Bilan météo et climatique de l'été 2023 : au 4e rang des plus chauds depuis 1900
lundi 4 septembre 2023Comme à chaque début de mois, nous vous proposons un nouveau bilan climatologique. Place désormais au bilan cartographié de l' ÉTÉ MÉTÉOROLOGIQUE 2023 en termes de température, pluviométrie et ensoleillement sur un panel de 73 stations*. Pour rappel, le printemps météorologique comprend les mois de juin, juillet et août. Les anomalies présentées sont calculées à partir des moyennes climatiques de la période de référence 1991-2020.
L'été météorologique est désormais derrière nous. Et s'il a semblé pour certain assez frais, il n'en est rien : cet été 2023 est devenu le 4e plus chaud observé en France depuis au moins 1900, avec une anomalie de +1.4°C par rapport à la moyenne 1991-2020 !
Avec un indicateur thermique de 21.8°C, il se place derrière l'historique été 2003 (+2.7°C - 23.1°C), suivi de l'été 2022 (+2.3°C - 22.7°C) et enfin de l'été 2018 (+1.5°C - 21.9°C). Un ressenti morose donc assez biaisé car l'été dernier était quasiment un record !
Indicateur thermique national pour l'été météorologique (juin-juillet-août) depuis 1900 - Météo-France
Un été qui avait débuté sur une chaleur durable : juin était devenu le 2e plus chaud jamais enregistré avec 29 jours sur 30 au-dessus des moyennes. Juillet s'est toutefois montré plus contrasté, avec une chaleur persistante au Sud tandis que les températures demeuraient tout juste dans les moyennes au Nord. Une situation semblable en août (très chaud au Sud de la Loire, pile dans les moyennes au Nord) avec qui plus est un contraste saisissant selon les périodes (bien frais en début de mois, une canicule remarquable passé le 15-août et enfin un retour au frais pour les tous derniers jours). Un été dont nous garderons en tête cette vague de chaleur historique lors de la fin août, la plus intense aussi tard dans la saison avec plusieurs centaines de records absolus battus et jusqu'à 43 voire 44°C en Occitanie (>>).
Voici le récapitulatif thermique des trois mois de l'été météorologique 2023 :
JUIN 2023 : +2.5°C (>>)
JUILLET 2023 : +0.8°C (>>)
AOÛT 2023 : +0.9°C (>>)
Indicateur thermique national pour l'été météorologique 2023 (juin-juillet-août) et écarts à la moyenne 1991-2020 - Météo-France
Au final, malgré cette impression dite "fraîche" voir "pourrie" pour certaines personnes ne se traduit en aucun cas du côté des températures, puisque la totalité des villes a vécu un été météorologique plus chaud que la moyenne ! Plus encore, hormis le long des côtes de la Manche, l'anomalie s'élève partout au-dela de +1°C (minimum de +0.5°C à Lorient, +0.7°C à Cherbourg, +0.8°C à Brest et Caen, +0.9°C au Touquet).
Les 3/4 du pays ont même obtenu un été particulièrement chaud dans l'ensemble, avec des excédents qui parviennent à atteindre les +1.5°C à +2°C du Midi-Toulousain à l'Alsace, en passant par le Massif-Central notamment, là où les excédents sont les plus élevés (+2.0°C à Clermont-Ferrand, et un maximum sur notre panel de +2.1°C au Puy-en-Velay). Pour la capitale, la station de Paris-Montsouris boucle cet été avec une anomalie de +1.3°C.
Pour les précipitations, le bilan se montre plus hésitant et contrasté. La statistique à l'échelle nationale sur notre panel de station, assez proche des moyennes de saison (excédent de +3%) cache en effet d'importantes disparités selon les mois, et selon les régions. Le mois de juin avait notamment été marqué par des conditions anormalement instables et excessivement orageuses sur toute la moitié Sud du pays (orages quasi-quotidiens, au 2e rang des juin les plus foudroyés depuis 1997) tandis que les conditions anticycloniques régnaient au Nord. Une situation qui s'est sensiblement inversée en juillet puis en août, avec de nombreuses journées parfois bien pluvieuses et maussades sur les régions du Nord, tandis que les villes méridionales retrouvaient un temps bien plus sec.
En définitive, voici le récapitulatif pluviométrique des trois mois de l'été météorologique 2023 :
JUIN 2023 : +8% (>>)
JUILLET 2023 : -6% (>>)
AOÛT 2023 : 0% (>>)
Les fréquents passages pluvieux de juillet et août sur les régions septentrionales ont nettement pris le dessus sur les conditions sèches de juin. La première indication d'un été au ressenti pourri au nord de la Seine provient donc de cette humidité avec des excédents parfois compris entre +20 et +40% (+23% à Paris, +32% à Alençon, +33% à Troyes, jusqu'à +43% à Charleville-Mézières). Des excédents pluviométriques parfois observés au Sud, de façon plus hétérogène en Occitanie et le long de la Méditerranée, en raison des orages du mois de juin ou encore d'un bref épisode pluvio-orageux à la fin du mois d'août (+34% à Ajaccio, +45% à Carcassonne, +50% à Marseille-Marignane).
Du côté des déficits, une partie de l'arc Atlantique, le sud de la région Centre, la Côte d'Azur, mais également l'Auvergne et Rhône-Alpes ont été bien moins servis qu'un été "normal", avec des anomalies allant de -15 à -30% selon les villes (-23% à Châteauroux, -25% à Mont-de-Marsan et Bourg-Saint-Maurice, -29% à Cognac, -30% à Nice).
Traduit en termes de cumuls, les régions Méditerranéennes, habituellement les plus sèches, ne dérogent pas à la règle avec moins de 100mm observés en moyenne, voire parfois moins de 50mm en trois mois (47mm à Nice et Montpellier, 28mm à Hyères). Les Charentes ou encore une partie des Pays-de-la-Loire n'ont pas récolté d'importantes précipitations cet été, dépassant péniblement cette barre des 100mm (111mm à La Roche-sur-Yon, 113mm à Cognac, 119mm à Nantes).
A l'inverse, les pluies se sont montrées plus abondantes sur les Pyrénées, le Massif-Central, le Finistère, et toute les régions au nord de la Seine où les 200mm ont été franchis (207mm à Paris, 244mm à Limoges, 257mm à Abbeville, 266mm à St-Girons et Besançon, et un maxi sur notre panel de 306mm à Charleville-Mézières).
Tout comme pour la pluviométrie, le bilan de l'ensoleillement nécessite un regard approfondi selon les régions et selon les mois. En effet, le bilan sur l'ensemble de cet été, bien que très légèrement excédentaire (+4%), ne reflète pas partout cette réalité. Car c'est bien le mois de juin qui a fortement pesé dans ce bilan, avec des conditions historiquement ensoleillées sur la moitié Nord (mois le plus ensoleillé de l'histoire sur plusieurs villes avec 300 à 350 heures cumulées et des excédents de +40 à +60%), tandis que le Sud devait faire face à l'éclosion de nombreux orages (déficits de -10 à -20%). Les mois de juillet, et surtout août (excessivement gris au Nord avec -20 à -30%) n'ont pas permis de rattraper ces excédents, mais ils contribuent très fortement (en plus de l'humidité) à ce ressenti très maussade au Nord de la Loire.
Voici le récapitulatif de l'ensoleillement pour les trois mois de l'été météorologique 2023 :
JUIN 2023 : +20% (>>)
JUILLET 2023 : -2% (>>)
AOÛT 2023 : -6%(>>)
Malgré ce mois d'août très nuageux, les régions du Nord finissent donc sur un excédent d'ensoleillement de +5 à +15% sur l'ensemble de cet été météorologique, porté très largement par ce mois de juin radieux (+10% à Paris, jusqu'à +16% sur les villes de Colmar, Nantes, Rouen ainsi qu'au Touquet). Sur les villes du Sud, le déficit de juin a quant à lui été rattrapé en grande partie, avec une saison estivale qui se boucle peu ou prou dans les moyennes de saison du Poitou à la Corse, en passant par le nord de l'Occitanie et par la région PACA. Du côté des régions terminant sur un déficit, il fallait se rendre sur la pointe du Cotentin (-7% à Cherbourg), dans le Limousin (-4% à Limoges), et surtout sur le Sud de l'Aquitaine et le long de la barrière Pyrénéenne (-6% à St-Girons, -9% à Bordeaux, -11% à Tarbees).
Au final, le soleil a brillé moins de 700 heures cumulées sur l'ensemble des trois mois de cet été météorologique sur les villes proches des côtes de la Manche, chutant même parfois sous les 600h sur le nord de la Bretagne (573h à Saint-Brieuc, 534 heures à Brest). Le piémont Pyrénéen fait également parti des secteurs les moins lumineux de cet été avec seulement 613h à Biarritz, 575h à Saint-Girons et 546h à Tarbes.
Si nous atteignons les 750 à 800h en moyenne du Centre-Ouest au Nord-Est, voire 800 à 850h sur le Sud du Massif-Central et sur Rhône-Alpes, c'est comme systématiquement en allant vers le Sud-Est où l'on retrouve l'ensoleillement le plus généreux. Du Languedoc à la Provence et à la Corse, le soleil a brillé durant plus de 900 heures au total, avec même une pointe au-delà des 1000 heures pour deux villes de notre panel : Marseille-Marignane (1047 heures) et Ajaccio (1064 heures).
Récapitulatif :
* PANEL DE 73 STATIONS
Température – pluviométrie – ensoleillement :
Agen, Ajaccio, Albi, Alençon, Angers, Aurillac, Beauvais, Bergerac, Besançon, Biarritz, Bordeaux, Bourges, Bourg-Saint-Maurice, Brest, Brive, Caen, Calais, Carcassonne, Charleville-Mézières, Chartres, Château-Arnoux-Saint-Auban, Châteauroux, Clermont-Ferrand, Cognac, Colmar, Dijon, Embrun, La-Roche-sur-Yon, Langres, Le Mans, Le-Puy-en-Velay, Le Touquet, Limoges, Lorient, Luxeuil, Lyon-Bron, Mâcon, Marseille-Marignane, Melun, Millau, Mont-de-Marsan, Montélimar, Montpellier, Nancy-Essey, Nantes, Nevers, Nice, Nîmes-Courbessac, Niort, Orléans, Paris-Montsouris, Perpignan, Poitiers, Rennes, Saint-Brieuc, Saint-Etienne, Saint-Dizier, Saint-Geoirs (Grenoble), Saint-Girons, Strasbourg, Tarbes, Toulouse-Blagnac, Tours, Troyes.
Température – pluviométrie (absence de données d’ensoleillement) :
Abbeville, Bastia, Hyères, Lille, Metz, Romorantin, Saint-Quentin.