Retour sur la vague de froid remarquable de janvier 1985
mercredi 8 janvier 2020Il y a 35 ans, la France subissait l'une des plus fortes vagues de froid de son histoire moderne. L'épisode glacial qui a sévi en janvier 1985 est resté dans les annales pour ses températures polaires.
Deux semaines polaires
Dès les premiers jours de l'année 1985, un flux continental de secteur est à nord-est s'établit sur une bonne partie du continent européen, dont la France.
Réanalyse de la position des centres d'action (à gauche) et des masses d'air (à droite) le 13 janvier 1985 - via Meteociel.fr
Des anomalies dépressionnaires viennent se positionner sur le sud de l'Europe et le bassin méditerranéen tandis qu'un puissant anticyclone s'érige sur la Scandinavie. Cette configuration engendre la mise en place du "Moscou-Paris", un flux continental soufflant de la Russie jusqu'à la France et drainant avec lui de l'air glacial.
Indicateur thermique moyenné sur la France au cours de la saison hivernale 1984-1985 - via Météo France
Le refroidissement est sensible dès le 3 janvier mais c'est surtout à compter du 5 que l'air glacial déboule par l'est, envahissant rapidement l'ensemble du pays. La vague de froid va sévir jusqu'au 17 janvier avec deux pics de froid très prononcés les 8 et 16 janvier.
Le diagramme ci-dessus montre que l'indicateur thermique national s'est abaissé jusqu'à près de -10°C les 8 et 16 janvier 1985 ! Il s'agit pourtant d'une moyenne des températures minimales et maximales sur l'ensemble du pays ! D'ailleurs, le 16 janvier 1985 se classe comme le jour le plus froid jamais observé en France métropolitaine, à égalité avec le 2 février 1956.
Un froid accompagné de neige
La vague de froid a débuté par un épisode neigeux sur tout le nord et le centre du pays dès la journée du 4 janvier. Par la suite, plusieurs épisodes neigeux vont toucher la plupart des régions françaises, dans des proportions parfois importantes.
Carte de l'épaisseur de neige maximale mesurée lors du mois de janvier 1985
Dans la nuit du 6 au 7 janvier, de fortes chutes de neige affectent la moitié nord de la France mais aussi le littoral basque et la Corse. On mesure 10 cm de neige à Biarritz, 6 cm à Ajaccio et 4 cm à Bastia.
Nice et sa promenade des anglais croulent sous 38 cm de neige le 8 janvier 1985
Le 8 janvier 1985, une véritable tempête de neige s'abat sur Nice. 38 cm de neige recouvrent la ville où les habitants se baladent skis aux pieds ! La température y descendra jusqu'à -7,2°C la nuit suivante.
Des records de froid historiques
La présence de la neige sur de nombreuses régions a favorisé un important rayonnement nocturne, faisant plonger le thermomètre vers des niveaux historiquement bas durant les nuits étoilées.
Quelques une des valeurs remarquablement basses :
- -23,5°C à Bâle-Mulhouse (68)
- -23,0°C à Troyes (10)
- -22,8°C à Châteauroux (36)
- -20,4°C à Bourges (18)
- -20,3°C à Lyon (69)
- -20,0°C à Montauban (82)
- -20,0°C à Saint-Quentin (02)
- -19,8°C à Mont-de-Marsan (40)
- -19,6°C à Caen (14)
- -19,0°C à Lille (59)
- -18,2°C à Orléans (45)
- -17,9°C à Poitiers (86)
- -16,4°C à Bordeaux (33)
- -15,7°C à Cazaux (33)
- -15,4°C à Carpentras (84)
- -12,7°C à Biarritz (64)
- -12,4°C au Cap-Ferret (33)
- -12°C à Cannes (06)
- -11°C à Hyères (83)
Ces valeurs sont pour beaucoup des records absolus de froid depuis l'ouverture des stations et n'ont pas été battues depuis.
La Loire à Nevers (à gauche) et la Saône (à droite) sont partiellement gelées
Les fleuves gèlent partiellement, rendant la circulation fluviale très difficile ou impossible. Les cours d'eau plus modestes sont - pour beaucoup - totalement figés par la glace. Des banquises se forment sur le littoral de la Mer du Nord ainsi que sur l'embouchure de la Loire. Les animaux subissent une surmortalité élevée, au même titre que la végétation.
Représentation de l'intensité et de la durée des vagues de froid en France depuis 1947 - via Météo France
Cet épisode glacial de janvier 1985 a atteint une intensité tout à fait comparable à celle de la vague de froid historique de février 1956 mais n'aura duré "que" 2 semaines, contre quatre en février 1956. Il restera dans les annales de la météorologie comme une vague de froid mémorable en France.
Aucun épisode de cette ampleur ne s'est reproduit au cours des 35 dernières années.