Fait-il vraiment plus froid durant les Saints de Glace ?
mercredi 12 mai 2021Comme chaque année, les 11, 12 et 13 mai marquent les Saints de Glace. Pour beaucoup, ces derniers riment avec froid et gel. Pourtant, l'idée que les températures baissent au cours de ces trois journées est un raccourci eronné. Explications.
Qui sont les Saints de Glace ?
Saint Mamert (11 mai), Saint Pancrace (12 mai) et Saint Servais (13 mai)
Célébrés les 11, 12 et 13 mai, les Saints de Glace font parler d'eux chaque année. L'occasion de rappeler quelques faits historiques pour mieux les connaître :
- Saint-Mamert : archevêque de Vienne et décédé en 474, a institué les jours des Rogations (prières de demande liturgique), rite qui se déroule durant les trois jours précédant l’Ascension, en vue de préserver la campagne des calamités atmosphériques
- Saint-Pancrace : martyr, né en 290 et mort décapité à Rome durant la persécution de Dioclétien à l'âge de 14 ans, est le patron des enfants
- Saint-Servais : né vers 300 et décédé en 384, fut évêque de Tongres en Belgique
Ces trois Saints furent fêtés jusqu'au concile Vatican II qui les a remplacés par Estelle, Achille et Rolande, les trois prénoms que l'on trouve désormais sur nos calendriers modernes aux dates des 11, 12 et 13 mai.
Saints de Glace : un repère temporel
Nombreux sont ceux qui attendent les Saints de Glace avant de semer les plantes sensibles au gel
Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais ont la réputation d'apporter du froid. Pourtant, rien ne dit qu'une météo froide va s'abattre les 11, 12 et 13 mai. En réalité, ces dates ont été retenues par nos ancêtres comme un repère temporel au delà duquel le risque de gel en plaine devient très faible.
Les anciens vous le diront : il vaut mieux attendre que le 13 mai soit passé pour semer les plantes les plus sensibles au gel. Cela ne veut donc pas dire qu'il fera froid durant les Saints de Glace, mais simplement que les chances de gel deviennent très minces une fois ces dates passées.
Date des dernières gelées en France - Météo Villes
Comme le montre la carte ci-dessus, des températures négatives peuvent encore être observées en première quinzaine du mois mai, en particulier du Massif Central au nord-est de la France. En plaine, le risque devient très limité en seconde quinzaine du mois, une fois que les Saints de Glace sont passés.
Cependant, comme la météo n'en fait qu'à sa tête et qu'aucun calendrier ne peut la régir, il arrive dans de rares cas que des gelées puissent être observées jusqu'à la fin du mois de mai (voire début juin), surtout dans les traditionnels trous à froid (fonds de vallées etc...) du centre et du nord-est de la France.
Températures minimales moyennes en mai depuis le début des relevés à Paris, Lyon et Metz - via infoclimat.fr
Pour confirmer que les 11, 12 et 13 mai ne sont pas plus froids que les autres jours, un simple regard aux températures minimales moyennes enregistrées depuis le début des relevés météorologiques suffit. À Paris, la moyenne augmente de manière linéaire durant les Saints de Glace, sur la base de relevés depuis 1886. À Lyon, le premier des Saints de Glace (le 11 mai) est bien plus doux que la veille (le 10 mai), sur la base de relevés depuis 1906.
L'exemple de Metz est également intéressant. On constate une augmentation assez nette de la moyenne entre le 10 mai et le lendemain, premier Saint de Glace. En revanche, la moyenne des 15 et 16 mai est inférieure à celle des trois Saints de Glace, démontrant bien qu'il n'y a aucune anomalie froide particulière rattachée à ces dates précises. De nos jours, près de 6 années sur 10 se déroulent sans gel en plaine durant les Saints de Glace (cette année 2021 en est un exemple).
Des Saints de Glace parfois chauds
Du 11 au 13 mai 2015
Masse d'air à 850 hPa le 13 mai 2015 - via Wetterzentrale
Carte des températures maximales en Europe le 13 mai 2015
La dernière fois que les Saints de Glace ont connu une anomalie chaude très prononcée n'est pas si ancienne puisqu'elle remonte à 6 ans. Du 11 au 13 mai 2015, une masse d'air chaud venue d'Afrique du Nord s'était installée sur la moitié sud de la France. Si une grande douceur concernait le nord, le sud s'était retrouvé projeté au cœur de l'été avec plus de 30°C ! On avait relevé 31,9°C au Cap Ferret (Gironde), 32,7°C à Clermont-Ferrand et même 33,7°C à Saint-Étienne, battant son record mensuel de chaleur le 13 mai 2015 !
Les 12 et 13 mai 1969
Masse d'air à 850 hPa le 13 mai 1969 - via Wetterzentrale
Coupure de presse témoignant de la chaleur le 13 mai 1969 - Chronique Météo Villes
Même plus de 50 ans en arrière, les Saints de Glace étaient parfois synonymes de chaleur. Ce fut notamment le cas les 12 et 13 mai 1969 où une pulsion d'air chaud particulièrement impressionnante envahissait l'ensemble de la France. Le thermomètre était alors monté jusqu'à 29°C à Paris le 13 mai tandis qu'il faisait 31°C dans le Poitou et localement jusqu'à 33°C en Aquitaine ! On se baignait sur de nombreuses plages françaises, y compris sur les côtes de la Manche.
Du 11 au 13 mai 1912
Masse d'air à 850 hPa le 12 mai 1912 - via Wetterzentrale
Preuve qu'il serait tord de penser que les Saints de Glace ont toujours été une période froide à l'époque, on retrouve dans les archives d'impressionnantes vagues de chaleur au cours de ces dates, même plus d'un siècle en arrière ! La vague de chaleur survenue durant les Saints de Glace 1912 fut tout bonnement remarquable avec un air excessivement chaud englobant l'ensemble de la France et faisant tomber des records. Il faisait alors 33°C à Paris, 34°C à Toulouse et 36°C à Clermont-Ferrand !
Vous pouvez vous référer à notre chronique pour plus de contenu sur la météo du passé.