Banquise Arctique : une glaciation très en retard cet automne
samedi 28 novembre 2020L’automne se poursuit et le cœur de la saison froide approche à grands pas sur l’Hémisphère Nord. Au-delà du cercle Arctique, ceci se répercute par une reformation progressive des glaces. Mais malheureusement, nous partons de très bas en cette année 2020 : en effet pour rappel, l’extension des glaces avait atteint 3.74 millions de km2 le 15 septembre. Il s'agissait de la 2e fois seulement où cette banquise chutait sous les 4 millions de km2 depuis le début des analyses satellitaires, juste derrière le record de l’été 2012.
Minimum annuel d'extension des glaces (en million de km2) depuis 2002 - Zachary Labe
Depuis cette date, si la glaciation a repris, l’étendue des glaces reste anormalement basse. Ceci a été particulièrement marquant au cours du mois d’octobre en raison de températures très (trop) élevées, avec une anomalie mensuelle de +4 à +5°C sur la côte Sibérienne, au nord du Groenland ainsi que sur l’Ouest de l’océan Arctique.
Anomalie de température (en°C) en octobre 2020 au dessus de l'océan Arctique - NSIDC
Avec une étendue moyenne estimée à 5.28 millions de km2, il s’agissait de la pire statistique pour un mois d’octobre depuis le début de ces mesures en 1979. Selon le « National Snow and Ice Data Center », centre américain de référence dans la recherche polaire, des records ont même été battus quotidiennement du 15 octobre au 3 novembre, en dessous des niveaux de 2019 ou 2016.
Étendue de la banquise Arctique en millions de km2 - période 1er septembre - 1er décembre depuis 1979 - NSIDC
En cette fin novembre, la situation ne s’est pas réellement améliorée. Avec une reformation des glaces faisant approcher les 10 millions de km2, cette superficie reste la 2e plus basse pour l’époque de l’année, juste devant la fin novembre 2016. Ce déficit en glaciation est particulièrement marqué sur l’Ouest de l’océan, dans la baie de Baffin, en mer de Kara… et surtout sur en mer des Tchouktches (entre Alaska et Russie) encore en majorité libérée des glaces !
Étendue de la banquise Arctique au 27 novembre - comparatif depuis l'année 2003 - Zachary Labe
Taux de concentration des glaces de l'Arctique au 26 novembre 2020 - comparaison à la moyenne 1981-2010 - NSIDC
Pour y voir plus loin, les tendances saisonnières ne sont guère réjouissantes. L’hiver 2020-2021 à venir (décembre-janvier-février) pourrait, comme l’an dernier, être le théâtre d’une « surchauffe » incroyable sur cette zone Arctique et plus notamment le long des côtes Sibériennes. Certains modèles (ici CFS) envisagent une anomalie moyenne de +5 à +7°C sur les trois prochains mois sur cette zone, laissant craindre une glaciation hivernale très limitée sur les mers de Kara, de Laptev, de Sibérie Orientale, et des Tchouktches, là où le retard est d’ores et déjà notable…
Tendance saisonnière hivernale (décembre-janvier-février) - anomalie de température prévue en °C sur l'Hémisphère Nord - Modèle CFS via Tropical Tidbits
Note importante : la notion de « superficie » des glaces correspond aux zones où l'océan est glacé à 15% minimum.