Tendance météo pour l'hiver : va-t-on vers une crise de l'énergie ?
samedi 10 septembre 2022Neige industrielle à Cholet (49) le samedi 15 janvier 2022 lors d'une période anticyclonique plaquant de l'air froid près du sol alors que l'hiver 2021/2022 s'est montré exceptionnellement doux - Marc Hay
L'automne météorologique a débuté sur la France et l'hiver n'est plus qu'à quelques semaines de se manifester. Alors que la situation énergétique est de plus en plus compliquée sur le pays, quelles sont les dernières tendances pour l'hiver en France ? Sera-t-il froid et donc favorable à d'importantes consommations d'énergie pouvant évoluer vers une véritable situation de crise ?
Décembre : Plutôt doux et parfois perturbé ?
Le mois de décembre marque le début de l'hiver météorologique. Si des coups de froid parfois marqués peuvent en général être observés dès le début du mois de novembre, ceux-ci se multiplient et se font de plus en plus récurrents à partir de décembre.
Le modèle américain CFS envisage un mois de décembre bien plus doux que la normale avec des anomalies de températures comprises entre +1 et +2°C sur la quasi totalité du pays. Selon ce modèle, aucune zone ne serait vraiment soumise à des températures proches des normales avec au contraire des périodes de douceur possiblement marquées pour la période.
Du côté des précipitations, la tendance pourrait se montrer un peu plus humide entre le Nord et l'Est mais aucune anomalie particulièrement marquée ne semble se dégager.
Anomalies de températures et de précipitations sur l'Europe durant le mois de décembre 2022 – Modèle américain CFS
Pour le modèle européen, les températures s'avéreraient au contraire proches des normales sur une large partie de la France voire sensiblement au-dessus sur l'Est. Du côté des précipitations, la tendance pourrait cette fois-ci se montrer plus humide sur le Sud-Est du pays et notamment près de la Méditerranée, sensiblement plus sèche ailleurs.
Anomalies de températures et de précipitations sur l'Europe durant le mois de décembre 2022 – Modèle américain ECMWF
Nous pourrions donc observer un temps doux à l'échelle de la France durant ce mois de décembre. Le froid pourrait faire ses premières apparitions mais ne se montrerait pas durable car aucune anomalie négative de température ne semble se dégager sur ce mois.
Du côté des pluies, les quelques anomalies positives de précipitations laissent envisager un temps pouvant temporairement se montrer perturbé (courant océanique plus ou moins bien défini), notamment sur l'Est et le Sud mais rien d'exceptionnellement pluvieux. La neige ne devrait pas non plus dominer l'actualité du côté des plaines en raison d'une dominant océanique des flux mais pourrait toutefois se montrer récurrente sur les reliefs de l'Est.
Janvier : Froid plus récurrent et risque de neige ?
Le modèle américain continue de modéliser un temps un peu plus doux que la moyenne sur une large partie de la France, notamment entre l'Est et le Nord et au contraire des températures situées globalement dans les normes sur l'Ouest et le Sud. Le temps pourrait également se montrer assez perturbé sur le pays avec des anomalies positives de précipitations plus prononcées sur le Sud et le Sud-Est.
En corrélant ces deux informations, nous pourrions observer une dominante dépressionnaire près de la péninsule ibérique avec de ce fait des conditions perturbées et des températures dans les normes plus récurrentes sur le Sud de la France alors que le Nord pourrait retrouver un temps un peu moins humide et parfois assez doux.
Anomalies de températures et de précipitations sur l'Europe durant le mois de janvier 2023 – Modèle américain CFS
Le tendance est plutôt très similaire du côté de l'européen ECMWF, avec des températures situées dans les normes voire sensiblement inférieures aux normales sur une large moitié Sud et se montrant parfois un peu plus douces sur la moitié Nord. Même constat au niveau des précipitations avec des pluies se montrant plus fréquentes sur le Sud et le Sud-Est, notamment près de la Méditerranée mais un temps plus sec sur l'Ouest et le Nord.
Anomalies de températures et de précipitations sur l'Europe durant le mois de janvier 2023 – Modèle européen ECMWF
Les principaux modèles de prévisions saisonnière semblent donc s'accorder sur un mois de janvier un peu plus perturbé et globalement de saison voire relativement froid sur certains secteurs du Sud. Selon ces scénarios, le risque de coups de froid seraient serait plus important qu'en décembre sur la France avec un risque de neige jusqu'en plaine paradoxalement plus élevé sur le Sud du pays. Les reliefs pourraient également observer de grandes quantités de neige, notamment entre les Alpes et les Pyrénées.
Toutefois, pas de froid vif et durable au programme non plus mais simplement un temps de saison, parfois plus froid que la normale et surtout plus perturbé et pouvant se montrer neigeux jusqu'en plaine, notamment au Sud de la Loire.
Février : plutôt calme et assez doux ?
L'américain entrevoit un temps plus doux que la normale sur la France et même sur la quasi totalité de l'Europe durant ce mois de février 2023 avec des anomalies de températures situées entre +0,5 et +1°C sur notre pays voire supérieures à +1°C sur le Nord-Est. Du côté des précipitations, le temps pourrait se montrer globalement de saison avec le passage de quelques perturbations mais pas non plus de temps durablement perturbé.
Anomalies de températures et de précipitations sur l'Europe durant le mois de février 2023 – Modèle américain CFS
Pour le modèle européen, la tendance plus douce que la normale semble également d'actualité pour ce mois de février puisque aucune anomalie froide n'est modélisée sur la France durant ce mois, au contraire des anomalies de températures généralement situées entre +0,25 et +0,5°C sur le pays.
Les précipitations pourraient se montrer également un peu moins présentes qu'à l'accoutumée, possiblement un peu plus fréquentes près de la Méditerranée (dans la continuité du mois précédent?) mais là encore pas de temps durablement perturbé et même une tendance plus sèche et anticyclonique sur la majorité de la France.
Anomalies de températures et de précipitations sur l'Europe durant le mois de février 2023 – Modèle européen ECMWF
D'après les principaux modèles de prévision saisonnière, le mois de février ne verrait donc pas de temps durablement froid et pourrait même observer des périodes assez douces. Encore une fois, des coups de froid restent possibles mais devraient rester très temporaires.
Du côté des précipitations, les périodes anticycloniques pourraient se montrer plus récurrentes que les périodes perturbées bien qu'aucun scénario ne semble véritablement se dégager pour le moment.
En résumé :
L'hiver 2022/2023 devrait donc se montrer globalement plus doux que la normale sur la France dans la continuité des hivers précédents, notamment sur le Nord du pays où les prévisions s'accordent sur des anomalies de températures positives plus récurrentes mais également un temps sensiblement moins perturbé qu'au Sud.
Plus au Sud, un temps plus perturbé et humide pourrait être observé avec des précipitations plus récurrentes et des anomalies de températures positives moins franches qu'au Nord. Une situation qui pourrait s'avérer favorable à quelques épisodes neigeux jusqu'en plaine, notamment durant le mois de janvier. La neige s'annonce d'ailleurs assez récurrente et parfois abondante sur les reliefs du Sud et de l'Est, notamment entre décembre et janvier.
Anomalies de températures et de précipitations envisagées sur l'hiver 2022/2023 - Météo-Villes
Hiver 2022/2023 : des risques énergétiques ?
D'après les prévisions saisonnières, il semble peu probable que l'hiver 2022/2023 se montre plus froid que la normale à l'échelle de la France, celui-ci devrait même se montrer plus doux que la moyenne. Malgré tout, ces prévisions restent une moyenne et cela n'empêchera pas à quelques coups de froid parfois bien sentis de se produire comme c'est le cas chaque année.
Neige industrielle à Cholet (49) le samedi 15 janvier 2022 lors d'une période anticyclonique plaquant de l'air froid près du sol alors que l'hiver 2021/2022 s'est montré exceptionnellement doux - Marc Hay
D'après les tendances, ces coups de froid devraient toutefois se montrer généralement de courte durée et de l'air plus doux devrait reprendre régulièrement le dessus par la suite. Néanmoins, le moindre coup de froid peut déjà mettre à mal le réseau d'énergie français. En effet, la consommation d'énergie moyenne d'un jour ouvrable en hiver à l'échelle de la France est déjà bien supérieure à la moyenne en été ou en intersaison.
Evolution de la consommation journalière moyenne d'électricité en France en fonction des saisons - Via RTE
Ceci s'explique notamment par le fait que plus de 30% des foyers français sont chauffés grâce à l'électricité et 40% au gaz. En cas de froid, l'utilisation du chauffage est donc l'une des principales sources de consommation d'énergie à l'échelle du pays, notamment en toute fin de journée lorsque les citoyens rentrent du travail, ce qui entraîne un pic de consommation d'énergie aux alentours de 19h, pic qui est le plus à risque d'entraîner des pannes d'approvisionnement d'énergie.
Evolution de la consommation journalière moyenne d'électricité en France durant l'hiver - RTE
Plus le froid sera durable et généralisé, plus la consommation énergétique sera élevée et s'accumulera, risquant d'évoluer en véritable crise de l'énergie compte tenu de la situation actuelle en France et en Europe.
Si le froid ne devrait pas se montrer majoritaire durant cet hiver 2022/2023 d'après les prévisions saisonnières, la situation pourra toutefois se montrer problématique lors de périodes temporairement plus froides.
On surveillera surtout le mois de janvier 2023 qui semble le plus à risque en terme de conditions plus hivernales. Les modélisations s'accordent en effet sur un mois de janvier potentiellement un peu plus froid que la normale et plus perturbé sur le Sud du pays avec de ce fait des potentiels plus importants d'épisodes neigeux jusqu'en plaine, notamment au Sud de la Loire. Une situation qui pourrait s'avérer problématique mais qui restera à confirmer.
Les risques énergétiques semblent donc relativement limités en raison d'un hiver ne se montrant pas particulièrement froid à l'échelle du pays et même plutôt doux sur de nombreuses régions, ce qui devrait diminuer le risque de surconsommation durable de nos ressources en électricité, gaz, ... Néanmoins, certaines périodes seront plus à risque que d'autres lors de coups de froid et/ou d'épisodes neigeux temporaires (possiblement plus récurrents en janvier) comme c'est le cas chaque hiver ou presque et pourront se montrer plus problématiques suivant la situation énergétique de la France à l'instant T.