BILAN MAI 2013 : le pire mois de mai depuis 1984
vendredi 31 mai 2013On pourrait presque dire que le printemps 2013 a touché le fond en ce mois de mai "hors concours" tant le mauvais temps s'est acharné sur la France. Avec des températures dignes d'une fin de mars et des giboulées, d'intenses épisodes pluvieux, du vent fort, des chutes de neige abondantes en montagne et de fréquentes gelées en plaine, ce mois de mai ne nous aura décidément rien épargné !
Ecarts à la moyenne en mai 2013 à l'échelle de la France
TEMPERATURES | PRECIPITATIONS | ENSOLEILLEMENT |
-2,3°C |
130 % |
60 % |
- Tout d'abord un bref retour sur les conditions atmosphériques qui ont présidé à ce mauvais temps avec une zone de basses pressions persistantes alimentée continuellement en air froid venant d'Ecosse. Cette zone de basses pressions a fait barrage à l'anticyclone des Açores et à l'air chaud de Méditerranée qui n'ont pas pu remonter jusqu'à nous, d'où les intempéries actuelles.
Plusieurs dépressions ont apporté de nombreuses pluies | De l'air frais (ou froid) humide issu d'Ecosse n'a cessé de circuler sur notre territoire |
- Après cet aperçu de la situation générale, un rapide tour d'horizon en quelques photos de ce mois de mai vraiment très très très maussade (on est bien loin du "joli mois de mai")...
L'hiver insiste sur le massif de Belledonne (Isère) avec des chutes de neige répétées
Ciel tourmenté avec des giboulées sur Pélussin (Loire) le 26 mai
Gelées blanches au sol à Blain (Loire-Atlantique) le 27 mai à l'aube
Le quartier de la Défense à Puteaux (Hauts-de-Seine) sous une pluie battante...
Ciel menaçant, fortes averses et arc en ciel sur Grenoble le 19 mai
Tornade à Macheren en Moselle
Concernant les températures, elles se montrent largement déficitaires sur le pays tout au long du mois, et plus particulièrement du Nord-est au Sud-ouest, un peu moins près de la Méditerranée. Des températures plus souvent proches d'une fin mars. Si quelques jours de douceur ont été recensés entre les 3 et 9 mai, aucun épisode ou pic de chaleur n'a été observé (sauf les 6 et 7 mai dans le Sud) et quasiment aucune température maximale n'a dépassé les 25/26°C. En revanche, le nombre de jour de gelées blanches a été très important dans nos campagnes, d'autant que la majorité d'entre elles se sont produites entre les 15 et 25 mai de la Bretagne au bassin parisien en descendant vers le Limousin, le Poitou, la Bourgogne, le val de Loire ou bien encore le piémont pyrénéen. De nombreux records de froid sont enregistrés pour les températures minimales (+3,5°C à Biarritz le 26 mai et 0°C à Pontoise le 24). Avec +3,7°C mesurés à Paris-Montsouris au matin du 24 mai, il faut remonter à 1887 pour retrouver une température minimale aussi basse à cette date ! Les températures maximales ne sont pas mieux loties avec +9,6°C enregistré à Paris (record de température maximale bas pour cette date du 24). D'autres records tombent avec le 24 mai des valeurs maximales basses suivantes : +8°C à Saint-Quentin (Aisne), +9°C à Lille (Nord), +10°C au Mans (Sarthe) et à Tours (Indre-et-Loire). Pour le 26 on relevait : +6,7°C à Phalsbourg (Moselle), +7,8°C à Epinal (Vosges) et +8,4°C à Metz (Moselle). La fin du mois n'est guère plus réjouissante et l'automne joue les prolongations avec un déficit de 5°C par rapport aux moyennes saisonnières.
Différences de températures par rapport à la normale
(en moyenne sur l'ensemble du mois)
Pour renforcer encore davantage le caractère exceptionnellement frais de ce mois de mai, le tableau ci-dessous illustre de manière très concrète cette situation ; le nombre de jours où la température est restée inférieure aux moyennes est très important sur quasiment tout le territoire, excepté le long des rivages de la Méditerranée.
VILLES | Nombre de jours avec une température inférieure à la moyenne |
Biarritz | 27 |
Paris | 26 |
Bordeaux et Toulouse | 25 |
Metz, Nantes et Grenoble | 24 |
Clermont-Ferrand et Lille | 23 |
Sttrasbourg | 22 |
Nice | 18 |
Montpellier | 17 |
Concernant les précipitations, elles se montrent excédentaires presque partout, à l'exception du littoral du Languedoc-Roussillon où mistral et tramontane qui ont soufflé une grande partie du mois ont limité l'apparition des pluies. Dans le détail, mai débute fort avec d'intenses pluies en Bourgogne et en Rhône-Alpes où il tombe entre les 3 et 6 mai de 75 à 150 mm de pluies en moyenne (soit l'équivalent d'un mois et demi de pluies en 72 heures localement), entraînant la réaction très brutale et catastrophique de nombreux cours d'eau, dont la Marne et la Seine et certains affluents de la Saône qui connaissent une crue centennale. Les 17 et 18 mai, c'est au tour de la Provence Côte d'Azur, du sud du Massif-Central et de l'Aquitaine de subir des intempéries très importantes. A Biarritz, une lame d'eau de 150 mm s'abat les 17 et 18 mai sur la ville qui compte 28 jours de pluies en mai... Le bassin parisien n'est pas épargné non plus puisque du 18 au 20 mai on recueille 60 mm de pluie et 23 jours de précipitations depuis le 1er mai. En fin de mois (du 28 au 31) un dernier épisode de fortes pluies arrose à nouveau copieusement le Sud-ouest (Aquitaine et Midi-Pyrénées avec une cinquantaine de mm à Agen, Tarbes, Pau, Auch, Carcassonne, Montauban) mais aussi les régions de l'Est (Alsace, Franche-Comté, Bourgogne et Rhône-Alpes).
Ces fortes pluies se produisant dans une masse d'air froid en altitude, la neige tombe en abondance sur tous les massifs montagneux, dès 1000 mètres. Une couche de neige fraîche de 30 à 40 cm recouvre les sommets d'Auvergne les 25 et 26 mai. Dans les Pyrénées, aux épaisseurs de neige de neige incroyables déjà mesurées fin avril s'ajoutent de 50 cm à 1 mètre supplémentaires vers 2300 mètres d'altitude. Même les stations d'Isola 2000 et de Valberg au-dessus de Nice sont recouvertes de neige. Enfin, il neige en Haute-Savoie et Savoie le 29 mai au matin avec une couche qui atteint 10 cm vers 1000 mètres d'altitude (Lans-en-Vercors ou Chamonix).
Différences des précipitations par rapport à la normale (en moyenne sur l'ensemble du mois)
(NOTA : 100 % = dans la moyenne)
Pour renforcer encore davantage le caractère exceptionnellement humide de ce mois de mai, le tableau ci-dessous illustre de manière très concrète cette situation perturbée ; le nombre de jours de pluies est très largement supérieur aux moyennes sur quasiment tout le territoire, excepté les rivages de la Méditerranée (même s'il a beaucoup plu entre Toulon et Nice mais sur un nombre de jours limités).
Nombre de jours de pluie en mai et écarts à la normale
VILLES | JOURS DE PLUIES | ECARTS A LA NORMALE |
Biarritz | 26 | +10 |
Strasbourg et Besançon | 25 | +13 |
Lille et Rouen | 24 | +11 |
Paris et Caen | 22 | +11 |
Chambéry, Lyon et Bordeaux | 21 | +10 |
Brest et Nantes | 20 | +7 |
Grenoble | 19 | +5 |
Brest et Toulouse | 18 | +5 |
Clermont-Ferrand | 17 | +8 |
Montélimar | 13 | +4 |
Marseille | 11 | +4 |
Sète et Nice | 9 | +1 |
Montpellier | 7 | 0 |
L'ensoleillement, on l'aura compris avec ces conditions météo aussi perturbées, a été très déficitaire (-40 %). Le soleil aura surtout brillé par son absence... Aucune période de temps sec, stable et ensoleillé n'a concerné plus de 24 heures d'affilée le pays...
Récapituatif des valeurs extrêmes en mai 2013
Température maximale |
27,0°C à Nîmes (Gard) le 6 mai |
Température minimale en plaine |
-2,1°C à Guiscriff (Mobihan) le 16 mai |
Pluie maxi sur 24 heures Pluie sur un mois |
110 mm à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) le 18 mai 320 mm à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) |
Neige maxi en montagne en 24 heures |
20 cm au Lioran (Cantal, 1300 mètres d'altitude) le 26 mai |
Rafale de vent maxi |
112 km/h au Cap Béar et 108 km/h à Orange (les 9 et 31 mai) |
Conclusion : un mois de mai de triste mémoire... Voilà, à la lueur de ce bilan, ce qu'il faut retenir de ce "joli" mois de mai... Un mois de mai aussi pluvieux que celui de l'année dernière, avec quelques degrés en moins... La seule consolation nous vient du niveau des nappes phréatiques désormais à un bon niveau. Aucun risque de sécheresse ne semble désormais en vue pour cette année. Mais la croissance des végétaux et des cultures est ralentie par le manque d'ensoleillement, la fraîcheur et les gelées tardives...
Ce mois de mai ressemble aux mois de mai des années 60 et 70 et 80, rarement ensoleillés et suivis d'étés souvent frais et maussades...
Alors, dans un contexte de réchauffement climatique global, ce printemps pourri sera t-il suivi d'un été maussade ou le contraire ? Voilà une question qui commence à sérieusement se poser à l'approche de la période estivale...