Bilan météo et climatique de novembre 2023 : remarquablement humide et pluvieux
dimanche 3 décembre 2023Comme à chaque début de mois, nous vous proposons un bilan climatologique du mois écoulé. Place donc au bilan cartographié du mois de NOVEMBRE 2023 en termes de température, pluviométrie et ensoleillement sur un panel de 73 stations*. Les statistiques sont calculées sous la moyenne climatique officielle de la période 1991-2020.
La série n'en finit plus. Malgré un ressenti un peu biaisé par les conditions humides (voir plus bas), novembre 2023 a été un nouveau mois de douceur, avec un excédent thermique atteignant +1.1°C sur notre panel de stations. Il s'agit du 22e mois consécutif sans repasser sous les moyennes de saison, série inédite dans l'histoire climatique française. Nous sommes toutefois au-delà du top 10 des mois de novembre les plus doux depuis un siècle, et à bonne distance du record de novembre 1994 (+2.4°C).
Moyenne de l'indicateur thermique national en novembre depuis 1946 - Infoclimat
Les températures ont tout d'abord fluctué autour des moyennes lors de la première décade. L'excédent a toutefois été porté par une seconde décade nettement plus douce (anomalie de +3.0°C entre le 11 et le 22 novembre, journée la plus douce le 14 novembre). Il aura fallu attendre la toute fin de mois pour renouer avec des conditions un peu plus hivernales, repassant sous les normales à partir du 25 novembre (journée la plus froide le 26).
Anomalie de la température quotidienne en novembre 2023 en France - écart à la moyenne 1991-2020 - Infoclimat
Pour ce mois de novembre, la douceur a été quasi-généralisée, avec une anomalie parvenant à dépasser les +1.5°C voire approchant les +2°C sur plusieurs villes allant des Pyrénées au Nord-Est, en passant par le Centre-Val-de-Loire (+1.8°C à Biarritz, et jusqu'à +1.9°C à Mont-de-Marsan, Colmar et Romorantin).
Il fallait se trouver dans le quart Sud-Est du pays pour se rapprocher des valeurs de saison. Sur les Alpes et plus localement en Provence, le bilan de ce mois est même plus frais que la moyenne, avec -0.2°C à Marseille-Marignane, -0.9°C à Embrun et jusqu'à -1.2°C pour Bourg-Saint-Maurice.
Sur le réseau secondaire, les extrêmes sont de +2.4°C à Solenzara (Corse-du-Sud) et +2.3°C à Ligneres-de-Touraine (Indre-et-Loire) du côté des excédents. Pour les déficits thermiques, il fallait être sur les pentes Vosgiennes et Jurassiennes avec -1.7°C au Ballon-de-Servance (Haute-Saône) et -1.8°C à Belmont (Bas-Rhin).
Il s'agit probablement du fait le plus notable de ce mois de novembre : la pluie ! Après une fin de mois d'octobre déjà très arrosée, la tendance s'est poursuivie les semaines suivantes, portant un excédent très notable de +51% à l'échelle nationale en novembre 2023 sur notre panel de stations.
Une série de 32 jours consécutifs de pluie a été constatée sur le pays du 18 octobre au 18 novembre inclus (1 jour de pluie = 1mm agrégé à l'échelle national), il s'agit d'un record ex-aequo avec les 32 jours du 12 janvier au 12 février 1988. Toutefois, avec 243mm en moyenne sur le pays sur cette période, il s'agit de la séquence la plus arrosée jamais mesurée en France (devançant les 203mm du 20 septembre au 17 octobre 1993).
Historique des épisodes de pluie d'au moins 25 jours consécutifs en France - Météo-France
Cette séquence pluvieuse exceptionnelle a été causée par la mise en place d'un "zonal", un régime d'Ouest survitaminé causant une succession quasi-ininterrompue de fronts océaniques actifs et parfois même tempétueux.
En point d'orgue, le passage de plusieurs tempêtes et coups de vents : Domingos le 4 novembre (>>), Frederico le 16 novembre (>>) mais surtout la tempête Ciaran le 2 novembre dans le Nord-Ouest et plus principalement en Bretagne, accompagnée de vents catastrophiques (207km/h sur la Pointe du Raz). Cette dernière a occasionné des dégâts majeurs sur cette région, provoquant deux morts, et privant d'électricité plus d'un million de foyers, pour certains durant plus d'une dizaine de jours (voir le bilan complet de cette tempête sur notre actualité dédiée >>).
Rafales maximales de la tempête Ciaran en nuit et journée du jeudi 2 novembre 2023 - Météo Villes
Une telle série humide n'a pas été sans conséquences. Alors que nous étions a des niveaux de sécheresse des sols records à la mi-octobre, ces 5 semaines de précipitations abondantes ont inversé la situation de manière radicale, avec des sols désormais totalement saturés sur les 2/3 du pays (seul le pourtour méditerranéen reste en déficit). Ces pluies ont fini par provoquer une réaction généralisée des cours d'eau, entrant en crue sur de nombreuses régions (>>).
Plusieurs vigilances rouge pour crues ont été déclenchées. Il s'agissait notamment de la Haute-Savoie les 14/15 novembre pour une crue de l'Arve. Mais les inondations les plus catastrophiques ont été observées sur le Pas-de-Calais avec plusieurs crues historiques de l'Aa, de la Canche, de la Lys, de la Liane et de l'Hem (>>, >>).
Indice d'humidité des sols en France sur l'année 2023 (jusqu'au 20 novembre) - Météo-France
Ce bilan de +50% est même quelques peu biaisé par un pourtour Méditerranéen n'ayant reçu que très peu de pluie (le flux d'Ouest étant peu favorable à de l'humidité sur ces régions). Sur l'ensemble des villes littorales, le déficit est important, compris entre -60% et -90% (-81% à Nîmes, -83% à Hyères, -87% à Montpellier et -91% à Perpignan). Le Roussillon qui reste d'ailleurs dans une situation très inquiétante de sécheresse depuis bientôt deux ans.
Partout ailleurs, l'excédent a été élevé et notable. Un excédent atteignant en moyenne sur notre panel les +70 à 90% sur l'Ile-de-France et le Grand-Est, +100 à +110% sur la Basse-Normandie, +130 à 160% en Baie de Somme et Pas-de-Calais, jusqu'à +180% en Nouvelle-Aquitaine, et parfois bien au-delà des +200% sur les Alpes.
Pour notre panel, les valeurs les plus élevées sont de +130% à Mont-de-Marsan, +134% à Calais, +136% à Brive, +153% à Embrun, +160% au Touquet et jusqu'à +223% à Bourg-Saint-Maurice. Sur le réseau secondaire de Météo-France, les plus gros excédents sont à mettre à l'actif des départements Savoyards et Haut-Savoyards, avec +248% à Beaufort-sur-Doron, +287% à Tignes, et même un impressionnant +436% à Vallorcine (soit plus de 5 fois la moyenne mensuelle).
Traduit en termes de cumuls, et hors régions Méditerranéennes, la plupart des villes du panel sont parvenues à franchir la barre des 100mm. Les Alpes, le Pas-de-Calais, la Nouvelle Aquitaine, l'Ouest du Massif-Central, le Finistère et le Cotentin ont été les régions les plus arrosés avec des cumuls de pluie y dépassant les 200mm voire même bien davantage localement. Pour notre panel, les maximums sont pour les villes de Mont-de-Marsan (242mm), Cherbourg (246mm), Bordeaux (247mm), Bourg-Saint-Maurice (271mm), Le Touquet (297mm), et une impressionnante valeur de 411mm à Biarritz.
Trois stations ont dépassé les 600mm sur ce mois de novembre sur le réseau secondaire sur le nord des Alpes avec 637mm à Vallorcine (Haute-Savoie) et dans le Cantal (635mm au col de Prat-de-Bouc et 634mm au Lioran). Pour le Pas-de-Calais soumis à des inondations historiques, la station la plus arrosée est Nielles-lès-Bléquin avec 347mm.
Sur le Languedoc, le Roussillon, en Provence, et sur la Corse orientale, les cumuls ont été a contrario assez faibles, compris en moyenne entre 10 et 30mm seulement. C'est sur le Roussillon où ces pluies ont été les plus insignifiantes avec seulement 7mm à Perpignan, et même 5.6mm à Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales), minimum national du réseau secondaire.
En termes d'ensoleillement, le bilan se montre un peu plus contrasté. Néanmoins, cette phase océanique très humide et donc porteur de nébulosité a permis à ce mois de novembre de terminer en léger déficit d'ensoleillement, de l'ordre de -6% à l'échelle nationale sur notre panel de stations.
Du côté des excédents, il fallait se rendre dans le Sud-Est, là où les plus ont été les plus faibles. Sur le Sud de Rhône-Alpes, l'Est de l'Occitanie, Provence et Corse orientale, le soleil s'est manifesté 10 à 20% de plus que la moyenne habituelle, atteignant même jusqu'à +25% pour la ville de Nice. Sur la moitié Nord, une partie du bassin Parisien et du Val de Loire s'en sortent également plutôt bien avec un excédent entre +5 et +15%, allant même jusqu'à +17% pour la station du Mans.
Du côté des déficits, l'Est et le Nord-Est du pays ont été bien peu avantagés lors de ce mois de novembre côté ciel, avec une anomalie de -40 à 50% sur le Nord des Alpes, en Franche-Comté et sur plusieurs localités du Grand-Est (jusqu'à -41% à Besançon, Luxeuil et Strasbourg, et même -45% à Bourg-Saint-Maurice). Le déficit, bien que moindre, est également quasi-généralisé dans le Sud-Ouest, le long des côtes de la Manche et sur les Hauts-de-France (-10 à -30% selon les villes).
Les côtes de la Manche, le quart Nord-Est et le nord des Alpes ont donc été les secteurs les moins ensoleillés de ce mois de novembre 2023, avec une durée totale d'ensoleillement peinant à dépasser ou tout simplement à approcher la barre des 50 heures cumulées. Notons des minimums de 44h à Besançon, 43h au Touquet, 42h à Luxeuil, 34h à Charleville-Mézières et 32h pour Strasbourg. Le minimum sur le réseau secondaire a été mesuré au Ballon de Servance (Haute-Saône) avec une durée totale de seulement 17 heures.
Si nous avons observé en moyenne autour de 80 à 90 heures de soleil sur l'Ouest du pays, en Auvergne et vallée du Rhône, c'est une nouvelle fois dans le Sud-Est où cet ensoleillement a été le plus généreux, dépassant même les 150 heures au bord de la Méditerranée. Les maximums sont pour Perpignan (169h), Marseille-Marignane (172h), Le Luc (188h) et Nice (189h).
Récapitulatif :
* PANEL DE 73 STATIONS
Température – pluviométrie – ensoleillement :
Agen, Ajaccio, Albi, Alençon, Angers, Aurillac, Bastia, Beauvais, Bergerac, Besançon, Biarritz, Bordeaux, Bourg-Saint-Maurice, Bourges, Brest, Brive, Caen, Calais, Carcassonne, Charleville-Mézières, Chartres, Châteauroux, Cherbourg, Clermont-Ferrand, Cognac, Colmar, Dijon, Embrun, La-Roche-sur-Yon, Langres, Le Mans, Le-Puy-en-Velay, Le Touquet, Limoges, Lorient, Luxeuil, Lyon-Bron, Mâcon, Marseille-Marignane, Melun, Millau, Mont-de-Marsan, Montélimar, Montpellier, Nancy-Essey, Nantes, Nevers, Nice, Nîmes-Courbessac, Niort, Orléans, Paris-Montsouris, Perpignan, Poitiers, Rennes, Saint-Brieuc, Saint-Etienne, Saint-Dizier, Saint-Auban, Saint-Geoirs (Grenoble), Saint-Girons, Saint-Quentin, Strasbourg, Rouen, Tarbes, Toulouse-Blagnac, Tours, Troyes.
Température – pluviométrie (absence partielle ou totale de données d’ensoleillement) :
Abbeville, Lille, Metz, Hyères, Romorantin.