La fonte de la banquise Arctique bat des records
lundi 12 août 2019Nous avions annoncé récemment une fonte anormalement rapide des glaces de l'Arctique et du Groenland ces dernières semaines (>>, >>). Malheureusement, le bilan du mois écoulé témoigne de ces évènements... Puisqu'avec 7.59 millions de km2 en moyenne, jamais la superficie de la banquise Arctique n'avait été aussi faible au cours d'un mois de juillet depuis le début des observations satellitaires il y a 40 ans !
Cette superficie de situe 80 000km2 en deça du précédent record (juillet 2012), et surtout 1.88 millions de km2 en dessous de la moyenne observée durant la période 1981-2010.
Superficie des glaces de l'Arctique adepuis 1979, arrêtée au 31 juillet 2019 - Zachary Labe
Nous sommes en plein cœur de l'été dans l'Hémisphère Nord, et par conséquent la fonte estivale des glaces est généralisée. Néanmoins, cette fonte est bien plus marquée en mer de Laptev, des Tchouktches, de Beaufort et en baie d'Hudson où il n'y avait plus du tout de glaces à la fin du mois.
Fin juillet, la route maritime du Nord qui relie l’Europe à l’Asie via les mers de Sibérie orientale et de Laptev semblait être essentiellement ouverte (et navigable), alors que le passage du Nord-Ouest (les routes du sud et du nord) restait encore bloqué par les glaces.
Répartition des glaces de l'Arctique en juillet 2019 et écart à la normale 1981-2010 - NSIDC
Pour comprendre pourquoi une telle situation, la principale cause provient des températures particulièrement élevées depuis de nombreux mois (et même années) sur l'ensemble de ces régions Arctiques. Juillet 2019 se place au 3e rang des plus chaud jamais mesurés sur la zone Arctique (par définition au delà de la latitude 70°N).
Mais surtout, la température moyenne des eaux de surface sur les 7 premiers mois de l'année est en constante augmentation, avec une anomalie de près de +0.4°C par rapport à la période 1981-2010 (2e rang juste derrière le record de la période janvier-juillet 2016).
Anomalie de la température de surface de l'océan Arctique sur la période janvier-juillet (par rapport à la moyenne 1981-2010) - Zachary Labe
Le minimum annuel est en général atteint autour de la mi-septembre, ce qui laisse encore 5 à 6 semaines de fonte supplémentaire à venir. Et pourtant, le niveau déjà atteint lors de ce début août est déjà inférieur à la plupart des minimums annuels observés durant la décennie 2000... A ce jour, le triste record absolu reste celui de l'année 2012, année que nous sommes en train de talonner ces derniers temps !
Minimums annuels de l'étendue des glaces de l'Arctique depuis 2003 - Zachary Labe
Note importante : la notion de « superficie » des glaces correspond aux zones où l'océan est glacé à 15% minimum.