Depuis désormais bientôt trois années consécutives, les températures de la partie équatoriale de l’océan Pacifique sont plus fraîches que la moyenne. Un constat qui matérialise le phénomène dit « La Niña », ayant des conséquences sur le climat de diverses régions du Globe (plus d’explications sur ce phénomène dans notre article dédié >>). Mais la tendance est lentement en train de s’inverser ces derniers mois, avec une température redevenant neutre… avant un réchauffement des eaux de surface synonyme du retour du fameux « El Niño » ?

En effet, la température de cette zone océanique devrait vraisemblablement augmenter pour retrouver une anomalie positive entre le mois de février et de mars, mettant officiellement fin à La Niña. Mais ce réchauffement pourrait se poursuivre au fil de l'année, et les simulations envisagent une anomalie approchant les +1°C d'ici le mois de juin. Or, entre +0.5°C et +0.8°C, nous entrons dans un début de phénomène El Niño.

Anomalie de température de surface de l'océan Pacifique (partie équatoriale) - observation d'août 2022 à janvier 2023 et prévision jusqu'à juin 2023 - Bureau Météorologique Australien

Telle est la projection émise en cette fin janvier par l’Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA). Le retour en phase neutre est confirmée pour ce printemps avec une fin programmée de cet épisode de La Nina en cours depuis 2020. Mais les probabilités de voire apparaitre le phénomène El Niño augmente sensiblement, devenant même le scénario majoritaire à partir de la période chaude de l'Hémisphère Nord (juillet-août-septembre). Une probabilité d'une chance sur deux est estimée au cours du 3e trimestre de l'année 2023.

Pourcentage de chance des phénomènes El Niño et La Niña - périodes de trois mois (jusqu'à octobre 2023) - CPC / NOAA

Pour rappel, la fluctuation de la température de la mer dans cette zone du Pacifique joue d'une influence importante sur l'atmosphère en affectant le régime des vents et des précipitations. Cette relation océan/atmosphère se dématérialise alors sur les fameux phénomènes dits de « El Niño » et de « La Niña ». Les conséquences d'un épisode d'El Niño sont généralement opposés de ceux de La Niña, mais surtout plus importants (exemple de l'épisode historique de 2015-2016 avec des effets parfois catastrophiques sur certaines régions du globe >>).

En période El Niño, plusieurs régions du Globe sont en général concernée par des évènements climatiques identifiés. De décembre à février (hiver sur l'Hémisphère Nord), il est habituellement constaté un temps frais et humide dans le sud des États-Unis, tandis que les températures seraient au dessus des normales en Alaska et dans l’ouest du Canada. Un temps chaud et sec pourrait également prédominer sur la partie australe du continent Africain, et sur une bonne partie de l'Asie du Sud-Est en période El Niño.

Phénomènes habituellement observés entre décembre et février lors d'une situation El Niño - NOAA
Wet = Humide // Dry = Sec // Warm = Doux // Cool = Frais

Des conséquences qui peuvent aussi se répercuter durant l'hiver austral (été sur Hémisphère Nord) avec une constatation habituelle d'un temps plus sec que la normale sur l'Inde (mousson peu active), en Asie du Sud-Est et sur le nord de l'Australie. Le continent Sud-Américain pourrait quant à lui subir une période assez douce sur cette période Juin - Août en cas de future El Nino.

A noter que pour la France et l'Europe, aucune réelle conséquence directement liée aux phénomènes El Niño et La Niña n'a pu être prouvée sur ces dernières décennies. Malgré tout, une période El Niño est fréquemment propice à une hausse de la température à l'échelle mondiale.

Phénomènes habituellement observés entre juin et août lors d'une situation El Niño - NOAA
Wet = Humide // Dry = Sec // Warm = Doux // Cool = Frais