Une vague de chaleur remarquable pour ce début de mois de septembre 2023
samedi 9 septembre 2023A peine deux semaines après une canicule historique marquée par son intensité jamais vu passée un 15-août (>>), voila que la France se retrouve de nouveau concernée par une chaleur anormale, cette fois-ci en ce début du mois de septembre. Désormais l'automne météorologique entamé (depuis le 1er septembre), le pays fait face à un blocage anticyclonique propice à de très fortes chaleurs durables et parfois jamais observées en septembre, ceci depuis la journée du 4 septembre.
Pour cet épisode, une vigilance orange canicule avait même été émise pour 14 départements (régions Centre-Val-de-Loire et Ile-de-France), une première pour un mois de septembre depuis l'instauration de la vigilance canicule en 2004.
Avec un indicateur thermique national de 25.1°C le 4 et le 9 septembre (moyenne des températures minimales et maximales sur 30 stations), il s'agit tout simplement des deux journées les plus chaudes observées en France depuis l'après-guerre (début de la série de données pour cet indicateur). En effet, jamais l'indicateur n'avait dépassé les 25°C en septembre.
Surtout, l'indicateur pour la première décade de septembre a atteint 23.98°C, soit la décade de septembre la plus chaude jamais relevée en France. Avec une anomalie incroyable de +5.1°C par rapport à la moyenne de la période 1991-2020, nous nous situons même plus de 2°C au delà du précédent record d'une première décade, remontant à 1949 et 2016 (environ 21.9°C soit +3.0°C d'anomalie).
Indicateur thermique national pour une première décade de septembre depuis 1930 - Infoclimat
Les tous derniers jours d'août avaient été sous l'influence d'un temps bien plus maussade, puisqu'aucune station n'avait atteint les 30°C en France les 28, 29 et 30 août. Désormais, ce seuil de forte chaleur (30°C) a été franchi sur plus de 60% des stations du territoire de manière continu entre lundi 4 et dimanche 10 septembre, avec un pic à 77% ce samedi. Ce sont même 18% des stations (près de 1/5 du pays) qui ont atteint la barre les 35°C ce jour-là, une situation remarquable passé le cœur de l'été.
Part du territoire Français concernée par les fortes et très fortes chaleurs sur plus de 1700 stations Météo-France - du 1er au 10 septembre 2023
Outre le caractère tardif de cette séquence chaude, le côté exceptionnel se démarque par les régions qui sont touchées. Il ne s'agit pas des secteurs Méditerranéens voire du Sud de l'Aquitaine, mais avant tout des régions Centrales où les 35 à 38°C ont été dépassés, soit le plus souvent les températures les plus élevées observées au cours de cette année 2023. C'est également le cas du côté de Paris, avec les 35°C dépassés pour la première fois en 2023 les 8 et 9 septembre !
Parmi les stations principales, du 4 au 10 septembre, les 35°C sont dépassés jusqu'en Bretagne, Val-de-Loire, région Parisienne et même localement en Normandie. Le 4 septembre, le thermomètre s'affole avec jusqu'à 36.3°C à Bourges, 37.0°C à Poitiers ou encore 37.3°C à Angoulême. Sur le réseau secondaire, les valeurs sont encore plus exceptionnelles durant ce même après-midi du lundi 4 septembre, dépassant les 38 à 39°C sur le Poitou et l'Indre : jusqu'à 39.0°C au Blanc (Indre) et 39.3°C à La Trimouille (Vienne).
Classement des températures maximales observées du 4 au 10 septembre sur le réseau principal de Météo-France
De telles valeurs sont des niveaux jamais vu auparavant pour un mois de septembre. Ce sont dès lors des centaines de records mensuels de chaleur qui sont battus, parfois plusieurs jours consécutifs, et ceci sur des stations avec des séries de données de plusieurs décennies... voire centennales comme pour Poitiers (1921) ou encore au Bourget (1920). Un bon nombre de régions sont concernées, notamment sur les parties Ouest et Nord de la France.
Le gap entre l'ancien et le nouveau record monte parfois au delà de +1.5 à +2°C, témoin de l'intensité historique de cette vague de chaleur. Un gain qui atteint +1.6°C à Poitiers (passant de 35.4°C à 37.0°C), ou même +3.2°C à Saint-Brieuc (passant de 28.3°C à 31.5°C).
Records mensuels de chaleur battus du 4 au 10 septembre sur les stations principales de Météo-France
Températures maximales observées du 4 au 10 septembre 2023 - Météo-Villes
Et comme au cours de la canicule du mois dernier, cette chaleur est également nocturne. Des nuits tropicales (>20°C) notamment au cœur des villes durant plusieurs jours, et des records à la pelle battus pour un mois de septembre sur de nombreuses régions, comme en Occitanie (Toulouse, Agen, Rodez), Bretagne (Quimper, Ploumanac'h), Auvergne-Rhône-Alpes (Lyon, Puy-en-Velay, Aurillac), Pays-de-la-Loire (Nantes, Angers), Normandie (Rouen, Evreux, Dieppe), Hauts-de-France (Saint-Quentin, Cambrai, Valenciennes) ou encore en Ile-de-France (Trappes, Villacoublay).
Au cœur de la capitale, le thermomètre n'a pas chuté sous les 25.5°C à la station de Paris-Lariboisière (10e arrondissement) durant la nuit du 8 au 9 septembre, marqueur d'un très important ilot de chaleur urbain (chaleur de la journée accumulée sur les bâtiments, puis relâchée durant la nuit, limitant la baisse des températures).
Records mensuels de haute température nocturne battus du 4 au 10 septembre sur les stations du réseau principal de Météo-France
Mais le fait le plus notable demeure pour la station de Montauban. Ouverte lors du 19e siècle, celle-ci a observé la nuit la plus douce jamais observée tous mois confondus avec 24.4°C au moins chaud de la nuit du 3 au 4 septembre ! Un évènement incroyable en septembre, où les nuits sont nettement plus longues qu'au début de l'été (durée de la nuit de 11h début septembre contre 8h30 fin juin) !
Record absolu de température minimale haute à Montauban - nuit du 3 au 4 septembre 2023
Températures minimales observées du 4 au 10 septembre 2023 - Météo-Villes
Cette épisode de fortes chaleurs arrive progressivement à son terme, avec le début d'une intrusion d'un air plus océanique par l'Ouest à partir du lundi 11, accompagnée d'orages. Dès mardi 12, les orages gagneront du terrain plus à l'Est (parfois forts), mettant officiellement un terme à cette séquence très chaude.