Ouragan Beryl : premier cyclone majeur de la saison sur l'Atlantique
lundi 1 juillet 2024Une intensification record !
Une dépression tropicale s'est formée en fin de journée du vendredi 28 juin dernier sur l'Atlantique. Celui-ci évoluant dans des conditions favorables, il était prévu de se renforcer progressivement avant d'atteindre l'arc Antillais en début de semaine.
Néanmoins, son intensification fut bien plus rapide et importante qu'initialement envisagé par les prévisionnistes. En effet, celui-ci est passé d'une simple dépression tropicale à un cyclone de catégorie 3 en seulement 42h, puis à un cyclone de catégorie 4 en environ 48h.
Evolution du cyclone Beryl lors de sa phase d'intensification très rapide à l'Est des Antilles – Via ZoomEarth
Une telle intensification n'avait jamais été observée aussi tôt dans la saison sur l'Atlantique. Celui-ci devient également le premier cyclone majeur de catégorie 4 a évoluer dans le bassin en juin, un phénomène qui ne s'était jamais produit en 174 ans de mesures !
Record de rapidité d'intensification pour le cyclone Beryl en cette fin juin 2024 – Via Twitter @splillo
À ce jour, seuls cinq ouragans majeurs (de catégorie 3 ou plus) ont été enregistrés dans le bassin Atlantique avant la première semaine de juillet. Beryl a ainsi rejoint très rapidement cette liste, devenant d'ailleurs l'ouragan majeur le plus précoce jamais enregistré à l'Est des Antilles.
Celui-ci a en effet profité de conditions particulièrement favorables à son renforcement rapide. Outre des cisaillements peu présents en altitude, ce sont notamment les eaux anormalement chaudes de cette partie du bassin qui lui ont fourni le carburant nécessaire à cette intensification record. Les températures de surface des océans atteignent en effet des niveaux record pour la période, dignes d'une fin août/début septembre, moment où la saison cyclonique atteint un pic d'activité sur cette partie du globe.
Anomalies de températures sur l'Atlantique durant la période du 22 au 28 juin 2024 – Via Twitter @MichaelRLowry
Les températures de la surface des océans atteignent en effet des records sur de nombreuses régions du globe, dont l'Atlantique depuis maintenant de nombreux mois sous l'influence d'El Niño. Si les moyennes sont repassées sensiblement sous les records établis l'année dernière sur l'Atlantique Nord depuis quelques jours, nous restons toujours largement au-dessus des années précédentes.
Evolution annuelle de la température moyenne de la surface de l'Atlantique Nord depuis 1981 – ClimateReanalyzer
Avec la fin progressive d'El Niño et l'arrivée de La Niña, les conditions deviennent dans les prochaines semaines bien plus favorables en altitude à la formation de cyclones sur l'Atlantique comparé à l'année dernière. De plus, les températures de surface des océans surchauffées depuis maintenant plusieurs mois ajoutent un carburant supplémentaire à la formation de systèmes potentiellement nombreux et virulents.
C'est pour cela que les organismes spécialisés dans la prévision des phénomènes cycloniques ont envisagé une saison cyclonique 2024 potentiellement très active sur l'Atlantique, prévision qui semble pour le moment se vérifier avec le cyclone Beryl, celui-ci ayant déjà battu des records d'intensité et de précocité.
Prévisions de l'activité cyclonique dans les prochains mois sur l'Atlantique – NOAA
Cette saison 2024 a, selon la NOAA, 85% de chances de se montrer plus active que la moyenne avec entre 17 et 25 systèmes nommés (moyenne de 14), 8 à 13 ouragans (moyenne de 7) et 4 à 7 ouragans majeurs (catégorie supérieure ou égale à 3).
L'ouragan touche le Sud des Antilles en ce début de semaine
Si les prochains mois s'annoncent donc particulièrement actifs du côté de l'Atlantique, il convient d'abord de suivre l'évolution du cyclone Beryl. Celui-ci touche ce lundi le Sud de l'arc antillais en catégorie 4, s'accompagnant de rafales de vent de plus de 210km/h, d'une importante marée de tempête et de pluies diluviennes.
Son impact le plus important sera ressenti dans les prochaines heures entre la Barbade, et les îles de Grenade, Saint-Vincent-les-Grenadines ainsi que Sainte-Lucie. C'est notamment entre Grenade et Saint-Vincent-les-Grenadines que les rafales les plus puissantes sont attendues d'ici la fin de journée, pouvant dépasser les 220km/h à proximité de l'œil, qui devrait circuler aux abords de l'île de Carriacou, le tout accompagné pluies intenses et de vagues de plusieurs mètres de haut.
Trajectoire du cyclone Beryl sur le Sud des Antilles dans les prochaines heures – Arome via meteociel.fr
La Martinique, la Dominique et la Guadeloupe seront également touchées dans une moindre mesure dans les prochaines heures avec des rafales pouvant dépasser les 100/110km/h sur les secteurs exposés du littoral et de fortes pluies orageuses pouvant apporter plus de 100-150mm de précipitations sur les reliefs de la Martinique notamment.
Prévisions des rafales de vent maximales et des cumuls de pluie entre la Martinique et la Guadeloupe – Arome via meteociel.fr
Par la suite, l'ouragan Beryl continuera sa route dans la mer des Caraïbes en perdant sensiblement en intensité d'ici le milieu de semaine. Les secteurs les plus à risque se situeront alors entre la Jamaïque et le Sud de la République Dominicaine avec notamment de fortes rafales et d'intenses précipitations sur ces secteurs.
Enfin, Beryl devrait finir sa course en fin de semaine entre le Belize et la péninsule du Yucatán, toujours au stade d'ouragan avant de rapidement perdre en intensité d'ici le week-end après avoir circulé sur l'Est du Mexique.
Trajectoire du cyclone Beryl dans les prochains jours – nhc.noaa.gov
Si le calme sera revenu avant le milieu de semaine sur l'arc antillais, il conviendra toutefois de surveiller l'évolution d'une nouvelle onde tropicale actuellement située sur le Centre de l'Atlantique. Selon le National Hurricane Center, celle-ci pourrait de nouveau évoluer en cyclone d'ici le milieu de semaine, suivant par la suite une trajectoire similaire à celle de Beryl et touchant les Antilles la semaine prochaine.
Formations tropicales sur le bassin Atlantique ce lundi 1er juillet 2024 – nhc.noaa.gov