Un nouveau blocage anticyclonique apporte un temps très calme depuis le début du mois de février 2023. Comment l'expliquer et quand le temps perturbé reviendra-t-il en France ?

Une situation bloquée depuis fin janvier

À la fin du mois de janvier 2023, le cœur du vortex polaire s'est décalé au nord du continent américain, s'éloignant de l'Eurasie. Des températures glaciales avaient été observées sur le nord-est de l'Amérique. C'est à ce moment que le blocage anticyclonique s'est mis en place sur l'Europe, car cet air froid nord-américain favorise des talwegs sur l'ouest de l'Atlantique, propulsant ainsi des dorsales anticycloniques des Açores vers l'ouest et le centre de l'Europe. Depuis deux semaines, le vortex n'a que peu bougé et ce régime de dorsales se poursuit sur l'Atlantique. Celles-ci viennent entretenir le blocage anticyclonique sur une bonne partie de l'Europe, dont la France.

Situation dominante sur l'hémisphère nord entre la fin janvier et la mi-février 2023 - Météo Villes

Il s'avère que le blocage anticyclonique en place depuis la fin du mois de janvier 2023 est particulièrement puissant. À Paris comme à Lyon, les pressions sont généralement comprises entre 1030 hPa et 1040 hPa depuis deux semaines avec une pointe à près de 1043 hPa dans la capitale le 5 février. Ce constat est partagé par la plupart des régions de l'hexagone. Par ailleurs, les graphiques montrent les effets des différentes dorsales anticycloniques avec un premier pic de hautes pressions le 5 février puis un second le 10 février, preuve que le blocage anticyclonique est entretenu.

Pressions à Paris et Lyon du 1er au 14 février 2023 - via infoclimat.fr

Une configuration déjà observée ces dernières années

Le blocage anticyclonique observé depuis la fin du mois de janvier 2023 possède des similitudes notables avec la configuration observée lors du mois de janvier 2022, lequel avait été dominé par des pressions moyennes de 1025 à 1030 hPa en France avec un déficit pluviométrique national de 41%. Durant le début de l'année 2022, le vortex polaire était également situé au nord-est du Canada, ce qui avait pour effet de favoriser un régime de dorsales anticycloniques sur l'Atlantique, s'étalant sur l'ouest de l'Europe dont la France où le calme avait largement dominé le mois de janvier. En s'éloignant du bloc eurasiatique, le vortex polaire favorise la remontée de la ceinture anticyclonique subtropicale vers nos régions.

Anomalie de géopotentiels durant le mois de janvier 2022 - via climatereanalyzer.org

Toutefois, les configurations propices aux blocages anticycloniques sur la France en hiver sont multiples. Un vortex polaire très concentré aux latitudes polaires peut aussi favoriser la remontée de la cellule anticyclonique subtropicale, comme ce fut le cas lors du mois de janvier 2020. Avec un courant dépressionnaire rejeté sur le nord de l'Europe, l'anticyclone des Açores s'était alors étalé de la péninsule ibérique à l'Europe Centrale et le mois fut sec en France.

Anomalie de géopotentiels durant le mois de janvier 2020 - via climatereanalyzer.org

D'une manière générale, il n'existe pas une mais de multiples configurations propices aux blocages anticycloniques sur la France. Que ce soit en hiver ou durant les autres saisons, on observe une tendance vers une remontée de la ceinture anticyclonique subtropicale depuis plusieurs années, plaçant plus régulièrement la France sous les hautes pressions. Lisez notre article dédié à ce sujet >>>

À quand le retour du temps perturbé ?

Selon les tendances pour les deux semaines à venir, nous pourrions assister à un changement de configuration aux alentours du 23 février 2023. Ce dernier serait lié à une dorsale anticyclonique s'érigeant jusqu'au Groenland et permettant aux basses pressions scandinaves de plonger vers l'Europe Centrale. Nous basculerions alors en flux de nord-ouest plus frais (voire modérément froid) et possiblement plus humide. Cependant, la France resterait en bordure de la dorsale anticyclonique sur l'océan. Avec cette proximité des hautes pressions, nous n'avons que très peu de marge et le retour d'un temps véritablement perturbé semble vraiment loin d'être (beaucoup de scénarios n'envisagent qu'assez peu de précipitations)...

Configuration possible à partir du 23 février 2023 - Météo Villes

À ce jour, il reste très délicat de se prononcer quant au retour d'une séquence véritablement perturbée sur la France. Notons que les dernières actualisations des modèles saisonniers penchent désormais sur un mois de mars 2023 plus humide qu'initialement prévu, notamment selon le scénario du modèle européen. Ces tendances sont tout de même à prendre avec des pincettes car il ne faut pas oublier que les projections du début d'année pour le mois de février 2023 envisageaient un courant océanique dépressionnaire, ce qui est très loin de se produire...

Modélisations de l'anomalie pluviométrique pour mars 2023 - via NOAA et EFFIS/ECMWF