12 mois consécutifs plus chauds que la normale : Une série exceptionnelle
lundi 18 mai 2020Le mois de Mai 2019 avait été particulièrement perturbé et frais sur le pays avec un Printemps qui avait eu du mal à s’imposer sur l’Ouest de l’Europe. Ainsi, toutes les stations ou presque du réseau national avaient présenté un déficit de températures moyennes par rapport à la normale, notamment sur le Centre-Est du pays.
De la neige tardive avait pu être observée début mai jusqu’en plaine sur le Nord du pays au début du mois et les températures moyennes à l’échelle nationale étaient inférieures de 1.1°C aux normales, ce qui en fit le mois le 3ème mois de Mai le plus frais depuis plus de 20 ans. Une tendance qui allait radicalement s’inverser le mois suivant.
Juin 2019 : Canicule exceptionnelle sur le pays
Le début du mois s’était montré frais avec un déficit toujours présent en France. Cependant, dès la mi-juin les premières fortes chaleurs furent observées.
Le 14 Juin 2019, la barre des 40°C était franchie pour la première fois de l'année en métropole, plus précisément à Ajaccio avec un coup de scirocco particulièrement puissant. Le thermomètre avait ainsi atteint :
- 40.1°C à Ajaccio (record mensuel)
- 36.2°C à Calvi (2B)
- 35.4°Cà Carros (06)
C’est surtout en seconde partie de mois que les températures se sont accentuées. A partir du 24 Juin une canicule exceptionnelle par sa précocité et son intensité s’est mise en place sur le pays avec un pic le 28 Juin dans le Sud du pays. La vigilance rouge Canicule fut déclenchée pour la première fois dans l’histoire de Météo-France pour les Bouches-du-Rhône, le Gard, l’Hérault et le Vaucluse et au total 75 départements furent en alerte.
Vigilance Canicule très étendue sur la France le 28 Juin 2019 - Météo-France
De très nombreux records furent battus et le record national de chaleur, datant de 2003 fut pulvérisé à Vérargues (34) avec 46.0°C relevés.
Jamais les 45°C n’avaient été dépassés en France, ce fut le cas ce 28 Juin sur au moins 3 stations officielles et des stations du réseau secondaire entre le Gard, l’Hérault et le Var.
Records de chaleurs nationaux dans le Gard et l'Hérault le 28 Juin - Météo-France
>> Après un début de mois encore sous les normes de saison au niveau national, la seconde moitié du mois de Juin a permis d’atteindre un excédent de +1.8°C de la température moyenne nationale. Cet excédent ne faisait que commencer.
Eté 2019 : Particulièrement chaud
La chaleur s’est poursuivie au mois de Juillet, bien que celle-ci fût moins marquée, du moins en début de mois. Du 1 au 10 Juillet, la température maximale fut de 38.8°C à Nîmes-Courbessac le 3, pendant ce temps une relative fraîcheur régnait dans le Nord avec par exemple 17.6°C de maximale à Abbeville le 7.
Du 21 au 26 Juillet cependant, une nouvelle canicule s’est mise en place sur le pays avec un maximum d’intensité le 25 avec un maximum d’intensité sur le Nord de la France. Là encore, celle-ci fut exceptionnelle avec de nombreux records battus, parfois largement.
Paris-Montsouris a ainsi battu son ancien record de 40.4°C datant de 1947, et très largement puisque le thermomètre a atteint 42.6°C. Lille a également dépassé les 40°C pour la première fois de son histoire avec 41.5°C le 25 (ancien record de 37.6°C en 2018). Les 40°C ont parfois été atteints jusque sur les côtes de la Manche !
Températures exceptionnelles le 25 Juillet 2019 sur le Nord du pays - Carte : Infoclimat.fr
>> Au final, l'anomalie nationale s'élève pour ce mois à +2.2°C. il s'agit du 4e mois de juillet le plus chaud observé depuis le début du 19ème siècle, derrière celui de l'année 2018 (+2.4°C), 1983 (+2.6°C) et loin derrière l'indétronable juillet 2006 (+3.6°C). L’ensoleillement fut également excédentaire sur la majeure partie du pays.
Le mois d’Août fut plus contrasté, notamment sa première quinzaine avec un dégradé Nord/Sud important. Si la chaleur persistait près de la Grande Bleue, la moitié nord était soumise à un temps plus perturbé et frais.
Contraste Nord-Sud bien visible sur les prévisions expertisées de Paris et Marseille de la mi-Août - Météo-Villes
C’est en fin de mois que les fortes chaleurs se sont généralisées sur le pays avec les 35°C dépassés au Nord comme au Sud.
>> Août présenta un excédent de +1.2°C par rapport aux normales à l’échelle nationale, le 3ème mois consécutif (une série qui ne faisait que commencer).
A l'échelle nationale, l'anomalie est largement positive, s'établissant à +1.7°C par rapport à la moyenne 1981-2010. Il s'agit tout simplement du 3e été le plus chaud depuis le début des relevés en France, derrière l'été 2018 (+2.0°C) et loin derrière l'historique été 2003 (+3.2°C). L’ensoleillement fut également plus élevé que la normale avec un excédent moyen d’environ +20% de Juin à Septembre !
Températures moyennes et ensoleillement durant l'été 2019 - Météo-Villes
A noter que cet été fut également le plus chaud relevé depuis plus de 40 ans à l’échelle du globe, la France ne faisant donc pas cavalier seul.
Automne 2019 : Très humide, mais toujours doux
Le mois de septembre fut en général sec et chaud, notamment au Sud avec des excédents dépassant souvent les 1 à 2°C. Il s’est montré cependant un peu plus tempéré sur la moitié Nord, notamment près des côtes de la Manche où les précipitations et perturbations furent plus fréquentes. Les fortes chaleurs ont persisté jusqu’à la mi-septembre dans le Sud, moins tardivement dans le Nord.
>> Au final, le mois se termine avec un excédent de température moyenne nationale s’élevant à +1.2°C.
Octobre continua dans cette lancée avec même le retour des fortes chaleurs en milieu de mois et les 30°C à nouveau dépassés dans le Sud-Ouest du pays :
Températures maximales dimanche 13 octobre 2019 - Météo-Villes
La fin du mois fut plus perturbée mais toujours aussi douce avec un flux d’Ouest/Sud-Ouest persistant. Au final, le mois fut très humide mais encore particulièrement doux, les excédents de température moyenne ont dépassé les 1 à 2°C dans l’Est et le Sud, mais furent moins importants près des côtes de la Manche à nouveau.
>> Le mois se termine avec un excédent national de +1.5°C, 5ème mois consécutif supérieur aux normales donc.
Novembre ne dérogera pas à la règle, excepté un épisode neigeux précoce sur le Centre-Est du pays le 15 Novembre, le flux océanique persistant et très perturbé a assuré un temps doux durable du Nord au Sud du pays.
Malgré des épisodes pluvieux fréquents et parfois intenses dans le Sud-Est et le Sud-Ouest, la succession de perturbations océaniques a garanti une relative douceur persistante sur tout le pays.
Inondations à Mandelieu-la-Napoule (06) les 22 et 23 Novembre - Photo Facebook Sébastien Leroy
>> Le mois de Novembre fini donc avec un excédent thermique encore présent, mais bien plus faible que les mois précédent, s’élevant à +0.2°C. Le coup de frais du milieu mois et le temps très humide ont en effet limité l'occurence de températures « élevées », mais pas de froid à signaler pour autant.
>> L’automne s’est donc à nouveau montré excédentaire sur le pays avec un excédent national de +0.9°C.
Hiver 2019/2020 : Un hiver sans hiver :
Décembre fut à nouveau très perturbé avec une succession de tempêtes sur le pays dans un flux océanique toujours aussi présent.
>> Sauf que flux océanique rime également avec douceur océanique en saison froide. Ce fut le cas à nouveau pour ce mois, si bien que l’excédent atteint +2.4°C sur le pays, le 5ème mois de Décembre le plus doux depuis le début des relevés en France.
Graphique des températures moyennes des mois de Décembre depuis 1899 - Météo-France
>> Janvier fut radicalement différent au niveau du ciel avec un anticyclone persistant, mais toujours pas de froid. L’excédent atteint à nouveau +2.2°C à l’échelle nationale et la neige se fait attendre dans les stations de moyenne montagne.
Webcam de la Bresse dans les Vosges où seuls des restes de neige artificielle sont présents
Février fut plus perturbé (flux océanique et nombreuses tempêtes), notamment en début de mois mais la douceur fit déjà son retour en fin de période.
Le 23 Février, de nombreux record mensuels sont battus, notamment dans le Sud où les 20°C sont fréquemment dépassés (anciens records entre parenthèses) :
- +25.9°C à Montclus (+24.2°C du 28/02/2019)
- +25.4°C au Vigan (+24.5°C du 21/02/2016)
- +23.9°C à Orgnac-l'Aven (+23.3°C du 28/02/2019)
- +23.7°C à Lapalud (+22.7°C du 28/02/2019)
- +23.5°C à Genolhac (+22.1°C du 27/02/2019)
- +23.1°C à Visan (+22.1°C du 23/02/1990)
- +23.1°C à Aubenas (+22.3°C du 27/02/2019)
- +23.0°C à Alba-la-Romaine (+21.6°C du 23/02/1990)
- +22.9°C à Pont-St-Esprit (+21.5°C du 18/02/1998)
- +22.8°C à Sablons (+22.3°C du 24/02/1990)
- +22.6°C à St-Jean-en-Royans (+21.2°C du 27/02/1960)
- +21.9°C à St-Barthélémy-de-Vals (+20.7°C du 28/02/2019)
- +21.5°C à Mornant (+21.2°C du 27/02/1960)
- +19.8°C à Annecy (+19.3°C du 23/02/2017)
>> Le mois se termine donc encore et toujours en excédent, qui fut exceptionnel à nouveau. Celui-ci atteint en effet +3.6°C, le 2ème mois de février le plus chaud jamais enregistré sur le pays, devant février 1926 et le remarquable mois de février 1990 (+4.4°C !).
>> L’hiver se termine donc avec un nombre quasi-nul de chutes de neige en plaine, une neige presque absente en moyenne montagne mais surtout un excédent record de +2.7°C, ce qui en fait l’hiver le plus doux jamais mesuré en France, devant l’hiver 2015-2016 (+2.6°C).
Evolution des températures maximales et minimales par rapport à la moyenne nationale en France du 01/12/2019 au 25/02/2020 - Météo-France
Mars, avril et mai 2020 : Toujours aussi doux :
Mars (+0.7°C) fut encore doux malgré quelques petits coups de frais ayant limité l’excédent, entrecoupés de période de douceur.
Le mois d’Avril fut cependant exceptionnellement doux avec des chaleurs précoces et récurrentes sur le mois. De nombreux records journaliers et mensuels furent battus sur le pays avec un ensoleillement encore particulièrement élevé.
Records décadaires battus sur la première décade d'Avril - Météo-Villes
>> Avril termina avec un excédent de +3.0°C, soit le 3ème mois d'Avril le plus chaud jamais relevé en France, dans la continuité des mois précédents.
Enfin, la première partie du mois de Mai fut perturbée avec une douceur parfois contrariée par quelques coups de frais. Néanmoins, plusieurs journées exceptionnelles furent à signaler, notamment en début de mois avec les 1er 35°C de l’année dans le Sud-Ouest sur le réseau officiel.
35°C les plus précoces jamais relevés en France à Cambo-les-Bains (64) le 3 Mai dernier - Météo-Villes
Si les orages ont ensuite fait l’actualité avec un temps parfois plus frais dans le Nord et le retour de quelques gelées pour les Saints-de-Glace, la chaleur fait maintenant son retour et semble perdurer jusqu’à la fin du mois au vue des dernières prévisions.
Au 15 Mai, l’anomalie est de +1.1°C sur la France pour ce mois de Mai et celle-ci semble en passe de se confirmer pour les prochaines semaines.
Mai 2020 devrait donc se terminer comme le 12ème mois consécutif au-dessus des normales. Une telle série n’avait pas été observée depuis que l’indicateur de température moyenne nationale existe (1899). La série la plus longue s’était déroulée auparavant de Septembre 2006 à Juin 2007 (10 mois).
12 mois consécutifs présentant une température moyenne nationale supérieure aux normales, un record - Via Météo-France
Les prévisions saisonnières suggèrent également un été sensiblement plus chaud que la normale, ce qui pourrait faire perdurer cette période et améliorer ce record déjà exceptionnel..