Sécheresse : des sols plus humides mais des nappes phréatiques à des niveaux préoccupants
samedi 14 janvier 2023
Importante sécheresse dans le lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes) début août 2022 - Twitter @all_bzk
L'année 2022 a été marquée par une sécheresse durable, marquée et généralisée à l'ensemble du pays. Si les pluies ont fait leur retour au cours de l'automne et du début de cet hiver, le bilan hydrique se montre très contrasté, avec des sols en surface bien loties contrairement aux nappes phréatiques. Le point sur la situation pour ce début de l'année 2023.
Une humidité des sols en surface ayant retrouvé des niveaux de saison
Malgré des régions moins arrosées que d'autres, les pluies de l'automne ont été quasi-conforme aux moyennes saisonnières à l'échelle nationale. Des pluies qui ont donc montré une certaine efficacité en surface : au début du mois de janvier, l'humidité des sols superficiels (humidité sur les premiers centimètres) atteignait des niveaux de saison sur une grande partie du pays. Une humidité des sols que l'on retrouve même en excédent dans le Nord-Est, en basse vallée du Rhône, dans le nord des Alpes, en Bretagne et le long des côtes de la Manche à la faveur d'une fin d'année 2022 plus arrosée sur ces secteurs. Quelques sites restent toutefois en déficit (Haute-Corse, nord-Limousin , nord de l'Auvergne, Midi-Toulousain, et surtout sur le Roussillon).
Les nombreux arrêtés de restriction sur l'usage de l'eau qui étaient en vigueur depuis le printemps dernier ont donc été levés ces dernières semaines. En ce début d'année 2023, aucun département était en état de crise, et seulement six étaient encore en alerte dite "renforcée".
Indice d'humidité des sols au 1er janvier 2023 - Météo-France
Un retard trop important accumulé au niveau des nappes phréatiques
Mais cette situation améliorée en surface ne l'est pourtant pas en profondeur ! En effet, si les sols paraissent très humides sur un bon nombre de régions, ce n'est pas encore le cas des nappes phréatiques qui restent encore à des niveaux très insuffisants voire même préoccupants.
Ceci s'explique en grande partie par l'important déficit pluviométrique accumulé au cours de l'année 2022 (déficit national supérieur à -20%), et principalement au cours des printemps et été particulièrement secs voire arides ayant fortement sollicités les eaux souterraines. Deux mois avaient même marqué les esprits par leur aridité : mai (-62%, mois de mai le plus sec depuis le début des mesures en 1959), et surtout un incroyable mois de juillet (-84%, 2e mois le plus sec jamais mesuré en 63 ans de mesures derrière mai 1961), deux mois ayant fortement aggravé l'état des nappes.
Anomalies pluviométriques mensuelles durant l'année 2022 (par rapport à la période 1991-2020) - Météo-Villes
Malgré le retour de l'humidité sur certaines régions au cours de l'automne, ces pluies ont été bien trop insuffisantes pour compenser le déficit des derniers mois et améliorer l'état des nappes. Des pluies qui ont essentiellement servi à ré-humidifier les sols en surface mais également utilisées par une végétation restée active jusque très tardivement cet automne (en raison de l'incroyable douceur observée notamment en octobre).
Si la recharge de ces nappes a débuté (60% des niveaux des nappes en hausse en décembre), elle reste peu intense. Plus de 3/4 d'entre-elles sont à des niveaux bas voire très bas en ce début d'année, et surtout bien inférieurs aux niveaux observés en décembre 2021. Seules les nappes situées le long du littoral de la Manche à la
Bretagne ou la nappe alluviale de la plaine d’Alsace nord, de Bourgogne-Franche-Comté, de Corse ou de la basse vallée du Rhône présentent des situations favorables et dans les normales des années précédentes.
Situation des nappes phréatiques au 1er janvier 2023 - BRGM
Vers une poursuite de la recharge des nappes sous les pluies de la fin janvier
Les tendances à court terme sont toutefois plutôt optimistes. S'il faut une certaine inertie entre l'apparition des pluies et la recharge effective des nappes, les tendances promettent une fin de mois de janvier globalement humide sur l'ensemble du pays (seul le secteur Méditerranéen pourrait être à l'écart). Les massifs de l'Est, et une grosse moitié Ouest du pays devraient subir des pluies abondantes au cours des prochains jours. Il faudra même s'attendre à des pluies diluviennes au sud de la Garonne (Sud-Aquitaine et Ouest des Pyrénées avec des cumuls pouvant dépasser les 200mm sur les 10 prochains jours).
Ces pluies devraient permettre la poursuite de l'humidification des sols, et l'infiltration en profondeur, laissant envisager une recharge progressive des nappes. Toutefois, cette recharge devra se poursuivre durant l'ensemble de l'hiver pour retrouver des niveaux satisfaisants et rattraper le retard des mois écoulées : des mois de février et/ou mars relativement sec ne seraient dès lors pas bons signes en vue de la période chaude !
Accumulation totale des précipitations sur 15 jours - prévision jusqu'au 30 janvier 2023 - Modèle GFS via WXCharts