Coronavirus : comment la pandémie est-elle influencée par le climat ?
lundi 16 mars 2020C’est malheureusement l’actualité dans toutes les conversations du moment : la pandémie de Coronavirus continue sa propagation sur le territoire et dans le monde entier. Ce virus, originaire de Chine au début du mois de décembre impact désormais fortement l'hémisphère Nord et notamment l'Europe occidentale.
Environnement et virus :
Les pays chauds sont-ils moins concernés ?
Carte du monde des pays touchés par la pandémie - Via wikipedia
Températures mesurées lundi 16 mars 2020 - Via Windy.com
La carte des pays touchés par le virus dans le monde semble trompeuse. Si on s’y réfère, les pays « tempérés » semblent bien plus touchés, mais les régions tropicales et équatoriales le sont également - et peut-être davantage qu'on ne le pense car les outils de dépistage sont moins développés et l’épidémie n'est est qu'à ses débuts sur le continent africain.
Le virus peut-il être transporté par les masses d’air ?
Circulations atmosphérique sur une partie du globe au 16 Mars 2020 - Via Windy.com
Une question qui revient également souvent, le COVID-19 peut-il être transporté sur de longues distances via la circulation atmosphérique ?
Les scientifiques sont encore en pleine recherche sur le sujet mais les premiers résultats ne semblent pas confirmer cette hypothèse. Le virus ne semble en effet pas pouvoir survivre très longtemps en dehors du corps humain. Une étude publiée dans medRxiv conclut que le virus ne pourrait pas survivre plus de 3 heures dans l’air.
Le coronavirus pourrait être transporté dans des gouttelettes liquides de plus de 5 micromètres de large (comme les bactéries des rhumes) mais son déplacement en suspension dans l'atmosphère n’est pas encore prouvé. Sa courte durée de vie rend improbable un transport sur de longues distances par voie atmosphérique. « Nous ne disons en aucun cas qu'il y a une transmission du virus par l'air » souligne Neeltje van Doremalen, auteur principal de l'étude sur laquelle nous nous appuyons.?
Les gouttelettes (postillons) infectées ne se propagent pas au-delà d'un mètre en moyenne selon les experts (jusqu’à 4m suivant les conditions du milieu) et sa durée de vie n’excède pas plusieurs heures ou quelques jours sur une surface contaminée (plus long que dans l’air donc).
Cette faible viabilité environnementale n’assurerait donc pas un transport sur des distances très importantes entre les pays ou les régions, le mode de transmission principal se faisant par proximité avec un hôte contaminé.
Le soleil peut-il ralentir la propagation ?
Soleil et UV, peuvent-ils ralentir la propagation ? - Image via futura-sciences
Il a été démontré que les UV sont efficaces pour éliminer les bactéries et fragilisent sensiblement les virus. Cette lumière est d’ailleurs utilisée dans les hôpitaux pour décontaminer et stériliser les équipements médicaux.
“D'après ce que nous avons vu avec des virus passés, c'est qu'il y a moins de propagation virale lorsque le soleil est fort et que les températures sont chaudes de mai à septembre. Il est possible que l'intensité du soleil et un temps plus chaud pourraient fragiliser ces virus pendant les mois d'été.” explique le fondateur et PDG d'AccuWeather, le Docteur Joel N. Myers.
Un temps anticyclonique est ensoleillé pourrait donc limiter la propagation du COVID-19. Attention cependant à ne pas tirer de conclusion trop hâtives car même si des exemples viennent appuyer ce propos, il existe également des contre-exemples comme le SRAS en novembre 2002 qui s’était poursuivi jusqu’en juillet 2003, ou encore le MERS-Cov de septembre 2012 au Moyen-Orient qui s’était propagé sous un soleil dominant et de fortes chaleurs.
Le virus est encore trop méconnu pour confirmer ou infirmer toutes ces hypothèses.
Quels facteurs météorologiques aggravent ses effets et sa propagation ?
La transmission est donc principalement assurée par contact, ou proximité, avec une personne ou un milieu contaminé. Toutefois certains facteurs météo peuvent également aggraver cette propagation.
Le temps humide et froid :
Les virus sont considérés comme plus stables à basse température, c’est-à-dire que ceux-ci survivent plus facilement dans des conditions plus froides que chaudes. Cependant, comme dit précédemment, cela ne signifie pas leur extinction en cas de chaleur.
C’est dans ces conditions de fraîcheur et d’humidité que le rhume ou la grippe se propagent plus facilement en l’hiver plutôt qu’en plein été. Ceux-ci se conservent en effet plus longtemps sur les surfaces inertes et les mains dans ce type d'environnement.
> Une humidité ambiante abondante engendrera un transport également plus important du virus, plus les gouttelettes seront présentes dans l’atmosphère, plus le virus aura tendance a être facilement véhiculé en cas d’éternuement ou de toux d’une personne atteinte.
A nouveau, lorsque le temps sera sec et chaud, le virus se propagera dans des conditions moins favorables à sa transmission sans certitude de son extinction.
Un temps froid et humide contribue également à l’irritation des voies nasales et respiratoires, ce qui nous rend plus perméables aux bactéries et virus.
La présence d’aérosols :
Les pollens sont particulièrement nombreux en ce moment sur le pays - Image via pourquoidocteur.fr
Autre facteur aggravant, la présence de nombreux aérosols dans l’atmosphère. En effet, comme expliqué précédemment, ces aérosols (pollution, pollens) auront deux effets sur le virus :
>> Ils procureront un moyen de transport supplémentaire sur de courtes distances (dans la limite connue de la durée de vie maximale de 3 heures dans l’air).
>> Ils auront plus tendance à irriter les voies respiratoires (allergies, asthme, …) : perméabilité des muqueuses et aggravation des effets sur le corps humain.
Même si cette pandémie relève du domaine de la médecine, les facteurs environnementaux et météorologiques forment des vecteurs significatifs, pensez IMPERATIVEMENT à respecter les consignes de sécurité :
Consignes pour limiter la propagation du COVID-19 - Via gouvernement.fr/info-coronavirus
Les effets sur le climat planétaire :
Enfin, pour finir sur une note sensiblement plus positive, les effets de la pandémie sont visibles dans l’atmosphère du monde entier.
En effet, la réduction importante des activités humaines permet une réduction très importante de l’émission des gaz à effet de serre et donc de la pollution atmosphérique. Cette diminution est visible au premier abord dans le ciel, les SMOGS (brouillards et brumes de pollution) ont fortement diminué ces dernières semaines en Chine, tout comme les émissions de dioxyde d’azote :
Comparaison des concentrations de de NO2 entre la première décade de janvier dernier et la seconde moitié de février 2020 - Via NASA
Les émissions de monoxyde de carbone (CO) sont également en chute sur ce pays, au mois de février, les concentrations ont diminué de 10 à 45% sur l’ensemble de la Chine par rapport aux années antérieures.
Comparaison des concentrations de CO dans l'atmpshère sur l'Est de la Chine durant les mois de février de 2008 à 2019 et durant la mois de février 2020 - Image Maya George (LATMOS/CNRS)
Cette diminution de la pollution a également été observée depuis quelques jours sur la plaine du Pô en Italie du Nord (plus faiblement pour le moment sur le reste de l'Europe), le pays est en effet à l’arrêt depuis le début du mois de mars lors de la mise en quarantaine.
La pollution et notamment les émissions de No2 diminuent fortement depuis plusieurs jours, une tendance qui va suivre la situation sanitaire du pays.
Concentration de NO2 en Italie du Nord au mois de février (gauche) puis à la mi-Mars 2020 (droite) - Image satellite Copernicus via ipnoze.com
Une note un peu plus douce donc face à cette crise mondiale, les niveaux de pollutions vont continuer de baisser au fur et à mesure de la propagation du virus dans le monde entier. Ceci ne devrait toutefois pas suffire à interrompre le réchauffement climatique global...