Records en série: Où en sommes-nous par rapport au réchauffement climatique?
dimanche 10 mars 2024Février 2024: Le mois de février le plus chaud jamais enregistré sur la planète.
Ce mois de février 2024 a enregistré une température moyenne mondiale de 13.54°C, passant dès lors devant l'ancien record de 2016 d'environ 0.08°C. Ces valeurs atteignent +1.77°C par rapport à la norme de la période préindustrielle.
Les réanalyses par rapport à la norme 1951-2000 montrent bien ce nouveau pic enregistré en février 2024 par rapport à février 2016.
Evolution des écarts à la norme 1951-2000 des mois de février - climatereanalyzer.org
Ces températures ont bien été ressenties en France où février se classe au rang de 2ème mois de février le plus doux depuis le début des relevés météorologiques fiables >>> notre article .
Anomalie de la température quotidienne en février 2024 en France - écart à la moyenne 1991-2020 - Infoclimat/MeteoVilles
Une situation due à la température des océans?
Depuis maintenant bientôt 1an, la température des océans dépasse tous les maximums connus.
Nous pouvons voir une corrélation avec 2016 qui est donc maintenant le deuxième mois de février le plus chaud jamais observé. Cet hiver là enregistrait également une situation similaire. A l'époque, Janvier et Février et Mars avaient vu les températures les plus élevées jamais mesurées dans les Océans mondiaux, atteignant +21.0°C en Mars 2016.
Température de surface des océans mondiaux - climatereanalyzer.org
Cependant, contrairement à 2016, nous pouvons voir qu'un véritable décrochage s'est produit en Mars 2023 et perdure depuis. Cette année 2024 présente donc à son tour les températures les plus élevées jamais mesurées sur le trimestre Janvier/Février/Mars.
La planète étant couverte à 71% par les Océans, et les Océans transmettant à leur tour leur chaleur à l'atmosphère, il est difficile d'imaginer que cette situation n'a pas eu d'influence sur ce mois de février exceptionnel.
El Niño est-il responsable?
2023 fut marquée par un épisode El Niño. Ce phénomène arrive généralement à son paroxysme en octobre. Nous pouvons voir son impact directement sur les Océans via la dilatation thermique qu'il produit (l'eau plus chaude prend plus de place).
El Niño 2023 observé grâce à sa dilatation thermique (en mm) - NASA
Nous pouvons voir que par rapport à 2023, 2024 a gagné plusieurs dixièmes de degrés sur la température mondiale des océans.
Différence de température observée sur la température moyenne mondiale des océans entre la période hivernale 2023 et 2024 - climatereanalyzer.org
A présent, comparons avec 2016
Nous retrouvons à cette période un épisode El Niño particulièrement puissant, débuté en 2015. Il s'agit du El Niño le plus puissant avec 1997.
El Niño 2015 observé grâce à sa dilatation thermique (en mm) - NASA
En 2016, le mois de février fut le plus chaud jamais observé de son époque à l'échelle mondiale comme expliqué plus haut. Nous pouvons également observer une différence de température similaire sur la moyenne mondiale entre l'hiver 2015 et l'hiver 2016.
Différence de température observée sur la température moyenne mondiale des océans entre la période hivernale 2015 et 2016 - climatereanalyzer.org
A présent, comparons avec 1998
Nous retrouvons à cette période avec l'épisode El Niño le plus puissant jamais observé à cette époque, 1997.
El Niño 1997 observé grâce à sa dilatation thermique (en mm) - NASA
Là aussi, nous pouvons observer une différence de température similaire sur la moyenne mondiale entre l'hiver 1997 et l'hiver 1998.
Différence de température observée sur la température moyenne mondiale des océans entre la période hivernale 1997 et 1998 - climatereanalyzer.org
En nous intéressant à février 1998, nous pouvons remarquer qu'à cette époque, le mois de février avait été le plus doux jamais observé à l'échelle mondiale, et de loin au niveau des températures à 2m.
Evolution des écarts à la norme 1951-2000 des mois de février - climatereanalyzer.org
Conclusion
Dans un contexte de réchauffement climatique, nous pouvons constater (en gardant le recul du fait du faible nombre de cas) que les épisodes El Niño sont généralement suivis d'une hausse importante de la température des Océans.
> Comme les Océans représentent 71% de la surface de la planète et ont une capacité thermique importante, il apparaît qu'ils transmettent leur chaleur à l'atmosphère en générant des mois de février particulièrement doux à l'échelle mondiale.
> Néanmoins, en 2023-2024, l'épisode El Niño ne fut pas particulièrement exceptionnel mais nous pouvons observer un phénomène similaire, et surtout un décrochage inédit des températures sur une année complète au moins (épisode toujours en cours).
> Ainsi, si El Niño peut avoir une influence sur les pics de température mondiaux, l'évolution constante et surtout inédite de ces dernières années résulte d'un autre phénomène qui s'additionne à El Niño, très probablement une accélération du réchauffement climatique.
Nb: A l'échelle de la France, nous ressentons cette hausse mais les phénomènes météorologiques locaux peuvent influer sur les températures locales du pays. Ainsi, un mois exceptionnel à l'échelle mondiale peut être plus tempéré à l'échelle nationale.