Le trou dans la couche d'ozone est actuellement l'un des plus grands jamais observés. Comment l'expliquer alors que la tendance était à l'amélioration depuis de nombreuses années ?

L'un des trous les plus importants

C'est un fait dont on parlait moins ces dernières années mais qui s'avère marquant en cet automne 2023. Lors du mois de septembre, le trou dans la couche d'ozone a atteint l'une des tailles les plus importantes observées. Ce dernier était d'environ 26 millions de kilomètres carrés au dessus du pôle sud, soit le double de la superficie du continent Antarctique ! Cette taille est équivalente à trois fois le Brésil ou à 50 fois la France, ce qui est considérable et proche des records.

Carte montrant le trou dans la couche d'ozone le 20 septembre 2023 - via ESA

Rappelons que le trou dans la couche d'ozone a été engendré par les rejets de chlorofluorocarbures, communément appelés gaz CFC. Ces gaz ont été massivement rejetés lors du siècle dernier, notamment par l'industrie de la réfrigération. Lorsque les ultraviolets entrent en contact avec ces gaz, ils libèrent des atomes de chlore. En réagissant avec l'ozone, du monoxyde de chlore et des molécules d'oxygène se forment. C'est ainsi que l'ozone est détruit. Heureusement, le Protocole de Montréal - signé en 1987 - a interdit le rejet de ces gaz afin de sauver la couche d'ozone. Toutefois, les CFC ont une durée de vie pouvant atteindre 50 à 100 ans et sont donc encore présents dans la stratosphère.

Schéma de la destruction de la couche d'ozone par les gaz CFC - via Courrier International

Comment expliquer un trou aussi grand ?

De nombreux scientifiques pensent que l'éruption du volcan Hunga Tonga en janvier 2022 est en partie responsable de la superficie impressionnante du trou actuel dans la couche d'ozone. En effet, le volcan avait rejeté plus de 50 millions de tonnes de vapeur d'eau dans la stratosphère ! Or, cette vapeur d'eau favorise la formation de nuages stratosphériques polaires, qui peuvent interagir avec les gaz CFC et dégrader l'ozone. Comme cette vapeur avait atteint le pôle Sud après la résorption du trou de la couche d'ozone de 2022, les conséquences sont donc surtout visibles cet automne 2023.

Éruption du volcan Hunga Tonga (archipel des Tonga) en janvier 2022 - via CNRS

Outre l'éruption volcanique, il faut également préciser qu'il existe une forte variabilité interannuelle dans la superficie du trou dans la couche d'ozone. Ainsi, le trou observé au dessus du Pôle Sud à l'automne 2019 avait été peu durable et particulièrement petit, n'excédant pas les 9 millions de kilomètres carrés. À l'inverse, celui observé en octobre 2017 avait été trois fois plus massif, atteignant une superficie encore un peu plus volumineuse que le trou actuel ! Il est donc important de considérer le phénomène avec un certain recul.

Superficie du trou dans la couche d'ozone au Pôle Sud ces dernières années - via Copernicus

Les scientifiques précisent que ces fortes variations ne remettent pas en cause la guérison du trou dans la couche d'ozone. Comme évoqué plus haut, les gaz CFC ont une durée de vie pouvant atteindre 50 à 100 ans. Par conséquent, ils finiront à terme par disparaître. On estime que le trou dans la couche d'ozone pourrait être totalement résorbé d'ici 2050 à 2070.