Dépression Mortimer : coup de vent durant les grandes marées d'equinoxe
lundi 30 septembre 2019L'automne est désormais d'actualité sur l'Hémisphère Nord, alors souvnt signe des premiers coups de vent de la saison. Ce dimanche 29 septembre, c'est une dépression nommée Mortimer (par les services météorologiques Allemands) qui s'est creusée sur l'Angleterre (près de 990hPa) provoquant un coup de vent sur la moitié Nord et notamment sur les côtes de la Manche.
Analyse générale du 29 septembre 2019 - DWD - Université de Berlin
Un coup de vent tout à fait classique et sans sévérité particulière puisque les rafales n'ont pas dépassé les 110km/h, et ont franchi la barre des 100km/h pour la plupart sur les caps les plus exposés (106km/h à Barfleur, 103km/h au Cap Gris Nez). Toutefois, quelques grosses rafales ont été relevées sur des stations à l'intérieur des terres : 99km/h à Goin (aéroport Metz-Nancy-Lorraine) ou encore 98km/h à Méaulte (aéroport d'Amiens-Picardie).
Si ce coup de vent était presque anecdotique, il s'est toutefois produit lors des grandes marées d'equinoxe (coefficient de 113 à 115). La forte houle ainsi qu'une petite surcote de "tempête" ont alors provoqué une submersion marine sur certains secteurs de la côte Atlantique et des côtes de la Manche, sans provoquer de réel dégâts.... mais attirant de nombreux touristes venu profiter du spectacle lors de la pleine mer, parfois en totale inconscience !
Forte houle et submersion à Wimereux (Pas-de-Calais) - 29 septembre 2019 - Florian Bigand via Infoclimat
Submersion marine à Arcachon (Gironde) - 29 septembre 2019 - Florian Clément via Infoclimat
L'equinoxe (d'automne ou de printemps) est généralement propice aux tempêtes en raison des importants conflits de masse d'air qui prévalent à cette période. Lorsqu'elles coïncident malheureusement avec les grandes marées, ces tempêtes peuvent parfois créer des dégâts plus importants... Les plus grandes tempêtes d'equinoxe ce sont toutefois produites autour de l'équinoxe de printemps (période froide) lorsque le courant jet d'altitude passe de façon plus fréquente sur la France :
27-28 février 2010 : Xynthia
Probablement la plus connue et l'une des plus récentes, la tempête Xynthia. Cette dernière avait provoqué une surcote rarement atteinte d'environ 1m50 à La Rochelle. Comme Xynthia est arrivée lors de la pleine mer d'une marée d'équinoxe à fort coefficient (102), la combinaison des deux phénomènes a provoqué des inondaitons majeures et catastrophiques sur la frange littorale de Charente-Maritime et de Vendée. La puissance de la houle a défoncé des digues et noyé de nombreux lotissements abrités derrière, causant 47 décès en France (59 au total en Europe)
Lotissement de l'Aiguillon-sur-Mer (Vendée) sous les eaux & Dégats sur Le Remblai des Sables d'Olonne (Vendée) - 28 février 2010 - Infoclimat
29 mars 1979 :
Le 29 mars 1979, une tempête frappe la côte Ouest de la France. Combiné aux grandes marées, une forte submersion est observée avec jusqu'à un millier de maisons inondées à Saint-Malo, et jusqu'à 1m20 d'eau dans certaines rues.
Digue rompue à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) - JT du 29 mars 1979
5 avril 1962 :
Une très violente tempête associée à une forte marée d’équinoxe provoque de très importants dégâts sur le littoral breton et normand. Saint-Malo et l’ouest du Cotentin sont particulièrement éprouvés, les vagues emportent des digues et mettent certaines maisons dans de dangereuses positions.
Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) envahi par la mer - avril 1962
13-14 mars 1937 :
Un violent coup de vent à une forte marée d’équinoxe provoquent d’importants dégâts matériels sur tout le pays, et notamment sur les côtes. Dans les terres, cette tempête est par ailleurs à l'origine d'une catastrophe ferroviaire sur la ligne Paris-Mont Dore (13 morts).
20 septembre 1930 :
L'évènement fut essentiellement maritime et provoqua un bilan humain et matériel terrible : 207 morts, 127 veuves, 191 orphelins, 27 bateaux perdus, 50 navires hors service et plus de 400 plus ou moins avariés. Combinée aux marées d’équinoxe, la tempête provoqua des vagues gigantesques à l'origine du désastre, en Bretagne notamment. La majeure partie des accidents eurent comme cause la destruction des tableaux arrière des bateaux, frappés par d'énormes déferlantes. Des anémomètres seraient restés bloqués par des rafales à 200 km/h sur la pointe bretonne mais le matériel de l'époque ne permettait pas la mesure du vent selon les critères d'aujourd'hui et les valeurs obtenues ne peuvent être considérées qu'à titre indicatif.
La tragédie est régulièrement commémorée et a fait l'objet de plusieurs expositions au musée des thoniers d'Etel (>>, >>).
Retrouvez ces évènements et bien d'autres via notre chronique (>>) et notre almanach (>>).