Avril 2020 en France : sur le podium des plus doux depuis 1900
samedi 2 mai 2020Comme à chaque début de mois, nous établissons un bilan cartographié du mois écoulé. Dès lors, nous vous proposons désormais le bilan cartographié du mois d'AVRIL 2020 en terme de température, pluviométrie et ensoleillement sur un panel de 73 stations*.
Le mois d'avril est désormais derrière nous. Et malgré un mois placé sous le signe du confinement, l'ensemble de la population l'aura remarqué : la douceur, voire même la chaleur était le maître mot ! En effet, le constat est notable : avril 2020 termine avec une anomalie de température à l'échelle nationale de +3.0°C, se plaçant au 3e rang des plus chauds observés en France depuis 1900 ! Le reste du podium est trusté par avril 2007 (+3.6°C) et avril 2011 (+3.3°C).
Ce mois d'avril complète une série incroyable de 11 mois consécutifs plus chauds que la normale ! En effet, il faut remonter à mai 2019 pour trouver trace d'un mois plus frais que la moyenne (une moyenne établie sur 30 ans - période 1981-2010).
C'est une douceur/chaleur quasi-généralisée qui s'est manifestée au cours du mois écoulé. "Quasi" car subsiste une petite exception : à la faveur d'un flux orienté fréquemment au sud, le pourtour Méditerranéen a été quelques peu tempéré par une température de la mer encore fraîche, sans compter la précence d'humidité. Dès lors, bien que positive, l'anomalie ne dépasse pas les +1°C sur ces secteurs (+0.5°C à Bastia, +0.6°C à Montpellier, +0.7°C à Hyères ou encore +0.8°C à Perpignan et Marignane).
A l'inverse, les températures ont été remarquables sur la moitié Nord avec une anomalie mensuelle dépassant fréquemment les +3°C, voire même les +4°C sur certains départements ! Parmi les anomalies les plus importantes : +4.9°C à Langres, +4.3°C à Rouen, +4.2°C à Limoges ou encore à Paris...
Si les températures au petit matin ont été parfois fraîches lors de certaines journées, avec des gelées en tout début de mois (jusqu'à -8,2°C à Mourmelon-le-Grand (Marne) le 1er avril), ce sont les températures observées durant l'après-midi qui ont été tout bonnement exceptionnelles. Les premières véritables boufées de chaleur se sont manifestées, avec une liste de nombreux records lors de la première décade (>>). Plusieurs villes de la moitié Nord ont relevé plus de 5 journées consécutives avec plus de 25°C ce qui n'était jamais arrivé aussi tôt dans la saison.
En terme de température maximale (températures de l'après-midi), l'anomalie nationale atteint alors +4.3°C. Sur plusieurs villes du Nord et surtout du Nord-Est, la moyenne de température maximale de ce mois d'avril a été supérieure... à la moyenne de mai ! Une anomalie de Tmax qui a atteint jusqu'à +6.6°C à Langres , +6.1°C à Rouen ou encore Troyes, et jusqu'à +5.7°C à Paris !
Au niveau des pluies, c'est une sécheresse marquée qui s'est déroulée sur la totalité des régions du Nord-Est avec des pluies particulièrement limitées. Entre le Grand-Est et la Bourgogne-Franche-Comté, l'anomalie mensuelle des précipitations par rapport à la moyenne habituelle est comprise entre -70 et -80% (avec un pic atteignant -83% sur Colmar).
Quelques orages ont permi isolément d'obtenir des précipitations plus "correctes" et suffisantes pour atteindre les moyennes (+15% à Evreux, +8% à Rennes, +6% à Caen). Les pluies sont aussi revenues en toute fin du mois près de l'arc Atlantique (+48% à Bordeaux dont une grande partie tombée le 30 avril). Mais la plupart des pluies observées en France se sont produites sur la façade orientale de la Corse (+76% à Bastia) mais surtout sur les Pyrénées et le Roussillon : Perpignan est une véritable exception avec un cumul plus de 2.5x la moyenne d'un mois d'avril normal (+266%).
Homogénéisé à l'échelle nationale, le bilan en terme de précipitation reste toutefois décifitaire avec une anomalie négative de -24%. Pour Paris, ce bilan atteint -43%.
En détail, les cumuls de pluie ont été souvent inférieur à 30-35mm sur les 2/3 Nord de la France, et même moins de 20mm dans le Nord-Est (minimum national de 8mm seulement à Colmar). Les pluies et orages de la fin de mois ont mis fin à des séries sèches parfois incroyables : 44 jours sans pluie à Saint-Dizier, 42 jours à Grenoble ! Pour Paris, ce cumul a atteint seulement 30mm.
Les pluies ont été un peu plus fréquentes dans l'Ouest notamment en fin de mois (98mm à Bergerac, 116mm à Bordeaux), et relativement abondantes au pied des Pyrénées (111mm à Tarbes, 155mm à Saint-Girons). Mais comme énoncé précédemment, c'est le Roussillon qui a été le plus arrosé avec un cumul maximal de 214mm sur Perpignan !
Chaud au nord, sec au nord, et donc... ensoleillé au nord ! En effet, c'est un contraste marqué qui a été constaté en terme d'ensoleillement entre le nord et le sud au cours de ce mois d'avril. Un astre omniprésent notamment dans le quart Nord-Est où la durée d'ensoleillement présente une anomalie remarquable voire exceptionnelle supérieure à +50%, voire même +70% dans le Grand-Est (+71% à Strasbourg et Colmar, +73% à Charleville-Mézières, maximum de +74% à Luxeuil-les-Bains). Pour Paris, cet excédent notable s'élève à +58%.
A contrario dans la moitié Sud, la nébulosité a été un peu plus fréquente. Si l'ensoleillement a été plus ou moins conforme aux moyennes entre la Provence, le Languedoc, le Nord de l'Occitanie ou le Poitou-Charentes, il devient déficitaire en direction des Pyrénées (-21% à Perpignan, -17% à Tarbes, -15% à Biarritz, -14% à Saint-Girons, -10% à Carcassonne).
A l'échelle nationale, le très fort excédent de la moitié Nord penche dans la balance de manière notable. Le bilan de ce mois d'avril est alors excédentaire de +27%.
Ce contraste se matérialise par une inversion peu courante de la durée d'ensoleillement entre le Nord et le Sud. En effet, la barre des 250 heures de soleil n'a été atteinte que dans le quart Nord-Est du pays, avec même localement plus de 300h (maxi de 308h à Strasbourg, 307h à Colmar). Avec 297h, la station du Touquet a même battu son record d'ensoleillement pour un mois d'avril (ancien record de 273h en 2010).
Dans l'Ouest et surtout le Sud-Ouest, cette durée d'ensoleillement cumulée a peiné à dépasser les 200h, chutant même sous les 150h sur les villes du piémont Pyrénéen (minimum de 141h seulement à Tarbes, 145h à Biarritz et Saint-Girons). Même les régions Méditerranéennes ont vu moins de soleil que la majorité des villes de la moitié Nord (219h à Montpellier, 221h à Nîmes, 243h à Bastia...).
Il est alors étonnant de signaler que l'ensoleillement a été plus fort à Paris (263h) qu'à Ajaccio (249h), plus important à Dijon (286h) qu'à Marseille (260h)... et que ce soleil a été presque deux fois plus présent à Strasbourg (308h) qu'à Perpignan (172h) !
* PANEL DE 73 STATIONS (pas de données d'ensoleillement sur les stations soulignées et en italique) :
Abbeville, Agen, Ajaccio - Campo Dell'Oro, Albi, Alençon, Angers-Beaucouzé, Aurillac, Bastia, Beauvais, Bergerac, Besançon, Biarritz, Bordeaux, Boulogne-sur-Mer, Bourg-Saint-Maurice, Bourges, Brest, Brive-Laroche, Caen, Carcassonne, Charleville-Mézières, Chartres, Chateau-Arnoux-Saint-Auban, Châteauroux, Cherbourg, Clermont-Ferrand, Cognac, Colmar, Dijon, Embrun, Evreux, Hyères, La-Roche-sur-Yon, Langres, Le Mans, Le-Puy-en-Velay, Lille, Limoges, Lorient, Luxeuil, Lyon-Bron, Mâcon, Marseille-Marignane, Melun, Metz, Millau, Mont-de-Marsan, Montélimar, Montpellier-Fréjorgues, Nancy-Essey, Nantes, Nevers, Nice, Nîmes-Courbessac, Niort, Orléans, Paris-Montsouris, Perpignan, Poitiers, Rennes, Romorantin, Rouen, Saint-Brieuc, Saint-Dizier, Saint-Etienne, Grenoble - Saint-Geoirs, Saint-Girons, Saint-Quentin, Tarbes, Toulouse-Blagnac, Tours, Troyes.
Récapitulatif :