Vague de froid de mai 1935 : la France sous la neige juste avant l'été !
mercredi 19 mai 2021Si nous vivons un mois de mai 2021 bien frais, la situation actuelle n'a rien à voir avec celle de mai 1935. Il y a 86 ans, une vague de froid remarquable pour une fin de printemps s'était abattue sur la France avec gelées et neige en plaine.
Une coulée polaire tardive
Situation à échelle continentale le 18 mai 1935 - archives NOAA via wetterzentrale
Même si le terme de "vague de froid" perd un peu de son sens au cours du mois de mai, il fut utilisé pour qualifier l'épisode de froid anormal qu'a subi la France entre le 14 et le 20 mai 1935. Il y a 86 ans, une puissante dorsale anticyclonique s'étirait des Açores jusqu'au Groenland, faisant plonger plusieurs anomalies dépressionnaires du pôle en direction de la France, emportant avec elles un air d'origine polaire.
C'est une masse d'air remarquablement froid pour la saison qui englobait les Îles Britanniques et une bonne partie de la France avec des valeurs parfois inférieures à -5°C à 850 hPa (vers 1500m) sur le nord de la France. De plus, une dépression s'est creusée les 17 et 18 mai 1935 sur le nord-ouest de la France, apportant de l'agitation et servant de pompe à froid en accentuant le flux de nord-est.
Températures à Beauvais (Oise) du 11 au 20 mai 1935 - via infoclimat.fr
Au sol, les températures plongent à des niveaux remarquablement bas pour une mi-mai. À une quinzaine de jours de l'été météorologique, il se met à geler sur de nombreuses régions. La station de Beauvais dans l'Oise enregistre 7 matinées consécutives sous la barre des 1°C, dont 4 matinées consécutives dans le négatif (-2,4°C le 16 mai 1935). Les températures maximales, quant à elles, plafonnent parfois sous les 10°C. Le samedi 18 mai 1935, il ne fait que 6,9°C à Beauvais et même seulement 6,0°C à Paris-Montsouris !
Des chutes de neige en plaine
Situation du 18 mai 1935 et coupure de presse sur la neige à Paris - chronique Météo Villes
Comme nous l'avons vu plus haut, une dépression s'est creusée sur le nord-ouest de la France les 17 et 18 mai 1935, aspirant de l'air polaire et apportant des précipitations actives qui ont stationné entre la Bretagne et la Normandie. Après de fortes pluies en fin de journée du 17 mai, l'effet d'isothermie a apporté des chutes de neige jusqu'en plaine durant la nuit suivante et jusqu'en matinée du 18 mai entre l'est de la Bretagne et l'Île-de-France. Des flocons sont signalés à Rennes et 3 cm de neige tombent à Paris où la ville se réveille sous un manteau blanc !
Épaisse couche de neige en Normandie le 18 mai 1935 - chronique Météo Villes
La Normandie est toutefois la région la plus touchée, se retrouvant dans l'axe des précipitations les plus actives par des températures s'abaissant autour du zéro durant la nuit. Le matin du 18 mai 1935, certains secteurs normands découvrent des paysages recouverts de 10 à 20 cm d'une neige lourde et collante ! La circulation est particulièrement difficile, notamment dès les premières hauteurs où la couche de neige est conséquente.
Neige à Scarborough (Angleterre) le 18 mai 1935 - chronique Météo Villes
Nos voisins anglais avaient également subi une semaine pleinement hivernale à moins de deux semaines de l'été météorologique. Plongées dans l'air polaire, les Îles Britanniques avaient fait face à une succession d'averses neigeuses blanchissant parfois les plaines jusqu'au littoral ! Ce fut par exemple le cas sur la ville côtière de Scarborough dans le nord de l'Angleterre le 18 mai 1935, comme en atteste la photo ci-dessus. Certains reports météo anglais de l'époque signalent des températures nocturnes sous les -10°C sur les sols enneigés !
Comment fut l'été 1935 ?
Le Café de la Paix à Paris en 1935 - photo Willem Van de Poll
Après cette offensive hivernale très tardive au mois de mai 1935, beaucoup s'inquiétaient de ne pas voir l'été s'installer. Cependant, les doutes furent rapidement levés puisque le mois de juin 1935 fut plus chaud que la normale en France, bien que ponctué par quelques violents orages. Juillet 1935 fut, quant à lui, véritablement estival avec des précipitations discrètes et des températures plus chaudes que la normale. Enfin, août 1935 fut un peu plus frais et orageux.
L'exemple de 1935 montre à lui seul qu'un printemps frais ne veut pas forcément dire que l'été ne sera pas chaud. Pour plus d'informations sur le temps passé en France, n'hésitez pas à consulter notre chronique. Elle comporte des archives climatiques depuis plus de deux siècles, une rubrique unique sur le web !