Canicule exceptionnelle à venir, d'intensité comparable à 2003 !
samedi 22 juin 2019Les premiers signaux envisagés il y a quelques jours se confirment : c'est une canicule exceptionnelle qui se prépare pour la fin de notre mois de juin.
Entre une goutte froide (dépression) située au large de la péninsule Ibérique, et des hautes pressions sur l'Europe de l'Est, c'est un flux de Sud qui va se mettre en place et persister durant toute la semaine prochaine. Un flux de Sud favorisant la remontée d'une masse d'air extrêmement chaude en provenance du Sahara, et donc propice à une importante canicule.
Situation générale prévue le mercredi 26 juin 2019 - ECMWF
Cette masse d'air devrait être très atypique, et que l'on pourrait même qualifier d'historiquement chaude, dépassant largement les 25°C à 1500m sur une grande partie du pays, et approchant même les 30°C à cette même altitude dans le Sud-Ouest. Des niveaux qui n'ont jamais été observés au dessus du territoire métropolitain (même au cours de la grande canicule de 2003) !
Température de la masse d'air (1500m d'altitude) en France, et anomalie par rapport à la norme en Europe - du 22 au 29 juin 2019 - Modèle GFS / WXCharts
Température de la masse d'air (à 1500m d'altitude) observée le 5 août 2003, et prévue le 27 juin 2019 - Réanalyse NCEP et modèle CEP / Météociel
Témoin de cette masse d'air incroyable, l'isotherme 0°C (altitude à laquelle la température sera de 0°C) devrait remonter entre 4600 et 4800m en 2e partie de semaine prochaine. Un dégel pourrait donc être fortement probable jusqu'au sommet du Mont Blanc, et les glaciers les plus hauts pourraient en souffrir...
Altitude de l'isotherme 0°C (en m) - après-midi du vendredi 28 juin 2019 - Modèle GFS / Météociel
Et malheureusement, les températures risquent d'être assez affolantes en plaine. C'est une semaine particulièrement suffocante qui nous attend avec des températures maximales qui pourraient exploser tous les records d'un mois de juin (voire approcher et atteindre certains records absolus, tous mois confondus). Dès ce lundi, la barre des 35°C se généralisera à l'ensemble de la moitié Est du pays, avant de s'étendre progressivement à la quasi-totalité du territoire. A terme, les 40°C devraient être vraisemblablement atteints en diverses régions, et des pointes jusqu'à 42/43°C ne seront pas improbables (pour rappel, le record national absolu s'élève à 44.1°C en août 2003 dans le Gard).
Cette masse d'air sera assez humide. Le ressenti pourrait être tout simplement "affreux", avec un humidex potentiellement supérieur à 45 sur certaines régions de l'Est et du Nord-Est. Outre en montagne, il faudra se rendre du côté de la Bretagne mais aussi dans le Pays-Basque pour être préservé de ces très fortes chaleurs.
Températures maximales prévues le lundi 24 et mardi 25 juin 2019 - Météo-Villes
Températures maximales prévues le mercredi 26 et jeudi 27 juin 2019 - Météo-Villes
D'autant plus que cette canicule intervient peu après le soltice d'été. Les journées sont donc longues, et les nuits très courtes (6/7h environ). Un laps de temps trop court pour permettre une baisse nocturne des températures sensible : des températures qui peineront à chuter sous les 20°C au plus "frais" de la nuit. Sur les côtes Provençales, sur la Côte d'Azur, mais également dans les plus grandes agglomérations et notamment dans Paris, ces températures pourraient même ne pas descendre sous les 25°C !
Températures minimales prévues le mercredi 26 et jeudi 27 juin 2019 - Modèle GFS - Météociel
Cette canicule devrait s'éterniser au moins jusqu'à samedi prochain. Pour la suite, une incertitude demeure : si certains modèles envisagent une baisse des températures généralisée par l'Ouest dès le dimanche 30 (avec quelques orages à la clé), d'autres restent très alarmants et prolongent ces fortes chaleurs jusqu'au début du mois de juillet... Une situation à surveiller attentivement !
Quoi qu'il arrive, le Plan Canicule de niveau 3 (sur 4) devrait être rapidement déclenché dans de nombreux départements. Ce pLan Canicule 2019 est cadré par une instruction interministérielle prévoyant la reconduction des dispositions du plan national canicule 2017. Il précise en outre la nouvelle terminologie associée à la gestion des effets sanitaires des vagues de chaleur :
Niveau 1 - Le pic de chaleur : exposition de courte durée, d’un ou deux jours, à une chaleur intense présentant un risque pour la santé humaine des populations fragiles ou surexposées, notamment du fait de leurs conditions de travail et de l’activité physique, il peut être associé au niveau de vigilance météo jaune.
Niveau 2 - L’épisode persistant de chaleur : températures élevées qui perdurent dans le temps (plus de trois jours). Les indicateurs bio-météorologiques sont proches ou en dessous des seuils départementaux. Ces situations constituent un danger pour les populations fragiles ou surexposées (notamment du fait de l’activité physique) et peuvent être associées au niveau de vigilance météo jaune.
Niveau 3 - La canicule : période de chaleur intense durant laquelle les indicateurs bio-météorologiques dépassent les seuils départementaux pendant trois jours et trois nuits consécutifs et sont susceptibles de constituer un risque pour l’ensemble de la population exposée. Elle est associée au niveau de vigilance météo orange.
Niveau 4 - La canicule extrême : canicule exceptionnelle par sa durée, son intensité et son étendue géographique, à fort impact sanitaire avec apparition d’effets collatéraux. Elle est associée au niveau de vigilance météorologique rouge.
Comme précédemment, chaque jour sont calculés les indicateurs météorologiques sur une station météo représentative de chaque département, à savoir l'IBMn (moyenne des températures minimales des jours J, J+1 et J+2) et IBMx (moyenne des températures maximales des jours J, J+1 et J+2). Les valeurs obtenues sont comparées aux seuils départementaux Sn et Sx afin d'aider à déterminer le niveau de vigilance adéquat. D'autres facteurs sont pris en compte tels que l'humidité, le niveau de pollution et le contexte socio-sanitaire du moment.
Enfin, face à ces très fortes chaleurs, il est nécessaire d'adopter les bons réflexes, notamment pour les personnes les plus sensibles (personnes agées, en bas âge ou femmes enceintes !)