Décembre 2020 en France : de la grisaille et beaucoup d'humidité !
lundi 11 janvier 2021Comme à chaque début de mois, nous vous proposons un bilan climatologique du mois écoulé. Place donc au bilan cartographié du mois de DÉCEMBRE 2020 en termes de température, pluviométrie et ensoleillement sur un panel de 73 stations*.
Bouclant cette année 2020 historique (année la plus chaude jamais mesurée en France >>), ce mois de décembre a suivi la longue lignées des mois précédents, se résumant en un mot : doux. Avec un indicateur national de 6.94°C, l'anomalie thermique mensuelle a atteint +1.3°C, soit le 11e mois sur 12 au dessus des moyennes en 2020. Nous étions toutefois hors d'atteinte du record obtenu en décembre 2015 (indicateur de 9.54°C, anomalie de +3.9°C).
Moyenne de l'indicateur thermique national en décembre depuis 1930 - Graphique Infoclimat
Mais cette douceur ne s'est tout de même pas produire durant l'intégralité du mois. En effet, la première décade de décembre a même été plutôt fraîche, avec une première offensive hivernale de la saison dès le premier jour de l'hiver météorologique (1er décembre), s'accompagnant de neige et de pluies verglaçantes dans le Nord-Est du pays (>>).
Néanmoins, le changement de conditions a été radicale lors de la seconde décade, et ceci jusqu'au réveillon de Noël, avec un flux de Sud-Ouest dynamique apportant de l'air très doux depuis l'archipel des Açores. les 22 et 23 décembre ont même été exceptionnels, avec de multiples records de douceur (souvent plus de 10°C le matin, plus de 15°C l'après-midi sur la moitié nord et au-delà des 20°C sur l'Aquitaine >>).
Il a fallu attendre le jour de Noël pour retrouver des conditions plus typiquement de saison, avant une accentuation du froid début janvier, qui se poursuit encore .
Évolution des températures minimales et maximale en décembre 2020 - Graphique Météo-France
Notons que l’anomalie thermique s’est avérée nettement plus marquée sur les régions du Nord et surtout du Nord-Est, dépassant parfois les +2°C (maximum sur notre panel de +2.3°C à Colmar et Nancy, +2.2°C à Troyes, Nevers, Mâcon et Charleville-Mézières, +2.1°C à Luxeuil). Un bilan également bien au-dessus des moyennes sur la capitale, avec +1.6°C à Paris-Montsouris.
Il fallait prendre la direction du quart Sud-Est pour observer un mois de décembre plus « normal », avec des valeurs peu ou prou de saison, voire même légèrement plus fraîches (-0.2°C à Nice, Hyères ou encore Embrun, pile dans les normes à Nîmes et Perpignan).
De la douceur ... mais que d'eau ! Si le flux d'Ouest à Sud-Ouest a, en effet, apporté une douceur assez durable, il s'est accompagné d'une multitude de perturbations océaniques suivies de traines orageuses actives. Ces perturbations successives ont été à l'origine d'inondations sur le Sud-Ouest, en deux temps : tout d'abord en début de seconde décade (>>), puis en toute fin de mois suivant la tempête Bella (>>).
Avec un excédent pluviométrique de +57% sur notre panel de stations (+52% sur l'indicateur Météo-France), il s'agissait du 8e mois de décembre le plus humide depuis 1959, bien loin derrière décembre 1981 (anomalie dépassant +100% soit deux fois la moyenne pluviométrique mensuelle).
Un contraste saisissant avec le mois de novembre 2020, alors le mois de novembre le plus sec depuis 1981 ... (>>)
Rapport à la normale 1981-2010 du cumul de précipitations en décembre depuis 1959 - Graphique Météo-France
Les pluies ont été les plus abondantes dans la moitié Ouest de la France à la faveur de cette succession de perturbations océaniques. Mais c’est dans le Sud-Ouest où l’humidité a été particulièrement forte, avec des quantités pluviométriques souvent plus de 2 fois supérieures à un mois de décembre habituel (anomalie >100%). Sur le sud de l’Aquitaine, il est même tombé près de 4 fois la moyenne : +271% à Mont-de-Marsan (3.71x). Notons également +189% à Biarritz, +153% à Agen, +142% à Tarbes…
Deux fois la moyenne, c’était également le cas en Bretagne (+108% à Brest, +107% à St-Brieuc), sur le bassin Parisien (+122% à Chartres, +106% à Paris) et en vallée du Rhône (+118% à Montélimar).
Malgré ce mois très humide, certains secteurs n’ont pas été aussi bien servis. La région Grand-Est est resté à peu près dans les moyennes, voire même un déficit pluviométrique sur l’Alsace (-13% à Strasbourg, -10% à Colmar). Mais c’est sur certaines villes autour de la grande bleue où les déficits ont été les plus notables : -76% à Perpignan, -68% à Bastia.
Traduit en termes de cumuls, la barre des 100mm a été dépassée de façon générale sur la totalité de la moitié Ouest du pays. Plus remarquable, nous avons dépassé les 300mm sur le Finistère (308mm à Brest), ainsi que sur l’Aquitaine (323mm à Mont-de-Marsan, et même 434mm à Biarritz). Sur les stations secondaires, il est tombé jusqu’à 502mm à Capbreton (Landes). Paris n’a pas échappé à ces pluies avec 119mm au parc Montsouris.
Moins de 100mm, voire même moins de 50mm, plusieurs villes ont échappé aux pluies. Comme citées plus haut, il s’agit de l’Alsace (43mm et 44mm consécutivement à Colmar et Strasbourg), où de villes Méditerranéennes (38mm à Marseille-Marignane, 30mm à Bastia et 14mm seulement à Perpignan).
Un flux d'Ouest activement humide, de nombreuses perturbations... et donc très peu d'ensoleillement. Très peu lumineux, le déficit en terme d'insolation a été notable en France au cours de ce mois de décembre, se creusant à -22% sur notre panel de stations.... là également à l'opposé total du mois de novembre (+59%)
Quelques villes ont réussi à tirer leur épingle du jeu, principalement dans le Nord-Ouest, aux abords des côtes de la Manche, avec un ensoleillement qui est resté plutôt conforme aux moyennes habituelles de décembre, voire même un peu plus lumineux qu’à l’accoutumée en Normandie (+33% à Caen) ainsi que dans les Pays-de-la-Loire (+21% à Nantes, +20% à La Roche-sur-Yon).
Partout ailleurs, le déficit est marqué, chutant sous les -40% en Occitanie, et même sous les -50% (deux fois moins de soleil que la moyenne) sur le Limousin, le sud du Massif-Central et en Bourgogne-Franche-Comté (-66% à Limoges, -64% à Aurillac, -60% à Dijon, -56% à Millau).
Pour dépasser les 100 heures de soleil en cumulés, il fallait se rendre, comme souvent, près de la Méditerranée (jusqu’à 129h à Bastia, 110h à Perpignan). Les régions du Nord-Ouest ont elles aussi bénéficié d’un ensoleillement relativement correct, dépassant les 80 à 90h (92h à Nantes, 85h à Lorient, 82h à Caen).
Partout ailleurs, les conditions étaient peu propices à une cure d’UV, avec souvent moins de 50 heures de soleil. Pire encore, nous n’avons pas atteint les 30 heures sur certaines villes du Nord-Est (seulement 22h à Dijon, 24h à Strasbourg, 25h à Charleville-Mézières). Paris n’a pas été bien mieux lotie avec 40 petites heures de soleil totalisés lors de ce mois de décembre.
* PANEL DE 73 STATIONS (pas de données d'ensoleillement sur les stations soulignées et en italique) :
Abbeville, Agen, Ajaccio - Campo Dell'Oro, Albi, Alençon, Angers-Beaucouzé, Aurillac, Bastia, Beauvais, Bergerac, Besançon, Biarritz, Bordeaux, Boulogne-sur-Mer, Bourg-Saint-Maurice, Bourges, Brest, Brive-Laroche, Caen, Carcassonne, Charleville-Mézières, Chartres, Chateau-Arnoux-Saint-Auban, Châteauroux, Cherbourg, Clermont-Ferrand, Cognac, Colmar, Dijon, Embrun, Evreux, Hyères, La-Roche-sur-Yon, Langres, Le Mans, Le-Puy-en-Velay, Le Touquet, Lille, Limoges, Lorient, Luxeuil, Lyon-Bron, Mâcon, Marseille-Marignane, Melun, Metz, Millau, Mont-de-Marsan, Montélimar, Montpellier-Fréjorgues, Nancy-Essey, Nantes, Nevers, Nice, Nîmes-Courbessac, Niort, Orléans, Paris-Montsouris, Perpignan, Poitiers, Rennes, Romorantin, Rouen, Saint-Brieuc, Saint-Dizier, Saint-Étienne, Grenoble - Saint-Geoirs, Saint-Girons, Saint-Quentin, Tarbes, Toulouse-Blagnac, Tours, Troyes.
Récapitulatif :