Sécheresse : un manque d'eau de plus en plus important en ce printemps 2021
mercredi 21 avril 2021Malgré quelques averses ces derniers jours, les précipitations sont discrètes en France depuis près de deux mois. La menace de sécheresse augmente face à un déficit pluviométrique semblable à celui du printemps 2020.
Un printemps beaucoup trop sec
Écart à la normale des précipitations au mois de mars 2021 - Météo Villes
Depuis le début du printemps, le manque d'eau se fait sentir en France. Le mois de mars 2021 s'était achevé avec un déficit pluviométrique de 53% à échelle nationale. C'est dans l'ouest et le sud du territoire que les déficits étaient les plus importants, atteignant régulièrement 60 à 80% ! Sur les régions méditerranéennes, des déficits de 85 à 95% avaient même été enregistrés avec des cumuls n'excédant pas 3 à 5 mm sur plusieurs départements.
Écart à la normale des précipitations du 20 mars au 20 avril 2021 - via François Jobard / Météo France
Ce manque de pluie n'a fait que s'accentuer au cours des dernières semaines. La période du 20 mars au 20 avril 2021 fut exceptionnellement sèche en France, comme l'illustre la carte ci-dessus. Sur ce mois glissant, les déficits pluviométriques sont de l'ordre de 60 à 80% sur les deux tiers de la France, atteignant même 90% dans plusieurs régions du sud-ouest, vers le Poitou, la Touraine, l'Orléanais ou encore la pointe du Finistère !
Cumuls de pluie du 20 mars au 20 avril 2021 :
- 2,4 mm à La Rochelle (17)
- 5 mm à Toulouse (31)
- 5,8 mm à Agen (47)
- 7 mm à Orléans (45)
- 8,9 mm à Niort (79)
- 11,3 mm à Mont-de-Marsan (40)
- 14,6 mm à Brest (29)
- 15,7 mm à Bordeaux (33)
Nombre de "jours de pluie" en France du 20 mars au 20 avril depuis 1959 - via François Jobard / Météo France
Le graphique ci-dessus montre le nombre de "jours de pluie" en France sur la période allant du 20 mars au 20 avril depuis 1959. Est considéré comme jour de pluie une journée au cours de laquelle il tombe au minimum 1 mm en moyenne à échelle du pays.
Du 20 mars au 20 avril 2021, seuls 3 jours de pluie ont été comptabilisés à échelle nationale. C'est exactement la même chose qu'en 2020, où le printemps avait également été remarquablement sec. Le record sur la période date de 1997 avec seulement 2 jours de pluie. La moyenne se situe plutôt autour d'une quinzaine de jours et un certain nombre d'années ont dépassé les 20 jours. Nous sommes donc très loin du compte !
Pas vraiment d'amélioration en vue
Prévisions pour les vendredi 23 et samedi 24 avril 2021 - Météo Villes
Dans les prochains jours, l'anticyclone va se renforcer sur les Îles Britanniques et nous apporter une fin de semaine très sèche et dominée par un soleil généreux. Il ne faudra donc pas compter sur la pluie, d'autant que les températures vont sensiblement augmenter (23°C en Bretagne, 27°C en Aquitaine pour samedi après-midi). L'éloignement de l'anticyclone vers les hautes latitudes la semaine prochaine pourrait permettre le déclenchement d'averses, surtout sur la moitié sud de la France.
Cumuls de pluie prévus en troisième décade d'avril 2021 - modèle américain via wxcharts.com
Ainsi, les prévisions de pluviométrie pour la fin du mois d'avril 2021 ne sont pas rassurantes du point de vue de la sécheresse. Selon le scénario du modèle américain ci-dessus, il ne devrait quasiment pas pleuvoir sur un large quart nord-ouest de la France d'ici la fin du mois ! Les régions du sud devraient bénéficier d'averses parfois orageuses la semaine prochaine avec des cumuls surtout conséquents vers les reliefs.
Cumuls de pluie prévus en troisième décade d'avril 2021 - modèle européen via meteologix
Le scénario du modèle européen est quasiment identique. Il révèle une absence presque totale de pluie sur les régions du nord et du nord-ouest sur les 10 derniers jours d'avril 2021. Le sud bénéficierait d'averses à caractère orageux la semaine prochaine avec des cumuls hétérogènes, surtout notables sur les régions montagneuses. Avec de telles perspectives, une aggravation de la sécheresse de surface est à prévoir.
Où en sont les nappes phréatiques ?
État des nappes phréatiques par rapport à la normale au 1er mars 2021 - via BRGM
Le caractère durable et copieux des précipitations de la saison hivernale avait permis une importante recharge des nappes phréatiques sur une grande partie de la France. Au 1er mars, les niveaux étaient généralement supérieurs à la normale, très largement au sud-ouest (après les pluies exceptionnelles de l'hiver). Seules les régions du sud-est voyaient le niveau des nappes se positionner sous la norme (surtout entre couloir rhodanien et l'ouest de la Provence).
État des nappes phréatiques par rapport à la normale au 1er avril 2021 - via BRGM
Après un mois de mars beaucoup trop sec (déficit de 53% à échelle de la France), le niveau des nappes a baissé dans presque toutes les régions du pays. Au 1er avril, des excédents étaient encore constatés sur les nappes du sud-ouest, du bassin parisien et du nord de la France. Ailleurs, les niveaux étaient proches de la norme, souvent inférieurs sur les régions de l'est avec des déficits plus nets vers le Languedoc et l'ouest de la Provence.
Rappelons qu'il faut dissocier la sécheresse en profondeur (directement liée à l'état des nappes) de la sécheresse agricole. Cette dernière entraîne un assèchement des sols en surface dès qu'une période anormalement sèche se prolonge, ce qui est de plus en plus le cas ces derniers temps.