Harvey, Irma, Maria : Dévier ou affaiblir les ouragans ?
mardi 26 septembre 2017
En collaboration avec Caroline Muller, chargée de recherche au CNRS, Fabrice Pouliquen revient sur plusieurs pistes envisagées depuis l'après-guerre pour contrôler la trajectoire et l’intensité des ouragans, en vain, via cet article pour 20 Minutes.
Dès 1947, dans le cadre du programme Cirrus financé par l’armée américaine et la firme General Electric (>>), un avion ira jusqu’à larguer 36 kg de gaz carbonique au-dessus d’un cyclone dans l’Atlantique pour en modifier l’enveloppe nuageuse. Dans la foulée, le projet Stormfury, financé par le gouvernement américain de 1963 à 1982 et testé sur quatre cyclones différents, visait à ensemencer l’extérieur de l’œil du cyclone avec de l’iodure d’argent afin de former un œil plus grand et de ce fait moins puissant.
Wikipédia
Dans un autre genre, Hugh Willoughby, professeur à l’université de Miami, proposait en 1990 d’envoyer une bombe nucléaire au cœur des ouragans, tandis qu’Arkady Leonov, professeur en physique mathématique à l’université d’Akron (Ohio) proposait de faire voler des avions supersoniques autour de l’œil de l’ouragan, l’énergie déployée lors du passage du mur du son pouvant, selon lui, refroidir l’air et affaiblir la structure de l’ouragan. Deux mauvaises idées, douche le Huffington Post (>>). La première étant dangereuse pour la planète, la deuxième dangereuse pour les pilotes et, l’une comme l’autre ne pouvant rivaliser avec l’énergie produite par un cyclone. D’autres projets ont travaillé à des techniques pour dévier la trajectoire des ouragans et les amener vers des courants d’eau froide. C’était notamment l’idée du procédé « Salter Sink » imaginé par l’entreprise Intellectual Ventures et rendu public en 2009. L’idée était de placer des entonnoirs géants dans les couloirs empruntés par les ouragans pour y capter l’eau de surface et l’expédier dans les profondeurs où elle serait mélangée à des eaux plus froides. Même la NASA s’en est mêlée. En 2004, le chercheur Ross Hoffman a reçu 500000 euros de fonds de l’agence spatiale américaine pour son projet qui consisterait à envoyer des micro-ondes depuis l’espace sur les cyclones afin d’en dévier la trajectoire.
Le bilan est implacable. Ces idées sont soit onéreuses, soit farfelues, soit même dangereuses pour la planète. Les ouragans nous mettent face à des échelles sur lesquelles l’homme n’a pas d’impact conclut Caroline Muller. Il faut bien avoir conscience de l’énergie déployée par un ouragan et de l’ampleur de ces phénomènes : Irma, l’un des ouragans les plus puissants jamais enregistré dans l’Atlantique, laissait voir aux images satellites une masse nuageuse compacte d’environ 700 km de diamètre.
Ouragan Irma - 4 septembre 2017 à 17 h 24 TU - NASA