par conséquent, la quantité de vapeur d'eau restant inchangée, cet air s'assèche. Il permet alors en période estivale de nous protéger de toute humidité, et nous garantit généralement le plein soleil.
Mécanisme atmosphérique de l'anticyclone - InfoMeteoBelgique
Mais la situation est différente lors de la saison hivernale. Dans notre cas, l'anticyclone qui stationne depuis presque trois semaines fait suite à une période agitée et humide vécue durant la première moitié de décembre (>>). Pour que cette humidité puisse se dissiper, il faut une hausse de la température, permise par les rayons du soleil. Mais à la différence d'une journée de plein été, le soleil est bien moins puissant en cette période de l'année. D'autant plus que nous avons passé le solstice d'hiver, date à laquelle la durée du jour est la plus courte dans l'Hémisphère Nord.
L'air ambiant et les couches les plus basses de notre atmosphère (celles proches du sol) ne sont alors pas assez réchauffées pour permettre une dissipation rapide de toute l'humidité présente, qui va se dématérialiser par une couche tenace de nuages bas. L'ensemble de ces nuages sont alors plaqués vers le sol (compression de l'air expliquée précédemment) et emprisonnés de façon durable par la présence de ces hautes pressions anticycloniques.
Images satellite les 28-30 décembre 2018 et 1er- 5 janvier 2019 - satellites Terra et Aqua
Cette couche de nuages bas reste pourtant peu épaisse. Il suffit généralement de prendre un peu d'altitude pour retrouver des conditions ensoleillées et un ciel clair (entre 500 et 1500m d'altitude en moyenne). Raison pour laquelle tous les massifs montagneux profitent d'un généreux soleil depuis la période de Noël, et sont les lieux adéquats pour admirer les fameuses "mer de nuages" !
Mer de nuages au dessus de la plaine de l'Aude - Les Brunels (600m d'altitude) - 31 décembre 2018 - Dorian Dziadula