Nous sommes maintenant à seulement quelques jours de la fin de l'hiver météorologique (1er mars) et à moins d'un mois de la fin de l'hiver calendaire. Toutefois, la fin de l'hiver ne rime pas forcément avec le retour de la douceur printanière, des vagues de froid tardives restent en effet possibles jusqu'au début du printemps et des épisodes parfois notables ont déjà été observés par le passé en France, notamment au cours du mois de mars.

Mars 2018 : vague de froid tardive venue de l'Est de l'Europe en seconde partie de mois

Après une première quinzaine de mars présentant les premières sensations printanières sur le pays, un flux plus continental s'était mis en place à partir de la mi-mars avec le retour de températures bien plus hivernales.

Entre le le 17 et le 22/23 mars notamment, de l'air continental polaire s'était en effet écoulé de la Russie vers la France, perdurant durant moins d'une semaine mais apportant des températures particulièrement basses pour la période sur de nombreuses régions. Plusieurs journées sans dégel avaient ainsi pu être observées sur le Nord et le Nord-Est avec par exemple pas plus de -1,7°C à Langres (52) le 18 mars, journée la plus froide de l'épisode.

Températures maximales les plus basses observées le 18 mars 2018 en France - Météo-Villes

Cet épisode fut également accompagné de chutes de neige sur bon nombre de régions françaises. Celle-ci avait d'abord concerné le Nord entre le 17 et le 18 avec jusqu'à 20cm au sol dans le Val d'Oise et des flocons tenant au sol jusqu'en Normandie et à Paris.

La neige s'était ensuite propagée plus au Sud, entre le 19 et le 21 mars, touchant la côte Atlantique le 19 et même les régions méditerranéennes entre le 20 et le 21 mars. On avait ainsi pu relever plusieurs centimètres sur les premières hauteurs de Marseille le 21 mars, l'une des chutes de neige les plus tardives jamais observée sur le secteur.

Chutes de neige à Marseille le 21 mars 2018 – Météo-Villes

Mars 2013 : le plus froid depuis 20 ans en France avec d'importants épisodes neigeux

Après un début de mois une nouvelle fois assez printanier, une coulée froide venue de l'Est de l'Europe s'étend vers la France à partir du 11 mars. Cet air froid entrant en conflit avec de l'air assez doux et humide encore présent sur le Sud du pays, une perturbation neigeuse très active concerne le Nord de la Bretagne, la Normandie, la Picardie et les Hauts-de-France où on relève parfois plus de 20-30cm en quelques heures. Ces chutes de neige persistent d'ailleurs le lendemain et c'est un véritable blizzard qui concerne une large partie des régions situées au Nord de la Loire.

Les régions du Cotentin à la Normandie sont particulièrement concernées par ces chutes de neige où les quantités deviennent exceptionnelles, dépassant plusieurs dizaines de centimètres avec des congères de plusieurs mètres, soufflées par les fortes rafales de vent de Nord-Est. De nombreux secteurs sont littéralement coupés du monde à la suite de cet épisode.

Situation exceptionnelle à Gonneville (50) avec d'impressionnantes quantités de neige soufflées par le vent - Météo-Villes

Alors qu'un temps plus calme reprend le dessus par la suite, le froid s'accentue nettement les jours suivants avec des matinées particulièrement froides pour la période. Le matin du 13 mars fut d'ailleurs le plus froid et de nombreux records mensuels de températures minimales avaient pu être relevés sur le Nord du pays.

• -15°C à Chapet (78),
• -14°C à Marville (27),
• -14°C à Charleville-Mézières RECORD MENSUEL
• -12,5°C à Achères (78),
• -12°C à Longchamps (75),
• -11,5°C à St-Quentin (02) RECORD MENSUEL
• -11,5°C à Cambrai (59) RECORD MENSUEL
• -11°C à Pontoise (95) RECORD MENSUEL
• -11°C à Evreux (27) RECORD MENSUEL
• -10,5°C à Lille (59) RECORD MENSUEL
• -10°C à Herblay et Toussus-le-Noble (78)

Le froid persistera ensuite jusqu'en fin de mois, toutefois sensiblement moins intense mais restant marqué pour un mois de mars. Les gelées matinales resteront récurrentes, notamment sur le Nord et l'Est du pays avec même quelques journées sans dégel sur le Nord-Est durant la dernière décade, ce qui reste très inhabituel au début du printemps.

On observera également plusieurs épisodes neigeux jusqu'en dernière décade, plus localisés mais parfois tout aussi impressionnants comme du côté des Alpes entre le 18 et le 19 mars avec des cumuls dépassant parfois 50-60cm à basse altitude du côté des Hautes-Alpes.

60cm de neige à Gap (05) le 18 mars 2013 – Météo-Villes

Mars 2010 : une première quinzaine encore très hivernale

Dans la continuité d'un hiver 2009/2010 plus froid que la moyenne sur la France, la première quinzaine du mois de mars est restée très hivernale sur de nombreuses régions. Du 5 au 12 mars, la 5ème vague de froid de l'hiver concerne le pays en liaison à la mise en place d'un flux continental apportant un air polaire venu de Russie.

Outre des températures hivernales et quelques chutes de neige sur un quart Nord-Est le 6 mars, c'est entre le 7 et le 10 mars que les régions méditerranéennes sont concernées par plusieurs épisodes neigeux particulièrement impressionnants. Entre le 7 et le 9, on mesure plusieurs dizaines de centimètres de neige du côté du Languedoc, de l'Ouest de la Provence et du Roussillon, 30 à 45cm à Nîmes, 25cm à Arles, 15cm à Montpellier et parfois plus de 70cm dans l'intérieur des Pyrénées-Orientales !

Neige à Nîmes et Perpignan au le 7 mars 2010 – Météo-Villes

La neige atteint ensuite les premières hauteurs de la Corse le 9 mars avec parfois plus de 50 à 70cm d'or blanc dès 400/500m d'altitude.

Dans le même temps, le Nord du pays conserve un temps sec mais froid avec des gelées généralisées, on descend parfois sous les -10°C en plaine d'Alsace au matin du 12 mars avant qu'une masse d'air plus douce n'envahisse de nouveau le pays par l'Ouest.

Mars 1975 : Retour de la neige pour le début du printemps

Après un début d'année régulièrement doux, la tendance s'inverse à la mi-mars 1975 avec l'arrivée d'une masse d'air polaire venue du Nord de l'Europe sur la France. Entre le 17 et le 20 mars, froid et neige concernent de nombreuses régions, compliquant les départs en vacances de Pâques.

La neige se montre notamment abondante sur le Nord et le Nord-Est du pays. On relève par exemple 10cm à Mâcon le 17 mars ou encore 9cm à Metz mais c'est surtout entre le 19 et le 20 mars que celles-ci se montrent les plus abondantes. Le premier jour du printemps calendaire voit en effet une tempête de neige d’une rare violence entre la Région parisienne, l’Alsace-Lorraine, la Champagne, le Centre et le Limousin. On mesure jusqu'à 20cm à Paris où l’on skie dans les parcs.

Neige abondante pour la période à Paris le 19 mars 1975 – Météo-Villes
 

Mars 1971 : L'un des plus froids depuis le début des relevés météorologiques en France

Après une vague de froid intense observée au cours de la période des fêtes de fin d’année 1970, une deuxième vague de froid très marquée concerne la France entre le 27 février et le 9 mars. Le 6 mars, il neige abondamment sur un grand quart Nord-Ouest mais également sur la Côte d’Azur et la Corse. On mesure jusqu'à 25cm à Cannes (où la température descend à -10°C) ou encore 9cm de neige au port de Bastia. 50 villages sont d'ailleurs isolés par la neige en Haute Corse.

Cumuls neigeux relevés au début du mois mars 1971 sur le Sud-Est - Météo-France

Sur le Reste du pays ce froid se montre plus sec mais les températures sont particulièrement basses avec jusqu’à -10°C à paris, -12°C à Grenoble, -18°C à Luxeuil-les-Bains, -29°C à Morbier (Jura), des températures impressionnantes pour la période.

Températures maximales du 6 mars 1971 et minimales du 7 mars 1971 - Météo-Villes

Mars 1946 : Vague de froid et neige abondante en début de mois

Le début du mois de mars 1946 est marqué par un épisode neigeux exceptionnel sur le Nord et l’Est du pays sous l'influence d'une masse d'air polaire venue du Nord-Ouest de l'Europe.

D’abondantes chutes de neige se produisent entre le 1er et le 3 mars et notamment sur la région parisienne. On mesure jusqu’à 40cm à Paris, 55cm à Trappes et sur les collines des Yvelines, plus de 20cm sur les pays de la Loire et près de la Belgique. Ce froid perdure ensuite plusieurs jours avant un regain de douceur marqué pour la fin du mois de mars et le début du mois d’avril.

Les terrasses parisiennes sous près de 40cm de neige début mars 1946 – Via Meteo-Paris

Nombreux sont donc les exemples de vagues de froid tardives s'étant déroulées entre la fin de l'hiver et le début du printemps en France. Le mois de mars représente en effet un mois de transition entre l'hiver et le printemps avec parfois des périodes de douceur potentiellement marquées mais toujours un risque de vagues de froid pour l'être tout autant.

Des vagues de froid restant possibles jusqu'en avril ? 

A partir du mois d'avril, le risque de vagues de froid durables devient bien plus timoré, toutefois, il arrive que des coups de froid temporaires durant tout au plus 2 à 3 jours puissent se produire durant cette période. On se souvient par exemple du coup de froid tardif du 5 au 8 avril 2021 qui s'était déroulé après une période de grande douceur.

Durant 3 jours, un froid hivernal avait de nouveau envahit la France avec des températures s'abaissant largement sous les normales de saison, notamment les nuits où de nombreux records de froid pour un mois d'avril étaient tombés. Parmi eux, on note -7,4°C à Saint-Étienne, -6,9°C à Beauvais, -5,4°C à Orléans ou encore -4,2°C à Avignon.

Records de froid battus entre le 5 et le 8 avril 2021 -  Météo-Villes

Ce gel tardif fut dévastateur pour les cultures, notamment les arbres fruitiers dont les vignes. Dans la Drôme et l'Ardèche, certains domaines avaient perdu 80% de leurs futures récoltes.

Dans un passé plus lointain, on se souvient également du mois d'avril 1991 où une vague de froid tardive avait concerné le pays durant la dernière décade. Le 20 avril 1991, le Nord-Est de la France subit de fréquentes averses de neige et la circulation est même fortement perturbée en Seine-et-Marne. Des giboulées neigeuses se déclenchent même jusqu'en Corse comme à Bastia où le grésil et la neige roulée tapissent les sols le 21 avril 1991.

Après le passage de l'instabilité, les gelées se généralisent durant les nuits du 21 et du 22 avril 1991. Les températures descendent alors entre 0 et -5°C sur une grande partie des régions françaises mais certaines régions voient le thermomètre s'abaisser à des niveaux records. On mesure -6°C à Nancy, -8°C à Charleville-Mézières et même localement jusqu'à -11°C en plaine de Limagne en Auvergne ! Ce gel est là aussi dévastateur pour les cultures, d'autant qu'il survient 10 jours après des températures quasi-estivales.

Températures minimales des 21 et 22 avril 1991 - archives Météo France

On peut également noter l'épisode hivernal très tardif de la dernière décade d'avril 1976. Les 23 et 24 avril 1976, il neige sur le nord et l'est de la France. Cette neige lourde et collante tient parfois au sol, notamment dans les régions de Lyon et Grenoble où le poids de la neige provoque de gros dégâts !

Coupure de presse montrant la neige dans les Alpes et à Grenoble 1989 le 24 avril 1976 - Chronique Météo Villes

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