L'arrivée de l'automne est le synonyme de l'installation de la saison saison froide sur l'Hémisphère Nord. Et qui dit saison froide, dit également fin de la fonte estivale des glaces au niveau de l'Arctique.

Cette fin de fonte de la banquise intervient généralement au mois de septembre. En cette année 2021, la bascule s'est effectuée lors de la journée du 16 septembre, date à laquelle l'étendue minimale a été atteinte. Désormais, les glaces se reconstituent, avec une croissance dépassant parfois les 100.000km2 par jour.

Évolution (croissance/fonte) de l'étendue de la banquise Arctique en 2021 (en km2) - Zachary Labe

Ce 16 septembre 2021, cette banquise Arctique était étendue sur 4,724 millions de km2. Ce minimum annuel est un répit par rapport aux années précédentes, marquées par des records en série : il s'agit de la 12e étendue la plus basse depuis le début des analyses satellites (en 1979), mais il s'agit surtout de la valeur la plus élevée depuis l'année 2014.

En effet, la banquise avait davantage fondu lors des années 2015 à 2020 compris. Les étés 2019 et 2020 avaient même été catastrophiques, se plaçant au 3e et 2e rang des étendues les plus basses jamais observées.

L'an dernier, le 16 septembre 2020, cette banquise était même descendue sous les 4 millions de km2 (3.818 millions de km2). Le record absolu reste néanmoins la journée du 17 septembre 2012 où cette banquise ne mesurait plus que 3.387 millions de km2.

Minimums annuels d'étendue de la banquise Arctique depuis 2002 (en millions de km2) - Zachary Labe

Si nous notons donc une timide amélioration par rapport aux années précédentes, la tendance de fond reste malheureusement inquiétante, voire catastrophique. En septembre 2021, la banquise était étendue en moyenne sur 4.92 millions de km2, soit environ 1.5 millions de km2 de moins que la moyenne observée sur la période 1981-2010. Ce déficit s'est par ailleurs légèrement creusé début octobre, approchant les 2 millions de km2 de moins que la moyenne.

Anomalie de l'étendue de la banquise Arctique (en million de km2) par rapport à la moyenne 1981-2010 - Zachary Labe

Sur plus de 40 ans de mesures (période 1979-2021), l'évolution démontre une fonte globale sensible, évaluée à environ 81 200km2 chaque année en septembre, soit 12.7% de perte de glace tous les 10 ans. A ce rythme, l'Arctique pourrait être en majeure partie libérée des glaces l'été (< 2 millions de km2) d'ici l'horizon 2050.

Evolution de la banquise Arctique en septembre depuis 1979 (en million de km2) - NSIDC

Preuve s'il en est de l'état inquiétant de cette banquise : des scientifiques ont constaté la présence d'une polynie (étendue d'eau libre entourée par la banquise) en mai 2020 durant deux semaines, au nord de l'île d'Ellesmere (extrême Nord du territoire Canadien du Nunavut, près du Groenland).

Cette zone était pourtant réputée comme contenant la glace la plus épaisse de l'Arctique, et était prévue comme la dernière à perdre sa glace pérenne, offrant un refuge important aux espèces dépendant de la glace. Aucun rapport d'une telle fonte n'avait été constatée jusqu'alors sur cette zone refuge (plus d'informations sur l'article scientifique paru en août 2021 >>).

Observation de polynies au nord de l'Ile d'Ellesmere en mai 2020 - NASA EOSDIS