Prévisibilité des nuages bas : pourquoi tant de difficultés ?
dimanche 29 janvier 2023Actuellement sous un vaste système de hautes pressions, nous subissons de longues journées sous un ciel bas et gris. Pourtant, il arrive que nous vous proposions des éclaircies... qui n'arrivent finalement pas ! Nous allons tenter de vous expliquer en quoi ces nuages bas sont particulièrement difficiles à prévoir en période hivernale, malgré la multitude de modèles météo.
SOLEIL ET NUAGES BAS : UN ANTICYCLONE MAIS DES CONDITIONS DIFFÉRENTES
Soleil et nuages bas trouvent une origine commune en hiver: l'inversion thermique... et un temps souvent anticyclonique. En effet, un anticyclone d'été est identique à un anticyclone d'hiver sous nos latitudes. Celui-ci fonctionne par ce que l'on nomme la compression adiabatique.
Mécanisme atmosphérique de l'anticyclone - InfoMeteoBelgique
Pour exprimer cette notion, il s'agit simplement d'une compression de l'air, qui tend à l'échauffer et à l'assécher. Il en résulte au sol un temps calme et dépourvu de nuages. Malheureusement en hiver, les nuits sont longues et la pellicule d'air proche du sol se refroidit rapidement entrainant la condensation de l'eau disponible... c'est la formation de nuages bas, la grisaille hivernale ! L'air est alors plus chaud en altitude qu'au niveau du sol, et le soleil ne pénètre pas sous la couche nuageuse pour réchauffer la pellicule d'air froid. Les nuages bas sont alors persistants engendrant des maximales très basses et une luminosité faible.
La formation du brouillard et des nuages bas en période anticyclonique – Météo-Bretagne
D'INFIMES VARIATIONS MAL APPRÉHENDÉS PAR LES MODÈLES MÉTÉO
Comme nous l'avons vu, malgré un temps calme, la différence entre ciel clair et nuages bas sont pourtant issus d'un même phénomène : un anticyclone. Or, comme les propriétés de l'air y sont assez homogènes, il est très difficile pour un modèle d'anticiper où l'inversion va permettre la condensation de nuages et où elle ne le permettra pas.
Malgré la performance des modèles météo actuels, les variations restent trop infimes pour être parfaitement anticipées : 1°C de plus ou de moins, une sur ou sous-estimation du vent de quelques km/h, une humidité de l'air erronée de quelques %, et nous pouvons passer une prévision d'un temps très ensoleillé... à un temps parfaitement gris ! Ces nuages bas et brouillards très difficiles à appréhender par les modèles de prévisions, rendent très ardue l'expertise humaine.
Ces erreurs de modélisation ont été régulièrement constatées ces derniers jours. Prenons l'exemple de la fin d'après-midi de ce samedi 28 janvier : en comparant 5 modèles différents (Arome, Arpège, Cosmo, ICON-D2 et Harmonie40), une zone d'éclaircies s'étalant de la Vendée aux Ardennes en passant par la région Parisienne était entrevue par chacun de ces derniers. Dans la réalité... la grisaille était omniprésente sur l'ensemble de ces régions, comme sur les 3/4 du pays !
Comparaison des erreurs de prévision de nébulosité de 5 modèles météo et observation satellite - samedi 28 janvier 2023 à 17h - Météociel
Une situation assez similaire qui s'est produite ce jour, dimanche 29 janvier. Prenons l'illustration des deux principaux modèles appartenant à Météo-France : Arome et Arpège. Pour le premier, le soleil devait cet après-midi se montrer généreux sur une bonne partie du pays, seules les côtes de la Manche et le piémont Pyrénéen se trouvant sous les nuages. Idem pour le modèle Arpège, en y ajoutant quelques nuages résiduels sur le Massif-Central et Rhône-Alpes.
Prévision de la nébulosité - modèles Arome et Arpège pour le dimanche 29 janvier 2023 à 15h - Météociel
En réalité, les nuages bas ont englobé des régions bien plus vastes. L'intégralité du quart Sud-Ouest n'a en effet pas émergé des nuages durant cette journée. Une erreur de modélisation encore plus notable dans le Centre-Est et le Massif-Central, restés sous la grisaille (alors même que le modèle Arome y voyait un après-midi parfaitement ensoleillé) !
Observation satellite - dimanche 29 janvier 2023 à 15h - EUMETSAT via Meteociel
Ces variations infimes sont donc difficilement appréhendées par les modèles, parfois totalement en contradiction avec la réalité. Pour cette raison, même si elle ne reste pas infaillible, seule l'expertise humaine peut permettre de compenser ces erreurs. Une expertise que vous pouvez retrouver chaque jour sur nos sites Météo-Villes, avec un bulletin émis quotidiennement par des prévisionnistes professionnels, et ceci depuis plus d'une dizaine d'années >>