Une nouvelle éruption en Islande éjectant un important nuage de dioxyde de soufre

Ce jeudi 22 août 2024, le volcan Sundhnuksgigarod est entré en éruption pour la sixième fois sur la péninsule de Reykjanes, au Sud de la capitale de l'Islande. De façon similaire aux éruptions précédentes, une large fissure s'est ouverte en seulement quelques dizaines de minutes, rejetant de très importantes quantités de lave sur une zone de plusieurs kilomètres de large.

Vue aérienne de l'éruption du volcan Sundhnuksgigarod en Islande le 22 août 2024 au soir – Via Public Defense Department of the State Police

Outre les importantes quantités de lave éjectées sur la surface de la péninsule de Reykjanes, cette nouvelle éruption a également dégagé de grandes quantités de dioxyde de soufre dans l'atmosphère, là encore, de façon similaire aux précédentes éruptions.

Concentration de dioxyde de soufre dans l'atmosphère à l'échelle mondiale le samedi 24 août 2024 - ECMWF 

La différence par rapport aux précédents événements de ces derniers mois est toutefois que ce vaste nuage de dioxyde de soufre fut rapidement dirigé vers l'Europe et la France par le flux d'altitude. En effet, un flux de Nord-Ouest s'est temporairement mis en place en fin de semaine dernière entre l'Islande et l'Europe, permettant à ce nuage issu de l'éruption du Sundhnuksgigarod de se diriger vers notre pays.

Situation atmosphérique sur l'Europe le 24 août 2024 – Modèle GFS via meteociel.fr

Ainsi, un important nuage de dioxyde de souffre s'est donc dirigé vers l'Europe en fin de semaine dernière, atteignant la France ce dimanche 25 août et persistant sur notre pays en ce début de semaine.

Animation des concentrations de dioxyde de soufre dans l'atmosphère sur l'Europe du 24 au 27 août 2024 – ECMWF

Si les concentrations les plus importantes étaient observées de l'Atlantique au Benelux ce dimanche, c'est sur le Sud de la France que celles-ci sont les plus fortes ce lundi 26 août. Ce nuage de souffre se retrouvant bloqué dans la dorsale anticyclonique venue de l'Atlantique cette semaine, celui-ci devrait stagner durant plusieurs jours sur notre pays tout en se dissipant peu à peu d'ici la fin de semaine.

Animation des concentrations de dioxyde de soufre dans l'atmosphère sur l'Europe du 27 au 30 août 2024 – ECMWF

Quelles conséquences pour la France ?

Contrairement aux fumées des incendies du Canada ayant atteint notre pays en début de semaine dernière, le dioxyde de soufre n'est pas visible à l’œil nu mais peut être détecté avec une légère odeur « d’œuf pourri » ou d'allumette venant d'être allumée, comme ce fut le cas ce dimanche 25 août sur une partie de l'Ouest et du Nord de la France.

Le So2 est principalement produit par la combustion du charbon ou du pétrole brut mais est également émis par les volcans, dans des quantités particulièrement importantes. L'inhalation de ce gaz peut provoquer des symptômes comme des maux de gorge, une irritation des yeux et des narines voire même une oppression thoracique et des difficultés respiratoires.

Les dangers du dioxyde de soufre pour la santé – EPA Victoria

Toutefois, les concentrations dans notre atmosphère sont bien trop faibles, notamment en basses couches, pour que ce nuage de dioxyde de soufre provoque de tels symptômes actuellement. Les personnes les plus sensibles pourront tout au plus ressentir un léger picotement dans les narines ou au niveau des yeux, sans que celui-ci ne devienne inquiétant.

Pour devenir vraiment problématiques, ces nuages de So2 doivent être très concentrés et/ou intervenir en même temps que des pluies, ce qui pourra les rendre acides. Malgré tout, ces pluies ne représentent en général pas un danger direct pour l'Homme, mais peuvent tout de même avoir des effets nocifs sur la faune et la flore. Sachant que l'anticyclone domine sur notre pays cette semaine, ces pluies acides ne seront pas au programme bien heureusement.

Situation atmosphérique sur l'Europe et la France ce 26 août 2024 – Modèle GFS via WX CHARTS
 

Pas de panique donc concernant ce nuage de dioxyde de soufre survolant notre pays depuis la fin du week-end dernier. Les concentrations de So2, surtout près du sol, sont en effet trop modestes pour avoir une réelle conséquence sur notre santé et celles-ci vont de toute façon rapidement baisser dans les prochains jours.
 

Il faut d'ailleurs noter que ce phénomène n'est pas véritablement exceptionnel et a même déjà été observé plus tôt dans l'année. Au mois de mars dernier, un nuage de soufre avait déjà survolé notre pays suite à une éruption sur la péninsule de Reykjanes, sans avoir de conséquence malgré un temps humide et agité.