Ensoleillement : un déficit chronique depuis fin 2023 qui joue sur le moral
mercredi 3 juillet 2024Sur les 8 derniers mois, 7 ont affiché un déficit d'ensoleillement en France. Ce manque de soleil accentue fortement l'impression de mauvais temps et son caractère durable pèse sur le moral.
7 des 8 derniers mois en déficit d'ensoleillement
Depuis la mi-octobre 2023, la France est soumise à une large domination des conditions dépressionnaires. La faute à un courant jet actif et circulant souvent assez bas en latitude. La carte ci-dessous l'illustre à merveille avec une forte anomalie négative de pression sur l'Europe de l'Ouest. Dans le nord de la France, la pression moyenne depuis la mi-octobre dernière est environ 4 hPa sous la normale, un chiffre impressionnant considérant qu'il s'agit d'une moyenne effectuée sur une période de 8 mois et demi ! Avec ce rail dépressionnaire, les pluies ont été nombreuses avec de nombreux nuages contribuant à un déficit chronique d'ensoleillement.
Anomalie de pression du 15 octobre 2023 au 30 juin 2024 - NOAA
Ainsi, ce sont pas moins de 7 des 8 derniers mois qui ont enregistré un déficit d'ensoleillement à échelle de la France (malgré des disparités régionales évidentes). Depuis novembre 2023, seul le mois de janvier 2024 a connu un excédent (+12%). La fin de l'hiver avait été particulièrement grise avec un déficit de -35% au mois de février 2024. Le printemps et le début de l'été 2024 n'ont pas fait beaucoup mieux et sont globalement restés pauvres en soleil. En mars le déficit fut de -13% puis de -7% en avril, culminant à -18% en mai puis -15% en juin.
Anomalies mensuelles d'ensoleillement en France d'octobre 2023 à juin 2024 - Météo Villes
Un printemps et un début d'été trop gris
Si le manque de soleil en hiver a un impact, il est d'autant plus mal vécu lorsque le printemps arrive, pour la simple et bonne raison que nous avons envie de passer du temps en extérieur et de profiter des beaux jours. Cette année, ce fut très difficile avec un printemps particulièrement capricieux. Outre une pluviométrie importante, le manque de soleil s'est fait sentir durant les trois mois du printemps. À échelle nationale, le déficit fut de -13% sur le trio mars-avril-mai 2024 mais certains secteurs du nord-est ont enregistré un déficit allant jusqu'à -30%, un chiffre remarquable sur une période de trois mois et que beaucoup ont mal vécu.
Anomalie d'ensoleillement en France durant le printemps 2024 - Météo Villes
Le premier mois de cet été météo 2024 n'a pas changé la donne, bien au contraire. L'ensoleillement est resté globalement faiblard durant ce mois de juin 2024. Le déficit national est de l'ordre de -15% mais avec des disparités régionales notables. Le soleil s'est montré plutôt généreux en allant vers la Bretagne et la Manche. En revanche, l'ensoleillement fut pauvre dans le sud et l'est de la France et plus particulièrement de l'Auvergne au Jura et aux Alpes où le déficit atteint -20 à -25% en moyenne. Pour le nord-est, le déficit est de -10 à -15%, après un printemps déjà très nuageux.
Écart à la normale de l'ensoleillement en France au mois de juin 2024 - Météo France
Le manque de soleil joue sur le moral et la santé
Ce n'est pas une légende : le soleil a un rôle important sur notre santé. En effet, c'est grâce aux rayons UV-B contenus dans la lumière solaire que la peau synthétise la vitamine D stockée dans les cellules graisseuses de notre corps. Les rayons du soleil permettent de libérer la sérotonine, souvent surnommée l'hormone du bonheur. Ainsi, un manque d'exposition au soleil peut jouer sur notre moral. C'est la raison pour laquelle des cures de vitamine D sont parfois recommandées l'hiver, lorsque le soleil est faible et que le jour est court. En été, il est bien plus facile d'obtenir la dose nécessaire (20 minutes d'exposition suffisent).
Des compléments de vitamine D peuvent être nécessaires à une bonne santé - image d'illustration
Au delà des conséquences possibles sur la santé, ce temps durablement perturbé et ce manque d'ensoleillement chronique sont évidemment source de nombreuses frustrations, tout particulièrement au printemps et en été. À cette période de l'année, beaucoup veulent profiter d'activités en extérieur. La météo fréquemment maussade des dernières semaines a fait de nombreux déçus, d'autant que nous arrivons dans la période des grandes vacances. S'il y a beaucoup plus grave qu'une journée grise, on peut comprendre que ceux qui ont posé leurs congés soient agacés de ne pas pouvoir profiter de la plage, surtout que ce début juillet frais intervient avec de longs mois d'instabilité. L'effet d'accumulation augmente très nettement la frustration.
Le temps nuageux des derniers mois est source de frustrations grandissantes - image d'illustration