La douceur de cet hiver 2013 / 2014 va-t-elle durer ?
mercredi 12 février 2014
Quelques questions / réponses sur cet hiver 2013 / 2014.
L'hiver 2013 / 2014 restera-t-il dans les mémoires comme un hiver sans neige ?
Oui et non. Tout dépend de ce que l'on entend par le mot "hiver". S'il s'agit du sens météorologique, à savoir du 1er décembre 2013 au 28 février 2014, la réponse sera sans doute positive. En effet, depuis début décembre, la neige n'a fait que quelques apparitions très ponctuelles à basse altitude. En outre, les modélisations à moyen terme ne calculent aucune situation durablement neigeuse en plaine d'ici la fin du mois.
Par contre, en considérant l'ensemble de la saison froide, d'octobre à mai, rappelons que la seconde quinzaine de novembre avait été marquée par des chutes de neige remarquables en Rhône-Alpes (photos ci-dessous) avec 40 / 50 cm sur l'agglomération de St Etienne et les "terres froides" en Isère. La neige était également tombée, dans une moindre mesure, sur le Nord-Est et le Centre-Est, entre Normandie, Picardie et Nord-Pas-de-Calais et même sur les bords de la Méditerranée. En outre, on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve au cours des semaines à venir.
Des vagues de froid seraient donc encore possibles dans les semaines à venir ?
Là encore, tout est question de vocabulaire. Une vague de froid au sens de celle que nous avons connu par exemple du 1er au 13 février 2012 n'est plus possible, pour 2 raisons. D'une part, en seconde quinzaine de février et surtout en mars et en avril, le soleil devient trop doux et les nuits insuffisamment longues pour véritablement entretenir des froids intenses dans la durée. D'autre part, une vague de froid sur la France ne s'improvise pas. Elle se crée forcément à partir de réserves accumulées sur l'Europe du Nord ou l'Europe Continentale. Or, actuellement, ces réserves n'existent pas.
L'automne et le mois de décembre ont été anormalement doux sur l'Europe de l'Est et en Scandinavie. Un épisode nettement plus froid a certes suivi lors des 2 dernières décades de janvier, mais ce dernier a été balayé début février, la Suède, la Norvège et la Finlande renouant notamment avec une douceur surprenante.
Dans l'histoire, une seule véritable vague de froid s'est produite au mois de mars en France, celle du 4 au 8 mars 1971 (chronique) mais cette dernière faisait justement suite à un hiver rigoureux où les réserves de froid et de neige étaient hautement constituées sur le continent.
En revanche, sans parler de vagues de froid, des dégradations froides et neigeuses restent possibles au cours des semaines à venir. Ces dernières peuvent, notamment, se manifester lorsque des gouttes froides se détachent de la circulation polaire et s'isolent sur la France, créant alors une anomalie localisée, généralement brève (quelques jours tout au plus) mais pouvant être rigoureuse, ceci indépendant des réserves d'air froid disponibles. Les chroniques climatologiques nous rappellent que des épisodes majeurs peuvent encore se produire en mars et en avril. Il suffit pour cela de se rappeler celui du 11 au 15 mars 2013 des Côtes d'Armor à la Normandie et de l'Ile-de-France au Nord-Pas-de-Calais : 10 à 20 cm en général, 20 à 40 cm en Basse-Normandie, un fort vent de Nord-Est favorisant des congères de 1 à 2 m et, au final, la première vigilance rouge "neige" de l'histoire (chronique).
Cet hiver 2013 / 2014 est-il exceptionnel du point de vue des températures ?
Janvier a été exceptionnel, le plus doux depuis le début du XXème siècle à égalité avec 1936 et 1988. Décembre avait d'ores et déjà été plus doux que la normale de +0,7°C malgré une première quinzaine assez froide du fait des inversions sous stratus. Février ayant débuté dans la douceur et les prévisions à moyen terme ne détectant aucune baisse durable et significative du thermomètre d'ici la fin du mois, le trimestre décembre-janvier-février sera sans doute remarquable, voire exceptionnel.
Cette douceur remarquable est-elle le fait du réchauffement climatique ?
Non, il s'agit de la résultante d'une anomalie de la circulation atmosphérique comme il s'en est déjà produit à des époques très reculées. Le réchauffement climatique ne se mesure que sur des échelles de temps nettement plus longues. Un hiver doux sur un continent n'est pas l'expression du réchauffement climatique, mais la répétition d'hivers plus doux que la normale sur une longue période, par exemple sur 30 ans, l'est.
Va-t-on "payer" la douceur de cet hiver avec un printemps voire un été "pourri" ?
Cette croyance populaire n'est pas fondée. Les grandes anomalies à l'échelle d'une saison ne sont pas forcément suivies des anomalies inverses. Pour l'instant, la prévision saisonnière sur le trimestre février - mars - avril privilégie le maintien d'un temps plus doux que la normale.
Quel crédit accorder à ces prévisions saisonnières alors qu'on nous avait annoncé un été pourri et un hiver glacial ?
La météo est devenue lucrative et concurrentielle ces dernières années. Divers groupes privés se livrent concurrence et n'hésitent pas à faire du sensationnalisme pour attirer les foules sur leurs sites internet, leurs kiosques téléphoniques surtaxés, leurs radios ou leurs télévisions. Il suffit de suivre ces prévisions saisonnières quelques mois pour distinguer et privilégier les références sérieuses.