Une météo souvent plus calme depuis le début de la pandémie de Covid-19
vendredi 25 février 2022Une année 2020 marqué par des anticyclone très récurrents :
Frise chronologique des alternance entre temps perturbé et anticyclonique en France en 2020 (cliquer pour agrandir) - Météo-Villes
On peut d’ors et déjà observer que les périodes anticycloniques durables se sont montrées particulièrement fréquentes durant l'année 2020. Les séquences perturbées ont été en effet quasiment toujours suivies de périodes bien plus calmes et parfois durables.
Si le début d'année avait été assez agité, notamment en février, le début de la pandémie de Covid-19 et le premier confinement en France avait rimé avec une période anticyclonique particulièrement durable entre les mois de mars et avril.
En mars 2020, l'ensoleillement s'était montré très supérieur à la normale sur le Nord de la France avec des excédants très importants, notamment sur le Nord-Est. On enregistrait par exemple 186h de soleil sur le mois à Strasbourg contre une moyenne de 135h. Il est d'ailleurs important de noter que la plupart de cet ensoleillement avait été enregistré en seconde partie de mois.
Nombre d'heures d'ensoleillement sur l'ensemble du mois de mars 2020 (à gauche) et uniquement dès le 15 mars (à droite) - Météo Villes
La douceur s'était également montrée marquée dès le début du mois d'avril avec par exemple 5 jours consécutifs de températures supérieures à 25°C à Paris avant la mi-avril, un record pour la capitale.
La période du 11 mars au 14 avril 2020 fut l'une des plus sèche et des plus ensoleillée jamais enregistrée en France et le mois d'avril 2020 fut également le plus doux jamais enregistré.
Sécheresse superficielle des sols très importante dans la Bresse à la mi-avril 2020 - Photo via Twitter @meteoviriat
Si une courte période plus perturbée avait été observée à la fin de la première décade de mai, c'est bien le temps calme et plutôt doux voire chaud qui avait de nouveau dominé en mai. Le 4 mai 2020, un pic de chaleur record avait également concerné le pays sous le beau temps avec jusqu'à 35,4°C à Cambo-les-Bains (64), soit la première dois que les 35°C ont été dépassés en France aussi tôt dans la saison.
Au final, le printemps 2020 s'était terminé comme le plus ensoleillé jamais observé en France et comme le 2ème plus chaud, la faute à des hautes pressions particulièrement bien ancrées sur le Nord-Ouest de l'Europe.
Pression moyenne au niveau de la mer du 16 mars au 15 mai 2020 - via NOAA / François Jobard
L'été s'était également montré majoritairement anticyclonique après un mois de juin plus instable. Le soleil récurrent et la chaleur estivale avaient d'ailleurs engendré une canicule très importante, notamment sur le Nord de la France.
Vigilance en vigueur le dimanche 9 août 2020, au plus fort de l'épisode de canicule - Météo France
Le printemps et l'été très secs, notamment sur le Nord du pays, avaient également engendré une importante sécheresse des sols et de nombreuses restrictions d'eau entraient en vigueur pour le mois d'août 2020.
Etat de la sécheresse des sols au premier août 2020 - Météo-France
La fin de l'été calendaire avait également vu une énième vague de chaleur déferler sur la France. Une pluie de records avaient été observés et la journée du 14 septembre fut historique puisque l'indicateur thermique national (pour les maximales) avait atteint 33,4°C, soit l'après-midi le plus chaud jamais observé en France en septembre.
Si la fin du mois de septembre et la quasi-totalité du mois d'octobre s'étaient montrés plus perturbés et avaient permis à la sécheresse de diminuer, le mois de novembre avait également été dominé par les périodes calmes et très anticycloniques sur le pays.
Année 2021 : Globalement calme, excepté durant l'été
Frise chronologique des alternance entre temps perturbé et anticyclonique en France en 2021 et 2022 (cliquer pour agrandir) - Météo-Villes
Le constat est également sans appel pour l'année 2021 et le début d'année 2022. La récurrence de longues périodes anticycloniques est de nouveau très présente tout au long de l'année. Déjà le mois de mars s'était avéré comme le 8ème mois de mars le plus sec jamais enregistré à l'échelle de la France et la fin du mois avait connu un sursaut d'air printanier avec de nombreux records de douceur à la clef.
Records de douceur du 30 mars 2021 – Météo-Villes
Si la période allant de mai à début août avait été globalement très instable (surtout entre l'Ouest et le Nord) avec une succession exceptionnelle de gouttes froides et de dégradations orageuses, c'est au mois d'août que le temps calme avait repris le dessus avec une canicule marquée entre le 9 et le 15, surtout sur le Sud-Est du pays.
Températures maximales relevées durant la période caniculaire du 11 au 15 août 2022 – Météo-Villes
Cette période caniculaire fut la plus marquée de l'année avec une journée du 14 août présentant l'indicateur thermique national le plus élevé de 2022 (24,8°C).
La sécheresse et les fortes chaleurs avaient d'ailleurs engendré l'incendie le plus important depuis l'été 2003 sur le département du Var avec plus de 6500 Ha détruits.
Incendie dans le secteur de Gonfaron (Var) en soirée du lundi 16 août 2021 - via Sapeurs Pompiers du Var
Contrairement à l'année précédente, septembre s'était montré plus perturbé mais octobre, novembre et décembre avaient tous observé de longues périodes anticycloniques durables, parfois accompagnées d'une douceur remarquable à la fin de la seconde décade d'octobre.
Scènes dignes de l'été sur la plage d'Anglet (64), le mardi 19 octobre 2021 par plus de 28°C - webcam Viewsurf
La période des fêtes de fin d'année, de nouveau anticyclonique après une séquence plus perturbée, allait également se montrer exceptionnelle en terme de douceur, si bien que celle-ci fut la plus douce jamais observée en cette saison.
Période des fêtes de fin d'année la plus douce jamais observée en France – Météo-Villes
Début d'année 2022 : Anticyclone indéboulonnable et risque de sécheresse
Si l'on excepte le début du mois de janvier très perturbé et une mi-février plus agitée, le temps calme a de nouveau le dessus depuis le début de cette année 2022 en France. Les conditions anticycloniques ont largement dominé sur la période, notamment durant les ¾ du mois de janvier qui fut exceptionnellement anticyclonique.
Pression moyenne sur l'Ouest de l'Europe durant le mois de janvier 2022 – Météo-France
Après quelques courts sursauts plus perturbés en février, le blocage anticyclonique semble reprendre le dessus au moins jusqu'au début du mois de mars avec des hautes pressions bien ancrées sur l'Ouest de l'Europe et la France.
Animation des géopotentiels sur l'Ouest de l'Europe du 25 février au 3 mars 2022 – Modèle GFS via WX CHARTS
Cette situation se montre de plus en plus problématique en terme de sécheresse, notamment sur le Sud du pays.
Depuis 2020, l'absence de précipitation durant ces longues périodes anticycloniques avait le plus souvent été compensée par des périodes bien plus humides, parfois favorables au déclenchement d'inondations catastrophiques. En 2020 par exemple, les mois très secs avaient été suivis de mois bien plus pluvieux, permettant de maintenir un déficit minime de -5% sur l'année à l'échelle du pays.
Pluviométrie annuelle en France en 2020 – Météo-Villes
Le constat avait été similaire durant l'année 2021, si le printemps s'était montré sec, l'été très instable avec permis de compenser le déficit, notamment sur la moitié Nord. A l'échelle de la France, ce déficit était donc de nouveau resté raisonnable en 2021, situé autour de -2%.
Pluviométrie annuelle en France en 2021 – Météo-Villes
Toutefois, l'automne 2021 s'était montré de nouveau déficitaire et ce déficit de précipitations n'a pas encore été compensé sur le Sud et notamment le Sud-Est du pays (déficit bien moins important au Nord et à l'Ouest suite aux pluies du début d'année).
C'est donc sur ces régions que le risque de sécheresse est de plus en plus accentué par ces périodes anticycloniques récurrentes. Le manque d'eau se fait en effet sentir de façon marquée près de la Méditerranée et le temps calme et sec continue de dominer depuis maintenant plusieurs mois.
Rapport à la normale de la pluviométrie au cours de l'hiver 2021-2022 - via Météo France
Un changement de temps plus radical au niveau de l'Europe devient donc crucial pour inverser la tendance, les hautes pressions se montrant bien trop récurrentes depuis maintenant plusieurs années. Si jusque là les périodes plus perturbées avaient permis de compenser un manque d'eau parfois marqué, la tendance semble rester anormalement sèche sur le Sud-Est de la France pour les prochaines semaines, tout ceci en raison de ces anticyclones bien trop récurrents.