Sécheresse - dépérissement massif des forêts en France
mardi 6 août 2019Des dégâts importants sur tout le territoire
Les importants épisodes de sécheresse qui s'échelonnent depuis 2015 (et surtout en 2018 et 2019) commencent à sérieusement mettre à mal des essences jusque-là épargnées comme le chêne sessile, le chêne pédonculé (régions océaniques) ou même le chêne kèrme (pourtant adapté au climat méditerranéen. Les sapins, eux, continuent de souffrir et présentent des dépérissements records notamment dans la région Grand Est.
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Sur le terrain, si les effets à long terme de la sécheresse n'étaient pas encore très visibles jusqu'à l'été dernier, tout le monde commence à remarquer le dépérissement de la végétation et surtout des arbres à grande échelle à présent, et ce dans des régions habituellement très humides et vertes!
Comme dans les Ardennes, image prise par un observateur Infoclimat qui ne peut que constater la destruction de la végétation qui l'entoure
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Mortalité d'une foret de chêne liège dans le massif des Maures début juillet 2019 - Jérémie GAILLARD (liée également à la chaleur)
Pour se rendre compte de l'importance et de l'étendue des dégâts, il est possible de consulter la lettre du DSF n°54 qui reprend un grand nombre d'images de nombreuses essences en état dé dépérissement sur tout le territoire. En voici un extrait.
Des causes météorologiques, climatiques et biologiques
Cette situation est liée à la fois au Réchauffement Climatique (qui est prévu d'apporter des étés plus secs et plus longs) et à des conditions météorologiques (≠ climat) exceptionnelles voyant la persistance de hautes pressions majoritaires été comme hiver depuis 2015 (phénomène qui s'est déjà produit par le passé, aux effets maintenant accentués par le Réchauffement Climatique)
Fin 2018, les forêts présentaient les premiers signes de dépérissement, surtout en Alsace suite à une sécheresse annuelle déjà exceptionnelle.
Indice d'humidité des sols simplifié - lettre DSF n°54.
Ces conditions de stress hydrique durables rendent les arbres sensibles à de nombreuses maladies (pullulation de cambiophages). Les sapins sont les plus durement touchés par un ravageur particulier, le Scolyte (qui présente une période de reproduction accrue sur des arbres affaiblis) qui transmet à son tour le champignon qui détruit l'arbre.
Evolution de dégâts engendrés par les Scolytes entre l'automne 2018 (gris) et le printemps 2019 (rouge). On peut constater une nette augmentation des zones concernées.
Les pins sylvestres, habituellement résistants à la sécheresse (ces arbres poussent classiquement dans le sable et les rochers en forêt de Fontainebleau, biotope qui retient peu l'eau) sont également durement touchés. Dans la moitié nord du pays, la mortalité touche jusqu'à 80% des tiges!
Une réponse rapide et à grande échelle pour sauver nos espaces forestiers
Le changement climatique ne laisse pratiquement aucune chance à nos forêts originelles de se remettre d'une situation pareille, ces évènements étant ammenés à s'amplifier encore, en augmentant en fréquence (une situation exceptionnelle à la fin du siècle dernier devient quasiment annuelle).
>Un changement des essences est envisagé avec l'implantation de végétaux naturellement résistants à la sécheresse et à la chaleur comme l'indique un rapport de l'ONF
Abies bornmuelleriana >>
"Le sapin Bornmuller... Une solution à l'étude
Pour adapter les forêts aux conditions climatiques changeantes, l'ONF dispose de moyens scientifiques. Dans le Grand Est, un groupe opérationnel piloté par l'ONF, en partenariat avec la délégation régionale du Centre nationale de la propriété forestière (CNPF) et les communes forestières, entend tester des essences distinctes de celles qui sont actuellement gérées dans les forêts de la région. Cette expérimentation vise à détecter les espèces susceptibles d'opposer une plus forte résistance et une meilleure résilience au changement climatique.
Parmi les essences susceptibles d'être testées dans ce projet : le sapin Bornmuller. Cette espèce relativement proche du sapin pectiné présente une bonne résistance à la sécheresse en se satisfaisant de 30 mm d'eau par mois en été. "Nous avons sélectionné cette essence originaire de Turquie en anticipation des températures et du niveau de pluviométrie que pourrait connaître le territoire du Grand Est à l'avenir", justifie Hubert Schmuck, l'un des deux référents techniques de cette expérimentation. Les observations s'appuieront sur un réseau d'une centaine de sites composés de deux hectares chacun, répartis sur l'ensembles du territoire. Les premiers résultats sont attendus en 2022."
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