Retour sur les sécheresses au mois d'avril en France
mardi 21 avril 2020Depuis le début du mois, certaines régions du nord et de l'est de la France n'ont pratiquement pas vu une seule goutte de pluie (0 mm à Grenoble depuis le 12 mars dernier) ! Un coup d'oeil aux archives météo permet de réaliser que les épisodes de sécheresse en avril sont relativement courants.
Avril 2017 : manque d'eau et incendies
Proche de nous, avril 2017 avait été marqué par des déficits pluviométriques importants à l'origine d'une sécheresse de surface responsable d'incendies très précoces en Aquitaine.
Incendie vers Cissac-Médoc en Gironde le 21 avril 2017 - photos M. Fedouach / AFP
Les précipitations lors de la saison hivernale 2016-2017 furent inférieures à la normale dans l'ouest de la France. Avril 2017 n'arrangea rien avec un déficit pluviométrique toujours important sur ces régions et un vent continental sensible, accentuant la sécheresse de surface.
Par conséquent, les premiers gros incendies de la saison se déclenchent avec une précocité rare en Aquitaine et plus particulièrement dans le Médoc où des moyens importants doivent être mis en place pour lutter contre les flammes. La pluviométrie proche de la norme durant les mois suivants permettra de limiter l'accentuation de la sécheresse.
Avril 2011 : premier trimestre aride
Avril 2011 est resté dans les annales de la météorologie en France à cause de son caractère estival très précoce mais aussi en raison d'une sécheresse inévitable après un hiver anticyclonique.
Face aux conditions estivales et très sèches, les premières restrictions d'eau sont mises en place en avril 2011 - chronique Météo Villes
Le premier trimestre de l'année 2011 fut remarquablement sec en France. Les déficits pluviométriques sont importants au cours des mois de janvier, de février et de mars. Avril sera encore pire avec l'installation d'un puissant anticyclone dès le début du mois, apportant un soleil très généreux, une chaleur record et une absence totale de pluie.
Les précipitations se feront rares jusqu'à la fin du mois et des records de chaleur seront régulièrement battus. Sur les 4 premiers mois de l'année 2011, les déficits pluviométriques à la normale sont souvent égaux ou supérieurs à 50% en France ! En absence de pluie et avec une recharge hivernale bien maigre, des restrictions d'eau sont mises en place dans plusieurs départements avec une précocité rare. La sécheresse s'aggravera en mai avant un été plus arrosé.
Avril 2007 : un mois sans eau !
Avril 2007 reste à ce jour un véritable ovni climatique en France avec une domination presque sans partage de l'anticyclone et des températures remarquablement chaudes tout le mois.
Durée d'ensoleillement et hauteur totale des précipitations durant le mois d'avril 2007 - Météo France
Au delà des températures durablement et remarquablement chaudes faisant d'avril 2007 le plus chaud jamais observé en France (statistique encore valable en 2020), le mois aura été caractérisé par des précipitations particulièrement discrètes, notamment sur une large partie nord et est de la France, un peu à l'image de ce mois d'avril 2020.
Rapidement, une importante sécheresse de surface se développe dans de nombreuses régions. Les cumuls mensuels de précipitations sont historiquement faibles dans le nord, le centre et l'est de la France, si bien qu'il ne tombe même pas la moindre goutte sur la totalité du mois à Lille et Reims ! À Paris, le cumul mensuel n'est que de 5 mm. Toutefois, le mois de mai et l'été 2007 furent orageux et cette sécheresse ne resta que passagère.
Avril 1997 : des conséquences notables
La saison hivernale 1996-1997 est marquée par des précipitations inférieures à la normale. La sécheresse devient problématique dès les mois de mars et avril 1997.
Communes françaises reconnues en état de catastrophe naturelle à cause de la sécheresse en 1997 - CCR
En 1997, mars se montre historiquement sec avec une pluie plus que discrète du début à la fin du mois, faisant suite à une recharge hivernale de mauvaise qualité. La situation se tend au cours du mois d'avril avec le maintien d'importants déficits pluviométiques dans de nombreuses régions françaises.
La sécheresse s'étend et les cultures ont énormément de mal à pousser. Les conséquences seront importantes des régions méditerranéennes au sud-ouest et jusqu'au Nord où de nombreuses communes seront reconnues en état de catastrophe naturelle à cause de la sécheresse durant l'année 1997. On estime le coût de cet événement à 300 millions d'euros en France.
Avril 1992 : des cours d'eau à sec
Le début de l'année 1992 est marqué par des conditions anormalement sèches en France avec des conséquences importantes liées au caractère durable des déficits pluviométriques.
Sur certains tronçons, la Loire est presque à sec au printemps 1992 ! - chronique Météo Villes
L'hiver 1991-1992 fut outrageusement dominé par l'anticyclone en France avec un trio décembre-janvier-février historiquement sec. Si avril 1992 ne fut pas exceptionnellement sec en terme de pluviométrie, de nombreuses régions françaises enregistrent encore des déficits importants et les conséquences deviennent majeures.
Les précipitations excessivement discrètes de la saison hivernale font reculer le débit des cours d'eau français. Une fois le printemps 1992 arrivé, certains d'entre-eux affichent des niveaux remarquablement bas, comme la Loire dont certains tronçons sont quasiment à sec entre avril et mai 1992 ! Cette sécheresse s'atténuera lors de la saison estivale grâce à des orages fréquents.
Autres exemples depuis les années 1980
- Avril 2014 : très peu de pluie dans le nord-est de la France - les agriculteurs souffrent
- Avril 2010 : précipitations partout inférieures aux normales - déficits nets au sud-ouest
- Avril 2006 : très peu de pluie dans plusieurs régions, particulièrement l'arc méditerranéen
- Avril 2002 : mois très sec au sud (notamment PACA) - incendies touchant le Médoc
- Avril 1996 : mois sec au nord - débit de la Seine à Paris à son niveau le + faible depuis août 1976
- Avril 1984 : déficits pluviométriques importants dans de nombreuses régions
- Avril 1982 : mois très sec sur la plupart des régions (pas une goutte en Aquitaine)