Après un mois de septembre plus humide, un certain nombre de régions ont vu la sécheresse s'atténuer. Cependant, le problème de la sécheresse est très loin d'être résolu ! Point complet sur la situation.

Des sols encore trop secs

Après un été excessivement sec, le mois de septembre 2022 avait marqué le retour de conditions plus perturbées avec des précipitations fréquentes liées à une activité orageuse assez importante. À échelle nationale, un excédent pluviométrique de 19% avait été enregistré, malgré de fortes disparités régionales. Ainsi, il était tombé 209 mm à Montpellier, 211 mm à Calais et 220 mm à Biarritz ! En revanche, les cumuls furent plus limités dans l'ouest avec seulement 35 mm à Angers ou 39 mm à Bordeaux. C'est dans l'est de la Corse qu'il avait le moins plu avec seulement 9 mm à Bastia.

Cumuls de pluie en France durant le mois de septembre 2022 - Météo Villes

Ces pluies de septembre ont permis d'atténuer la sécheresse, sans pour autant résoudre le problème. Les cartes ci-dessous montrent l'indice d'humidité des sols début septembre puis début octobre 2022. On constate que si la sécheresse s'est effectivement atténuée, la plupart des régions restent en roses ou en rouge, signalant une humidité des sols toujours déficitaire en surface. C'est dans l'ouest et que le sud que l'amélioration de la situation a été la plus limitée. En ce mois d'octobre, les sols sont toujours beaucoup trop secs des départements océaniques jusqu'à la Méditerranée.

Écart à la normale de l'indice d'humidité des sols au 1er septembre et au 3 octobre 2022 - via Météo France

De plus, des conditions nettement moins arrosées ont pris le relais depuis le début du mois d'octobre 2022. Sur les 12 premières journées du mois, il n'est pas tombé une goutte de pluie à Marseille tandis qu'on a mesuré à peine 1 mm entre Toulouse & Montpellier et 3 mm à Agen & Montélimar. Le nord-ouest n'est pas mieux loti avec seulement 2 mm à Alençon, 3 mm à Paris & Rennes, 4 mm à Orléans & Caen ou encore 5 mm à Rennes. Nice tire son épingle du jeu avec 108 mm, principalement en raison d'un orage diluvien s'étant produit dans la nuit du 8 au 9 octobre.

Cumuls de pluie en France entre le 1er et le 12 octobre 2022 - Météo Villes

Nappes basses et restrictions maintenues

Si les pluies de septembre ont pu soulager (au moins temporairement) la végétation en surface, elles n'ont que peu pénétré jusqu'aux nappes phréatiques en raison des sols encore excessivement secs après l'été chaud et aride. Seul les nappes du Languedoc ont vu leur niveau remonter jusqu'à des niveaux proches de la norme (grâce aux multiples épisodes pluvio-orageux de septembre). De nombreuses nappes du pays conservent des niveaux modérément bas (en jaune) à bas (en orange). Comme l'indique le BRGM, la situation reste particulièrement préoccupante au sud-est, sur le Bas-Dauphiné, la Provence et la Côte-d’Azur.

État des nappes phréatiques en France au 1er octobre 2022 - via BRGM

Avec des nappes phréatiques encore basses et des cours d'eau qui n'ont pas toujours retrouvé des débits suffisants, rares sont les départements à avoir levé les restrictions (comme le Bas-Rhin ces derniers jours). Comme nous l'avons vu plus haut, c'est dans le nord et l'ouest de la France que l'amélioration constatée en septembre fut la plus limitée. En toute logique, ce sont dans ces régions où le niveau de crise (en rouge sur la carte ci-dessous) reste activé le plus fréquemment. À titre d'exemple, l'intégralité de la Bretagne est toujours en niveau maximal, interdisant les prélèvements y compris à des fins agricoles.

Arrêtés de restrictions d'eau en vigueur au jeudi 13 octobre 2022 - via Propluvia

Une sécheresse amenée à perdurer ?

Un flux de sud s'apprête à se mettre en place sur la France avec un épisode de chaleur tardive débutant dès ce week-end par le sud puis perdurant une bonne partie de la semaine prochaine. Selon les dernières modélisations, l'excédent thermique des 7 prochains jours devrait s'établir entre 4 et 6°C sur une grande partie de la France avec des valeurs culminant entre 25 et 30°C ! Ces chaleurs automnales vont contribuer à assécher les sols. À court terme, il faut donc plus s'attendre à une aggravation qu'à une amélioration du point de vue de la sécheresse.

Anomalie thermique modélisée sur l'Europe entre le 13 et le 20 octobre 2022 - via tropicaltidbits.com

À plus long terme, les signaux ne sont pas forcément plus rassurants. Les modèles saisonniers peinent à modéliser des anomalies humides sur la France. D'ailleurs, les projections pour l'hiver 2022-2023 envisagent une anomalie de hauts géopotentiels sur l'Europe, dont la France. Celle-ci pourrait induire des pressions plus élevées que la normale et donc des précipitations possiblement déficitaires. Il reste à espérer que ces tendances à long terme, qu'il faut prendre avec des pincettes, se trompent...

Modélisation de l'anomalie de géopotentiels pour l'hiver 2022-2023 - via ECMWF

Nous sommes donc encore très loin d'être débarrassés de la problématique de la sécheresse. À ce titre, vous pouvez lire notre article expliquant pourquoi il est important qu'il pleuve cet automne et cet hiver >>>