Violents incendies en Californie - quelles conséquences pour le climat?
dimanche 13 septembre 2020Des feux d'une ampleur exceptionnelle
A l'heure actuelle, et depuis plusieurs semaines, des feux d'une ampleur exceptionnelle touchent la Californie. Comme d'autres épisodes de "méga feux", ceux-ci ont une répercussion mondiale.
Panache de fumée issu des feux sur toute la côte Ouest des Etats-Unis. La densité des nuages y est remarquable - NOAA
Pris dans la circulation atmosphérique, ces feux ont des conséquences sur l'ensemble de l'hémisphère. La première est une diminution du rayonnement solaire, principalement au niveau des latitudes tempérées.
Modélisation de la répartition des fumées au 9 septembre. Dès cette date, elles atteignaient clairement l'Europe - NOAA
Actuellement, l'Europe continue d'être touchée par ces fumées, le phénomène est visible en journée sous forme d'un voile blanchâtre, le soir elles se révèlent plus franchement avec l'apparition de stries noires dans le ciel, accompagnées d'un soleil rouge (filtré par les particules).
Coucher de soleil derrière les fumées d'incendies californiens vu d'Allemagne - Heiko Ulbricht
Cette baisse du rayonnement solaire bloque aussi les infrarouges en provenance du sol comme le font les cirrus issus de traînées de condensation ce qui a pour effet de "tasser" la variation journalière des températures, les nuits sont moins froides qu'elles ne le devraient, mais les journées sont également un peu moins chaudes. En revanche, le CO2 libéré massivement tend à augmenter sa concentration finale dans l'atmosphère ce qui participe directement au réchauffement climatique.
En revanche, l'albédo très bas des fumées conduit probablement à un stockage de chaleur en altitude, en opposition avec la blancheur des nuages qui tend renvoyer une partie du rayonnement solaire vers l'espace. Ce mécanisme n'est pas encore bien étudié et nous ne pouvons pas nous permettre d'émettre un avis fiable sur la question à l'heure actuelle.
Augmentation de la température et incendies
Cette augmentation du CO2 atmosphérique produit une boucle dite de rétroaction positive. L'augmentation des températures rend les forêts plus sensibles aux départs de feu par assèchement de l'air et de la végétation. Des incendies brûlant des dizaines de milliers d'hectares de forêt se déclenchent dans des zones isolées et difficiles d'accès rendant toute tentative de contrôle inefficace. Tout le carbone contenu dans cette végétation est largué dans l'atmosphère, ce qui entraîne un réchauffement au carbone non anthropique mais corrélé à la courbe du CO2 atmosphérique totale.
Référence >>
Evolution du risque d'incendie par rapport à une augmentation de température donnée - les derniers scénarios annoncent jusqu'à +8°C d'ici la fin du siècle
Les incendies de grande ampleur deviennent-ils plus préquents?
Si les incendies ont toujours existé, leur nombre tend à augmenter. L'augmentation la plus spectaculaire est celle des incendies de grande envergure (méga-feux), qui trouvent à présent des conditions idéales pour exister: une végétation tempérée soumise à la sécheresse par l'expansion des tropiques, et de fortes chaleurs. En Californie par exemple, le risque lié à l'exposition aux fumées (directement imputable aux feux de grande taille) augmentera considérablement durant les prochaines décennies.
A l'heure actuelle, 3 méga-feux ont déjà été observés en 2020, alors que ce phénomène était encore exceptionnel au début du siècle.
Janvier 2020, les incendies ont battu tous les records de taille et de durée en Australie.
En juillet, ce fut au tour de la Russie de battre ses propres records dans la forêt boréale de Sibérie
A présent, c'est au tour des Etats-Unis d'entrer dans cette danse des records de surfaces brûlées.