Une sécheresse encore présente en France :

L'agitation a fait son retour sur la France en ce début du mois de novembre avec un temps plus perturbé mais également plus humide. Néanmoins, la situation de sécheresse reste préoccupante sur notre pays.

En effet, le mois d'octobre s'est montré plus sec que la normale à l'échelle de la France avec un déficit de précipitations particulièrement marqué sur le Sud du pays. Le rapport à la moyenne des précipitations mensuelles atteint en effet environ 20% de la moyenne mensuelle (1991-2020) de l'Aquitaine aux Sud des Alpes , 30 à 40% près du Massif-Central et entre 40 et 50% des pays de la Loire au Nord.

Seules les régions allant du Centre au Nord-Est et de la Vallée du Rhône au Nord des Alpes s'en sortent mieux grâce notamment à une succession d'orages inhabituellement actifs pour la période.

Rapport à la moyenne mensuelle des précipitations agrégées sur la France durant le mois d'octobre 2022 – Météo-France

Ainsi, le cumul mensuel moyen atteint 58mm sur le pays pour ce mois d'octobre 2022, soit un déficit de 37% par rapport à la normale. Octobre 2022 devient donc le 8ème mois de l'année présentant un déficit pluviométrique après un faible excédent durant le mois de septembre dernier, une tendance sèche qui domine donc largement depuis le début de l'année 2022.

Rapport à la normale de référence (1991-2020) des cumuls mensuels de précipitations agrégés en France durant l'année 2022 – Météo-France

Ce manque d'eau persistant est d'ailleurs visible par le nombre d'arrêtés de sécheresse encore particulièrement important pour cette période de l'année. Au 31 octobre dernier, la quasi totalité du pays était soumise à des arrêtés de restriction d'eau (certains départements n'ont pas été mis à jour) avec une situation de crise persistante sur une large moitié Ouest et Sud de la France où les précipitations ont été très déficitaires ces dernières semaines. La situation s'est toutefois améliorée là où les précipitations du mois d'octobre ont été les plus fréquentes même si les niveaux d'eau restent globalement bas pour un début novembre.

Arrêtés de restriction d'eau sur la France au 31 octobre 2022 – Propluvia

Si les pluies de ce début novembre et les orages du mois d'octobre ont permis de sensiblement améliorer la situation de sécheresse des sols de surface, la situation reste souvent problématique en profondeur. Au 1er octobre dernier, de très nombreuses nappes phréatiques françaises voyaient leur niveau en baisse et le mois d'octobre particulièrement sec a encore aggravé cette situation, surtout sur le Sud et une partie de l'Ouest du pays. Ces niveaux sont toutefois repartis à la hausse sur une partie du Nord et du Nord-Est grâce aux fréquents orages d'octobre.

État des nappes phréatiques en France au 1er octobre 2022 – BRGM

La situation est particulièrement préoccupante sur une partie du Sud-Est et du Centre-Ouest de la France où le manque d'eau se montre très marqué.

Dans le Var 28 000 habitants du pays de Fayence ont par exemple obligation de ne pas dépasser 100 litre de consommation d'eau par jour et par personne, les niveaux des nappes phréatiques de la région et du lac de Saint-Cassien, principale réserve d'eau du secteur, se montrant anormalement bas pour la période. Certains quartiers sont également ravitaillés par camions citerne, et ce depuis plusieurs mois.

Le lac de Saint-Cassien dans le Var présente un niveau d'eau inférieur de 7m à la normale – France 3 Régions

Du côté du Tarn, ce sont près de 45 000 habitants du Sud du département qui risquent d'être privés d'eau potable d'ici la fin du mois si la situation ne s'améliore pas avec là aussi des réserves d'eau se trouvant à des niveaux historiquement bas en ce début novembre.

Le niveau d'eau du lac des Saint-Peyres dans le Tarn est particulièrement bas actuellement – Photographie : Carole Pélissier

La sècheresse est donc contrastée en ce début novembre sur la France avec une situation restant préoccupante sur de nombreux secteurs de l'Ouest et du Sud de la France mais une légère amélioration sur le Nord et une partie du Centre-Est. 

Des pluies bénéfiques mais insuffisantes cette semaine :

Après un mois d'octobre très sec et chaud, la situation est donc devenue plus perturbée en ce début novembre avec le retour de conditions dépressionnaires et surtout de pluies sur une large partie de la France. Les perturbations vont en effet se succéder jusqu'à la semaine prochaine, touchant la quasi totalité du pays.

Animation des cumuls de précipitations sur 24h du 3 au 10 novembre 2022 – modèle GFS via WX CHARTS

Les cumuls s'annoncent plus marqués sur le Nord-Ouest du pays et aux abords des Alpes mais encore peu significatifs sur une partie du Sud de la France où la récurrence du manque de précipitation reste très inquiétante.

Cumuls de précipitations attendus du 3 au 10 novembre 2022 – Modèle GFS via WX CHARTS

Ces précipitations seront donc encore insuffisantes sur une large partie du Sud de la France pour enrayer la situation de sécheresse persistant depuis de longs mois. Si les sols pourront être temporairement humidifiés, le manque de cumul important ne permettra pas de garantir une amélioration au niveau des réserves en eau souterraine.

Sur une partie du Nord-Ouest et près des Alpes, ces pluies s'annoncent plus fréquentes et potentiellement plus marquées. Celles-ci seront donc plus à même d'améliorer sensiblement la situation même si le déficit global reste encore trop important pour que la sécheresse disparaisse totalement.

Le temps pourrait d'ailleurs de nouveau s’assécher nettement sur la France après cette période plus perturbée en raison d'un rapide retour des hautes pressions par l'Atlantique. Ces hautes pressions pourraient en effet se centrer de nouveau sur la France, garantissant un temps calme et surtout très sec dès le milieu de semaine prochaine.

Animation des géopotentiels à 500 hPa sur l'Europe du 7 au 11 novembre 2022 – Modèle GFS via WX CHARTS

Cette tendance sèche perdurerait également pour la suite du mois d'après certains scénarios, laissant craindre une nouvelle accentuation de la sécheresse sur notre pays.

L'hiver sera-t-il plus humide ?

La saison de recharge s'étale en général entre septembre et mars sur la France. C'est durant cette période que les réserves en eau souterraine retrouvent en général des niveaux satisfaisants avant la saison estivale, en général bien plus sèche.

Après un automne pour le moment déficitaire faisant lui même suite à un manque d'eau généralisé depuis le début de l'année, il sera important que l'hiver se montre humide sur nos régions, notamment sur le Sud et l'Ouest où le manque d'eau est le plus marqué.

Le modèle européen table sur un hiver globalement dans les normes sur la France et même potentiellement assez sec sur le Nord du pays (notamment sur le Nord-Est entre décembre et janvier). Les seules anomalies positives de précipitations pourraient être observées sur le Sud-Est où les précipitations pourraient se montrer plus récurrentes qu'à l'accoutumée, ce qui serait une très bonne nouvelle pour ces secteurs.

Anomalies de précipitations durant l'hiver 2022/2023 sur l'Europe – ECMWF

Du côté du modèle américain, la tendance se montre assez similaire avec tout de même une tendance sèche plus marquée sur la France et notamment du Sud-Ouest au Nord-Est. Une situation qui pourrait s'avérer problématique après une année déjà bien peu humide faisant elle aussi déjà suite à un hiver 2021/2022 trop sec.

Anomalies de précipitations durant l'hiver 2022/2023 sur l'Europe – modèle américain CFS

Si ces tendances saisonnières restent à prendre avec des pincettes, il conviendra de surveiller la situation attentivement, une absence de précipitations de nouveau récurrente pouvant se montrer très inquiétante pour débuter l'année 2023.