Tempête Dennis : vents violents, fortes pluies et douceur au programme
samedi 15 février 2020Tout juste une semaine après le passage de la tempête Ciara (>>), et quelques jours après le coup de vent associé à la dépression Inès (jeudi 13 février), c'est la dépression DENNIS qui a fait parler d'elle durant ce week-end du 15 et 16 février. Et tout comme la semaine dernière, cette dépression exceptionnellement creuse (près de 920hPa au sud de l'Islande !) a pris forme en raison d'un Jet Stream (courant d'altitude) très virulent : plus de 400km/h à 9000m d'altitude.
Dépression Dennis le 15 février 2020 - image satellite Terra
Les effets de cette dépression se sont principalement faites ressentir durant la journée du dimanche 16 février. Elle a occasionné plusieurs éléments notable : des vents tempétueux dans le Nord-Ouest, une forte houle et des pluies abondantes en Bretagne, ainsi qu'une douceur remarquable proche des records (voire même de la chaleur sur l'Aquitaine) !
Une vigilance orange avait été émise par Météo-France pour 6 départements au plus fort de l'évènements (6 pour vents violents mais 2 aussi en parallèle pour fortes pluies).
VENTS VIOLENTS :
Les vents se sont renforcés sensiblement durant la nuit du 15 au 16 février sur la Bretagne et les côtes de la Manche. Mais le stade de la tempête a été atteint sur l'ensemble de la Bretagne et les côtes Normandes durant la matinée du 16 février. Les rafales se sont également renforcées dans les terres dans des proportions assez inattendues, notamment dans les Pays de la Loire.
Si les vents ont dépassé les 130km/h sur les côtes et caps exposés (138km/h à Barfleur, 135km/h sur la Pointe Saint-Mathieu), ils ont aussi atteint les 110 voire 120km/h dans l'intérieur des terres (120km/h à Laval, 115km/h à Angers, 113km/h à Caen, 112km/h à Rouen).
En début de soirée du dimanche 16 février, pas moins de 60 000 foyers étaient privés d’électricité dans le quart nord-ouest de la France selon Enedis. Des coupures de courant causées principalement par des chutes de branche ou d'arbres sur le réseau électrique. Les dégâts ont été assez importants sur le département de la Mayenne où les rafales ont atteint les 120km/h.
Toit du préau d'une école arrachée à Bonchamp-les-Laval (Mayenne) - 16 février 2020 - Ouest-France
Arbre tombé dans le Morbihan / Arbre déraciné dans la Mayenne - 16 février 2020 - Ouest-France & Sapeur-Pompiers53
VAGUES / SUBMERSION MARINE :
Comme la semaine dernière, ces vents violents se sont accompagnés d'une très forte houle avec des vagues qui ont parfois dépassé les 10 mètres au large de la Bretagne. Plus isolément, une vague de 15.4m a été mesurée par la bouée des "Pierres Noires", au large de la pointe Saint-Mathieu (Finistère) durant la matinée du 16 février.
Hauteur des vagues - bouée des Pierres Noires (Finistère) - 15 et 16 février 2020 - Infoclimat
Fort heureusement, et contrairement à la précédente tempête, les coefficients de marée étaient relativement faibles (58 dimanche matin, 52 en soirée), limitant la surcote et les phénomènes de submersion marine. Mais avec la puissance des vents, ceci n'a pas empêché certaines plages et routes littorales d'être recouvertes par une quantité importante d'écume de mer (phénomène sans gravité).
Ecume de mer sur une plage de Quiberon (Morbihan) - 16 février 2020 - Nicolas Bauby - RTL
FORTES PLUIES :
Troisième phénomène lié à cette tempête Dennis : les fortes pluies. En effet, ces pluies ont été relativement abondantes du côté de la Bretagne et dans une moindre mesure sur le département de la Manche. En l'espace de 36h, il est tombé localement plus de 60mm sur le Finistère (65mm à Brennilis) soit l'équivalent de plus de 2 semaines de précipitations. Les débordements de cours d'eau ont toutefois été très limitées, et aucune inondation notable a été observée sur ces secteurs.
Accumulation des pluies en 24h dans le Nord-Ouest (soirée du 15 février -> soirée du 16 février 2020) - Infoclimat
DOUCEUR :
L'hiver ne répond pas présent cette année, et bien l'arrivée de cette tempête Dennis n'a pas arrangé les choses. A la faveur d'un flux de Sud-Ouest assez vigoureux, c'est une masse d'air exceptionnellement douce voire chaude qui a englobé la totalité de notre pays pour la journée du dimanche 16 février.
Les températures ne se sont pas abaissées sous les 12 à 14°C sur un très grand quart Nord-Ouest durant la nuit, soit au niveau des records mensuels. Sur le Pays Basque, le thermomètre n'est pas descendu sous les 17.5°C sur la pointe de Socoa (près de St-Jean-de-Luz), et 16.7°C à Biarritz. Mais un front froid a permis une chute des températures (sous les 10°C) sur l'ensemble des régions situées au nord de la Seine entre 17h et 19h. De ce fait, seules les villes de Orléans (11.5°C) et du Mans (13.0°C) ont battu leur record mensuels de Tmin élevée.
Quand à l'après-midi, les températures étaient printannières sur la quasi-totalité du pays (exception faite des régions méditerranéennes sous les entrées maritimes). Sur la moitié Nord, le thermomètre affichait en moyenne de 16 à 19°C, établissant des records pour un 16 février (et parfois des records pour une 2e décade de février). Localement, les 20°C ont été dépassés en Alsace (20.4°C à Strasbourg, 20.1°C à Colmar) ou dans la région Centre (20.2°C à Nevers).
Du côté de Paris, cette journée du 16 février à été la seconde plus douce observée au cours d'un mois de février en plus de 120 ans de mesures. Avec une température moyenne de 14.80°C (Tmn de 11.4° / Tmax de 18.2°), cette journée est à quasi-égalité avec celle du 02/02/1957 (Tmoy de 14.85°C).
Mais c'est sur l'Aquitaine et plus principalement au pied des Pyrénées que ces températures ont, une nouvelle fois, atteint des niveaux incroyables, habituellement observées en plein été. Le seuil de chaleur (25°C) a été largement dépassé dans certains secteurs, et le ressenti a alors été totalement estival : jusqu'à 28.3°C à Oloron-Sainte-Marie (nouveau record en février pour cette station) ou encore 27.7°C à Navarrenx, toutes deux dans les Pyrénées-Atlantiques. Le thermomètre a également affiché 26.5°C à Dax (Landes), à moins d'un degré de son record mensuel.
Avec 24.6°C à Biarritz, les touristes et habitants ont pu profiter de ces conditions hors-normes, et la grande plage a été prise d'assaut. Une image saisissante, totalement inhabituelle pour un ... 16 février !
Grande plage de Biarritz sous des températures quasi-estivales - 16 février 2020 - Viewsurf