Va-t-on vers un été moins chaud que les précédents ?
vendredi 1 mai 2020
Nous entrons aujourd’hui dans le dernier mois du Printemps météorologique après une fin du mois d’Avril très contrasté. La douceur fut de mise, voire parfois la chaleur et les précipitations ont remplacé la sécheresse sur de nombreuses régions depuis quelques jours, tout comme la relative fraîcheur.
Néanmoins le mois d’Avril se présente comme le 11ème mois consécutif plus chaud que la normale, un record ! Mais cette tendance plus chaude que la normale va-t-elle persister cet été ? Les précipitations seront-elles plus fréquentes que durant ce printemps ?
La prévision est rendue difficile par la crise sanitaire que nous connaissons avec des modélisations évoluant beaucoup à chaque réactualisation. La preuve en est pour la semaine prochaine avec un coup de chaud parfois marqué évoqué hier, Jeudi 30 Avril, sur tout le pays. Ce matin, celui-ci a été remplacé par un temps bien plus frais pour les régions du Nord alors que la chaleur serait repoussée plus au Sud.
Températures prévues pour Lundi 4 et Mardi 5 Mai le Jeudi 30 Avril, puis le Vendredi 1er Mai - Météo-Villes
Néanmoins, si les prévisions à court et moyen-terme ont perdu en fiabilité récemment, les prévisions saisonnières ne sont pas ou très peu influencées par la crise que nous connaissons, de par l’utilisation de plusieurs autres paramètres comme les circulations océaniques par exemple.
>> La fiabilité des prévisions saisonnières reste variable suivant les années mais nous pouvons tout de même y accorder du crédit, car celles émises pour les derniers mois ce sont toutes ou presque vérifiées.
Il est cependant important de garder à l’esprit que celles-ci dégagent une moyenne sur un mois, le temps peut donc varier grandement en plusieurs semaines. Par exemple, un mois prévu plus doux que la normale pourra quand même connaître des périodes fraîches, mais les périodes chaudes les entrecoupant feront que la température moyenne sur le mois sera plus élevée que la normale. C’est le même principe au niveau des précipitations.
Juin : Chaud ?
Carte des anomalies de températures pour le mois de Juin 2020 - Modèle américain CFS
Carte des anomalies de températures pour le mois de Juin 2020 - Modèle européen CEP
Les dernières modélisations envisagent un mois de Juin possiblement bien plus chaud que la normale. Les modèles américains et européens s'accordent en effet à modéliser des anomalies comprises entre +0.5 et +1°C sur le pays et notamment au Nord.
>> Nous retrouverions donc un temps plus chaud que la normale sur le pays. Des chaleurs qui se montreraient parfois fortes avec possiblement les premiers épisodes caniculaires de la saison.
Carte des anomalies de précipitations pour le mois de Juin 2020 - Modèle américain CFS
Le modèle américain envisage un un excédent pluviométrique bien présent sur le Sud de la France et notamment près des reliefs. Au Nord le temps se montrerait cependant bien plus sec avec un déficit parfois marqué.
L'Européen est également sec avec des déficits pluviométriques parfois importants sur le pays notamment dans le Sud-Ouest et le Nord, plutôt proches de la normale voire légèrement excédentaires près de la Méditerranée.
Carte des anomalies de précipitations pour le mois de Juin 2020 - Modèle eurpéen CEP
>> D'après ces deux scénarios nous pourrions retrouver une France contrastée avec un temps sec au Nord mais possiblement plus humide sur le Sud, notamment près des reliefs et de la Méditerranée avec des épisodes pluvio-orageux plus fréquents que la normale dans ces zones.
Juillet : De saison?
Carte des anomalies de températures pour le mois de Juillet 2020 - Modèle américain CFS
La tendance sensiblement chaude semble mise à mal en Juillet d'après le modèle Américain avec des anomalies de températures sensiblement négatives sur le Sud-Ouest pays (chose devenant rare depuis plusieurs mois) mais encore positives dans le Nord-Est.
Carte des anomalies de températures pour le mois de Juillet 2020 - Modèle européen CEP
A nouveau l'Européen est plus nuancé avec une tendance plus chaude se dégageant et des anomalies comprises entr e+0.25 et +0.5°C sur le pays. Néanmoins nous pouvons remarquer une similitude au niveau de la péninsule Ibérique entre les deux modèles, où les températures se montreraient sensiblement de saison, voire inférieures près du portugal.
>> La tendance serait donc vraisemblablement proche des normales de saison, voire sensiblement plus chaude, notamment dans l'Est du pays, l'Ouest pourrait se retrouver plus influencé par des masse d'air océanique via ces anomalies plus froides circulant sur l'extrème Ouest de l'Europe.
Une anomalie négative de température induit un temps plus perturbé que la normale, donc des précipitations plus fréquentes. C’est l’option retenue par le modèle américain avec des précipitations plus fréquentes que la moyenne concernant une grande partie Ouest de l'Europe avec une anomalie positive du Sud-Ouest au Centre-Est du pays.
Carte des anomalies de précipitations pour le mois de Juillet 2020 - Modèle américain CFS
Le modèle Européen se rapproche des normales avec même une tendance plus sèche que la normale du Sud-Ouest au Centre et au Nord du pays. Il s'écarte donc à nouveau du scénario de l'Américain avec un mois bien plus sec sur ces zones. Les précipitations plus fréquentes que la normale seraient repoussées à l'Europe-Centrale.
Carte des anomalies de précipitations pour le mois de Juillet 2020 - Modèle européen CEP
>> La divergence des deux scnérios pose des difficultés dans la prévision. Si le temps se montrerait bien plus instable que la normale pour le modèle Américain, il serait plus sec pour l'européen. Un scénario médian pourrait donc à nouveau se dessiner avec des précipitations proches des normales, à savoir des épisodes pluvio-orageux (notamment sur le Sud et l'Ouest du pays) entrecoupés de périodes plus sèches
Aout : Chaud. Mais humide ou plus sec ?
Cartes des anomalies de températures pour le mois d'Août 2020 - Modèle américain CFS
Comme on peut le voir sur cette carte, les températures ne présenteraient pas d’anomalies notables sur le mois d’Août pour le modèle américain (excepté un déficit dans le Sud-Ouest du pays). Soit un temps de saison avec une chaleur présente, des journées d’été "classiques" avec de fortes chaleurs par moment mais sans excès durable.
Carte des anomalies de températures pour le mois d'Août 2020 - Modèle européen CEP
Encore une fois le modèle européen est plus chaud que son compère avec des anomalies comprises entre +0.5 et +1°C sur la majorité du pays, parfois plus dans le Sud. Ce scénario laisserait craindre des périodes de très fortes chaleurs sur le pays, notamment dans le Sud comme souvent durant cette période de l'année.
>> D'après ces deux scénarios, une tendance plus chaude que la normale semble finalement se dégager sur le mois d'Août, car si le modèle américain est proche des normales, l'européen est bien supérieur à celles-ci, difficile donc d'imaginer un mois d'Août plus frais que la normale d'après ces modélisations.
Cartes des anomalies de précipitations pour le mois d'Août 2020 - Modèle américain CFS
Sur ce modèle, la France serait à nouveau contrastée avec des précipitations bien plus fréquentes au Sud et proches des normales au Nord. Ceci équivaudrait à des épisodes orageux fréquents du Sud-Ouest au Centre-Est du pays, en passant par la Méditerranée et un temps plus sec, proche des normales dans le Nord.
Carte des anomalies de précipitations pour le mois d'Août 2020 - Modèle européen CEP
Les scénarios divergent entre l'américain et l'européen au niveau des précipitations comme depuis le début de l'été avec un temps définitivement plus sec sur le modèle Européen, bien plus humide sur l'américain, notamment au Sud.
>> Au niveau des précipitations, nous pourrions donc opter vers un scénario médian à nouveau, à savoir un temps de saison avec quelques épisodes pluvio-orageux (possiblement plus fréquents au Sud) suivis de périodes plus sèches (possiblement plus durables au Nord).
Le premier été dans les normes depuis des années ?
>> Un été qui se montrerait donc plus chaud que la normale à nouveau, dans la continuité des étés précédents. Cependant, d'après la moyenne des deux modèles évoqués plus haut, les anomalies ne s'annoncent pas excessivement élevées.
Le dernier trimestre estival ayant présenté une température moyenne sous les normales 1981-2010 fut l'été 2014. Depuis tous les étés ont présenté des températures moyennes supérieures aux normales, dont les 3 dernières années avec des anomalies supérieures à 1°C. 2018 et 2019 furent d'ailleurs dans le top 3 des étés les plus chauds depuis 1900.
Cet été, même s'il s'annonce assez chaud d'après les dernières prévisions, pourrait donc mettre un terme à la série des trois derniers étés excessivements chauds et se rapprocher sensiblement des normales.
>> Un été qui pourrait néanmoins continuer la série de mois présentant un excédent de températures moyennes nationales (Avril en fut le 11ème mois consécutif avec un excédent de +3°C), un record qui continuerait donc d'être pulvérisé..
Pour suivre l'évolution de ces prévisions, vous pouvez consulter nos tendances saisonnières réactualisées deux fois par mois >>.