Nouvelle année de gel printanier dommageable pour la végétation
mardi 23 avril 2024Bougies allumées dans les vignes de Chassagne-Montrachet (21) - photo Aymeric Magnabal-Tonot
Les gelées étaient fréquentes ces deux dernières nuits avec localement jusqu'à -5°C, endommageant les cultures dans plusieurs régions. Un scénario qui se répète ces dernières années...
De nombreuses gelées ces 22 et 23 avril
Déjà fréquemment négatives du sud-ouest au nord-est de la France à l'aube du lundi 22 avril 2024, les températures sont encore descendues d'un cran cette nuit du mardi 23 avril. Au petit matin, le thermomètre a plongé jusqu'à -5,3°C à Chaumont dans le département de la Haute-Marne, -4,6°C à Buhl-Lorraine en Moselle et -4,4°C à Livernon dans le Lot ! On a noté également -3,5°C à Guéret dans la Creuse, -3°C à Dauphin dans les Alpes-de-Haute-Provence, -2,4°C à Tanques dans l'Orne ou encore -1,9°C à Peyrolles-en-Provence dans les Bouches-du-Rhône.
Gelées notables enregistrées ce mardi 23 avril 2024 - Météo Villes
Les deux dernières nuits de gel ont fait des dégâts dans plusieurs régions. Les producteurs de fruits ont tenté par tous les moyens de limiter l'ampleur des dégâts liés au gel, allumant des bougies sur leurs parcelles ou utilisant l'aspersion (envoyer de l'eau sur les cultures pour former un cocon de glace protecteur autour des bourgeons). Ces méthodes ont un coût que ne peuvent assumer tous les producteurs. Ceux qui n'ont pas pu les employer constatent des dégâts parfois importants, comme le montre la photo ci-dessous dans les vignes de Rians dans le Var, où le thermomètre est descendu entre -1 et -2°C. Des pertes sont aussi signalées entre le Massif Central et le nord-est de la France.
Vignes brûlées par le gel à Rians (Var) ce mardi 23 avril 2024 - photo Château Pigoudet
Gel dommageable d'avril : une répétition problématique
C'est une statistique qui pose problème : avec le gel de ce mois d'avril 2024, ce sont désormais 5 des 7 derniers printemps qui ont connu des épisodes de gelées tardives et dommageables en France (à des degrés variables en fonction des années) ! Seuls 2018 et 2020 ont échappé à la règle. En 2019, des gelées dommageables étaient survenues les 13 et 14 avril. La situation avait été véritablement dramatique en 2017 avec des gelées très étendues entre le 19 et le 22 avril. On avait mesuré -4°C à Troyes (10) et Pontoise (95), -5°C à Reims (51) et -7°C à Charleville-Mézières (08), causant des pertes conséquentes pour les producteurs de fruits.
Braseros dans les vignes de Chablis (Yonne) le 6 avril 2021 - photo Titouan Rimbault
Après un répit au printemps 2020, nous sommes sur la quatrième année consécutive de gel printanier problématique. Assez limités en avril 2023, les dégâts avaient été plus importants en 2021 et en 2022 du fait d'une végétation très avancée. En 2021, de nombreux records de froid étaient tombés entre le 5 et le 8 avril. Il avait fait -8,0°C à Rueil (28), -7,8°C à Auberive (52), -7,4°C à Saint-Étienne et -6,9°C à Beauvais ! Nous avions perdu 50 à 60% des prunes et des cerises et 30% des vignes. Certaines parcelles étaient détruites à 100% ! Il y en avait eu pour 4 milliards d'euros de dégâts...
Records de froid du 5 au 8 avril 2021 et neige à Rouen le 7 avril 2021 - Chronique Météo Villes
Gelées : une menace présente jusqu'en mai
Le gel est encore fréquent au mois d'avril, sauf sur les régions bordant l'océan et la Méditerranée où les dernières gelées sont plutôt observées fin mars. Du sud-ouest au Nord, il peut généralement geler jusqu'à la fin du mois d'avril. Des valeurs négatives peuvent encore être observées en première quinzaine de mai du Massif Central au nord-est. En plaine, le risque devient très limité à la mi-mai. C'est la raison pour laquelle les Saints de Glace - les 11, 12 & 13 mai, sont souvent utilisés en guise de repère temporel. On estime qu'au delà de ces dates, les jardiniers peuvent mettre en terre les plantes qui craignent le gel, car le risque devient minime.
Date des dernières gelées en France - Météo Villes
Il est important de rappeler qu'il a toujours gelé en avril mais que les conséquences de ces gelées augmentent à cause du changement climatique. En effet, avec des hivers de plus en plus doux, la végétation se réveille de plus en plus tôt et devient donc de plus en plus vulnérable aux gelées printanières. Selon les projections climatiques, cela ne risque pas de s'arranger car la date de début de végétation devrait avancer plus vite que celle de la dernière gelée... Au siècle dernier, on parlait beaucoup moins des gelées d'avril car les bourgeons étaient encore fermés lorsqu'elles survenaient et il n'y avait donc que très peu de perte.
Projection de la date de début de végétation de la vigne (en vert) et celle de la dernière gelée (en bleu) jusqu'en 2100 - via DRIAS